ISSN 2271-1813

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Épître à Horace, 1772 (tome 74B, 2006, p. 249-297)

 

Liste des additions et corrections

 

Épître à Horace

Œuvres complètes de Voltaire, Oxford, Voltaire Foundation, t. 74B, 2006, p. 249-297

 

Fiche établie par Andrew Brown et André Magnan [AM]

Version 1, 17 novembre 2006; version 2, harmonisation de la présentation des fiches, 3 mars 2010

 

De ce texte vedette dans le corpus des œuvres complètes, l’éditeur (Nicholas Cronk) n’exploite pas plusieurs manuscrits (dont un corrigé par Voltaire), ignore l’existence de la première édition du poème et néglige plusieurs sources essentielles. Son édition est à refaire.

1. Texte

Le texte de base des OC est fourni par un tirage à part des Lois de Minos de 1773. Cette édition aurait été publiée sous l’égide de Voltaire et son choix comme texte de base est défendable. La transcription en est fidèle.

2. Manuscrits

L’éditeur donne une liste de six manuscrits du poème, dont un (MS4) serait de la main du secrétaire de Voltaire, Jean-Louis Wagnière. De ce manuscrit et de deux autres (MS5, MS6) il n’y a aucune trace par la suite et ils ne figurent pas dans l’apparat critique. Le manuscrit de Wagnière comporte cependant des vers inédits, des corrections de Voltaire et pas moins de huit vers de sa main.

L’éditeur ne cite pas et n’exploite pas une copie incomplète du poème qui se trouve dans un recueil à la Bibliothèque nationale de France (N.a.fr. 2778, f. 109-110 et 180-181) utilisé par plusieurs collaborateurs des OC. Cette copie comporte sept variantes inconnues à l’éditeur. [AM]

Un des «manuscrits» (MS2) est en fait une édition imprimée datant de 1863, basée selon son auteur (un compilateur obscur de l’époque) sur un manuscrit qui aurait été alors en sa possession. Il est possible que ce manuscrit ait en effet existé, mais c’est loin d’être prouvé. Pour des raisons qu’il est oiseux de présenter ici, rien ne permet, dans la déontologie de l’édition critique, de classifier un imprimé avec les manuscrits.

3. Éditions

La première édition du poème est inconnue à l’éditeur, malgré le fait que son existence est signalée dans les notes de la lettre de Voltaire à Frédéric Samuel Osterwald du 25 novembre 1772 (D18045). Elle a paru dans le Nouveau journal helvétique d’octobre 1772 sur la base d’une copie fournie par Durey de Morsan, secrétaire et familier de Voltaire à cette date. Elle renferme de nombreuses variantes, dont une forme différente d’un des vers les plus célèbres de toute l’œuvre de Voltaire : «J’ai fait un peu de bien; c’est mon meilleur ouvrage», forme dont il n’y a aucune trace dans les OC. Cette première édition est indispensable à la compréhension de l’évolution du texte.

L’édition que l’éditeur qualifie par méprise de première (et qui fournit son texte de base) est décrite de façon trop sommaire («Epître à Horace. n.p. 1772. 8º. 12 p.») pour être identifiable par un lecteur qui n’a pas accès à l’exemplaire cité. En outre, elle ne porte pas la date de 1772 que l’éditeur lui attribue, elle est sans date. Par contre, l’exemplaire de l’Institut et musée Voltaire (exemplaire inconnu à l’éditeur) porte une annotation manuscrite de la main d’un membre de la famille Tronchin indiquant sa date de parution, le 4 janvier 1773.

L’éditeur donne une liste de quatorze éditions du poème, jusqu’à l’édition de Kehl (1784) inclusivement. À part la première édition du poème, il en omet au moins quatre autres. Une des éditions omises fut publiée à Lausanne par François Grasset, le frère du principal imprimeur de Voltaire à cette époque, Gabriel Grasset. Elle fut faite avec la collaboration de Voltaire et comporte au moins une variante unique pour le poème, variante inconnue à l’éditeur.

Dans l’édition de 1863 mentionnée ci-dessus (MS2), étaient présentés en parallèle deux textes du poème, la version classique à gauche et le texte du «manuscrit» à droite, «de manière à ce que toutes les fois qu’il se trouve une variante, le lecteur puisse y porter les yeux sur-le-champ et sans être obligé à aucune recherche». Cette comparaison était facilitée par l’emploi de caractères italiques pour signaler les différences, mais cela n’a pas empêché l’éditeur des OC de ne pas remarquer, et de ne pas signaler, plusieurs des variantes de 1863, celles des vers 6, 23, 24, 38, 79, 116...

L’éditeur de 1863 indique que son «manuscrit» en accompagnait un autre, le manuscrit des mémoires de Longchamp. Ce dernier document pourrait bien être un des manuscrits de Longchamp qui se trouvent actuellement à la Bibliothèque nationale de France. Le manuscrit de l’Épître à Horace l’accompagne-t-il toujours? L’éditeur ne semble pas avoir poursuivi cette piste.

Un exemplaire d’une des éditions répertoriées par l’éditeur se trouve dans la bibliothèque de Voltaire à Saint-Pétersbourg et porte, selon le catalogue de la bibliothèque publié en 1961, des corrections manuscrites. L’éditeur semble ignorer l’existence de cet exemplaire et par conséquent les corrections manuscrites qu’elle renfermerait ne figurent pas dans son édition. Également inexploités par l’éditeur, parmi les riches ressources de la bibliothèque de Voltaire, sont les exemplaires corrigés de volumes d’éditions des œuvres de Voltaire contenant l’Epître à Horace.

7. Propositions

Prendre en considération un manuscrit de travail portant des interventions autographes de Voltaire et deux copies du poème.

Indiquer l’existence de plusieurs autres sources manuscrites et imprimées comportant des variantes inédites.

Restituer la première édition du poème et les variantes qu’elle comporte.

 

© 2006-2010 Andrew Brown, André Magnan et le Centre international d’étude du XVIIIe siècle