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[I] À S.A.S. Mgr le duc d'Orléans, régent. Épithalame de Daphnis et de Chloé par M. le duc de Brancas; [II] Réponse de monseigneur le duc d'Orléans à M. le duc de Brancas (t. 1B, p. 448-451)   Liste des additions et corrections
[I] À S.A.S. Mgr le duc d’Orléans, régent. Épithalame de Daphnis et de Chloé par M. le duc de Brancas; [II] Réponse de monseigneur le duc d’Orléans à M. le duc de Brancas Œuvres complètes de Voltaire, Oxford, Voltaire Foundation, t. 1B, 2002, p. 448-451
Fiche établie par André Magnan Version 1, 2 mars 2010
1. Texte Le texte pris pour base est celui des Pièces inédites de 1820, p. 43-47, seule source connue à ce jour pour les deux poèmes. La transcription fournie est imparfaite: le titre de [I] a été altéré (il est rétabli ci-dessus); le point final manque au v. 11 de [I]; un mot est omis au v. 21 de [II]: « votre ami Broglio », etc. Les deux épîtres ont été réunies sous un titre fabriqué pour la circonstance: Échange entre le duc d’Orléans et le duc de Brancas. Ce titre moderne est inutile et sans autorité; il est tout aussi discutable sur le plan de l’expression. Il a été repris en titre courant p. 449 et 451, mais ne figure pas dans la table, p. 248. Il faut surtout regretter que l’éditeur n’ait pas fait mention des pointillés qui encadrent l’épître [II] dans l’imprimé, deux lignes au début, deux à la fin: c’est, comme on sait, une marque usuelle de lacune ou de censure; à défaut d’être reconduit, ce dispositif devait être relevé, comme appelant d’éventuels compléments de texte. On constate que l’édition Moland était plus exacte matériellement (t. 32, p. 386-388). Elle avait conservé l’attestation liminaire du recueil de 1820 (p. 43, n. 1): «Une note dans le manuscrit nous apprend que M. de Voltaire a fait ces vers, et que le duc d’Orléans y répondit par le même interprète» – double indice d’un manuscrit perdu, mais reconnu de bonne source («le manuscrit») et de l’attribution qu’il portait des épîtres à Voltaire à titre d’«interprète». Moland avait d’autre part gardé fidèlement une ligne de pointillés en tête du texte [II]. 2. Manuscrits À l’apparat critique, on ajoutera une copie de la seconde épître, qui se trouve être de la main de Decroix (1746-1826), l’un des collaborateurs de l’édition de Kehl (N.a.fr. 2778, f. 214). Ce manuscrit complète le texte connu en y apportant onze vers inédits, cinq au début, six à la fin, qui rempliront donc les lacunes marquées par les pointillés de 1820. Le début du poème se lit comme une adresse librement sodomiste (f. 214r): Salut à l’aimable Branquette, La fin explique pourquoi le destinataire absent ne courra aucun péril à retrouver «le chevalier de Grancé»: En femme il n’est point déguisé Sous ce dernier vers le manuscrit présente une accolade de fin de copie (f. 214v). Le document ne porte ni indication de provenance, ni date d’exécution. Des lettres de Decroix attestent qu’il connut personnellement Jean Corneille Jacobsen, l’éditeur des Pièces inédites de 1820, lequel proposait aux lecteurs curieux ou suspicieux de vérifier chez lui l’authenticité des pièces en sa possession; mais Decroix avait par ailleurs été en rapport avec Thieriot, de qui Jacobsen tenait indirectement les manuscrits qu’il publia. La copie ne présente que deux variantes quant à la partie déjà connue du poème. Le vers 6 du texte de 1820: <De tant de rares qualités;> y est omis, erreur probablement accidentelle : la grammaire et la versification se soutiennent sans ces mots; au vers 23 du texte complété, la leçon du manuscrit: «Ne craignez point le Macao» semble préférable à celle de l’imprimé: «de Macao». 4. Introduction La révélation complète de l’épître [II], éclairant en retour l’épître [I], permettra sans doute de préciser et d’affiner une genèse dont l’introduction posait ainsi les termes: «Voltaire, à cette occasion, semble bien introduit dans l’entourage du Régent, puisqu’il est l’auteur de ces deux pièces.» C’était peu dire. Pour l’intelligence des apprentissages de l’écrivain, l’exercice paraît d’une complexité exemplaire et le moment essentiel, plus qu’on ne l’avait présumé. On cernera mieux sa position à partir de ces vers inédits et proprement inouïs qui en soulignent l’épure. Brancas est «Branquette» dans un espace de discours et de liens où «l’auteur» n’est pas, n’est plus, ne peut plus être qui il est; il est l’ethos, l’être d’emprunt qui l’a fait «interprète» du maître, de ses volontés et de leur jeu, donc par délégation un «poète» forcément libéré de ce pouvoir qui le traverse: le transfert d’autorité le transforme, mais le forme aussi dans l’épreuve d’une autre maîtrise qu’il lui faut prouver, celle des voix et des figures, des moyens et des risques de l’écriture. La Muse suppléant le Prince, les vers «dictés» font «un Orphée» – ce que le cas Brancas, poète soufflé et persiflé, illustre a contrario. La datation reçue n’est pas satisfaisante. Il faut placer ces textes en [septembre-octobre 1718]. La date de 1721, reprise de la source imprimée, est fondée sur des analogies apparentes entre la situation d’adresse et d’envoi et une anecdote des Mémoires de Saint-Simon. Mais elle est contredite par deux repères d’histoire de la Régence inscrits dans l’épître [I]: «quatre mois» ont passé depuis des mesures qui tendaient à «l’abondance» (v. 3-5) ; et «le gouvernement / Vient de prendre un nouveau système» (v. 22-23). La suggestion d’abondance est exclue en 1721, date d’effondrement du Système de Law. Il est fait ici référence à l’édit de finances du 30 mai 1718 et à l’arrêt du 24 septembre 1718 supprimant la Polysynodie, à «quatre mois» d’intervalle en effet. Ce déplacement de date fait apparaître une cohérence remarquable entre la fonction de plume qui est à l’origine des deux épîtres et l’étrange formule, restée sans commentaire, qui signe la fameuse lettre au Régent dans laquelle Arouet se fit naître Voltaire, en novembre 1718 selon la tradition: «Votre très humble et très pauvre secrétaire des niaiseries, Voltaire» (D70). 6. Remarques Dans une annexe sur les «Roués» du Régent, l’édition de 1791 des Œuvres complettes du duc de Saint-Simon (Strasbourg; Paris, 13 vol.), probablement due à Soulavie, enregistre une rumeur ancienne dont on ignore la source et qui n’a jamais été recoupée: «Arouet (Voltaire) était éperdument aimé du duc de Brancas qui l’était du Régent» (t. XII, p. 185). Dans les papiers Voltaire de Saint-Pétersbourg se trouve une copie de main inconnue d’une pièce de vers datant de la Régence, qui commence ainsi: «On dit que la grande Brancas / Prend illustre alliance...» (t. II, f. 301r). On en ignore l’auteur. Trois exemplaires des Pièces inédites ont été donnés à la BnF par Beuchot (Z. Beuchot 67) et Bengesco (Z. Bengesco 1 et 422): ils ne portent aucune indication manuscrite relativement aux deux poèmes. 7. Propositions Pour la seconde épître, il faudra suivre la copie Decroix, en y ajoutant le vers oublié.
© 2010 André Magnan et le Centre international d’étude du XVIIIe siècle
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