ISSN 2271-1813

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À madame la marquise Du Chastelet, «Ô vous, l'appui, le charme, et l'honneur de ma vie...» (t. 20A, 2003, p. 566-568)

 

Liste des additions et corrections

 

À madame la marquise Du Chastelet

Œuvres complètes de Voltaire, Oxford, Voltaire Foundation, t. 20A, 2003, p. 566-568

 

Fiche établie par André Magnan

Version 1, 9 février 2010

 

1. Texte

Ces vers étant restés inédits jusqu’à l’édition OC, il est particulièrement regrettable que la première impression en soit incomplète et fautive. «Portions of the manuscript are struck out and illegible», indique l’éditeur (p. 567). Ce n’est pas le cas. Le document de base, unique attestation du texte à ce jour, est en parfait état de conservation (BnF, NAF 24342, f. 46-47, un double feuillet de quatre pages). Faut-il attribuer ces aléas de déchiffrement à quelque accident matériel de reproduction?

La mention d’envoi est: «À Mazeik [et non Moyland] le 11 septembre».

Les quatre vers laissés incomplets se lisent comme suit dans le manuscrit:

3  Vous élevez aux Cieux sur l’aile du génie,
4  Et rompez de vos mains les chaînes de l’erreur[.]
7  Je pars, et je vais voir un Roi qui vous ressemble[,]
12  M’entraîne en vil esclave au char des vanités[.]

Cinq autres vers sont à corriger:

11  Loin de ton lit de fleurs, une ardeur inquiète
21  Mon roi[,] je l’avoûrai, philosophe et sensible,
26  Mais enfin, quoi qu’il fasse, il n’a que vos vertus.
28  Il n’a par-dessus vous que le trône de plus.
29  Ce trône est peu de chose, à nos yeux, aux siens même[,]

4. Introduction

Le document doit enfin être requalifié.

Il ne s’agit pas d’un «manuscrit secondaire» d’origine inconnue, dont le texte serait plus ou moins incertain ou douteux, mais d’une copie directe de la meilleure provenance: la suscription d’envoi dont l’éditeur a fait un titre est de la main même de Voltaire, les vers de celle d’un copiste non identifié mais déjà repéré, qui se trouvait en 1740 au service de Voltaire et/ou de Mme Du Châtelet.

Il faut observer que l’envoi autographe est une marque d’adresse, disposée sur trois lignes: «a madame / madame la Marquise du Chastelet / a mazeik le 11 septembre». Ce trait signale le double statut du texte. C’est pour nous un poème; mais ce fut à l’origine une lettre: un hommage rassurant de parfaite dilection sur la route de Moyland, un engagement renouvelé de résister aux vœux rivaux du roi de Prusse et de revenir au plus tôt vers «l’amitié», ses «voluptés», son «lit de fleurs»... D’une lettre-poème de caractère au fond privé, on s’explique ce long oubli de trois siècles: nul autre qu’Émilie sans doute n’en aura eu connaissance, aucun de leurs familiers n’en a jamais parlé, et Voltaire s’abstint toujours d’en recueillir le texte dans ses œuvres.

6. Remarques

Les traces matérielles de classement et d’expertise que porte le manuscrit peuvent-elles un jour aider à en retracer l’histoire, par rapprochement ou recoupement? Les trois lignes autographes ont été soulignées; une accolade les réunit à gauche, devant laquelle on lit dans la marge: «3) 1579 / von Voltaire / diese 3 lignes». Tout en haut de ce premier recto, au centre, une petite croix a été tracée – le tout au crayon.

 

© 2010 André Magnan et le Centre international d’étude du XVIIIe siècle