ISSN 2271-1813 ...
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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 92 AMUSEMENTS A LA GRECQUE (1767) 1] Titres Amusemens à la greque. 2] Dates Vingt-quatre numéros à pagination continue, formant un volume et couvrant une demi-année. Dates annoncées sur les numéros: avril-septembre 1767 (soit quatre numéros par mois, sans précision de jour ni de semaine). Ces dates ne sont réelles au mieux que pour les mois d'avril et de mai (nº 1-8), car dans la première livraison de juin (nº 9, p. 72), le libraire «Pierre Steinmann L'ainé» annonce que ce n'est point par sa faute «qu'on a interrompu pendant quelques mois la publication de ces feuilles», qu'il s'oblige à continuer. La périodicité n'est annoncée nulle part, mais il résulte de la numérotation et de la datation qu'elle devait être hebdomadaire. Aucun prospectus connu. Aucun privilège imprimé, mais au verso du titre général (daté de 1768), la mention: «Imprimatur. Mart. Hübner.», non datée. 3] Description Un volume de 190 p., composé de 23 numéros de 8 p. et d'un 24e numéro de 6 p.[4], avec feuillet de titre général en tête et feuillet de «Table des matières» en queue. Cahiers de 8 p., 115 x 183, in-8º, signés de lettres majuscules (sauf pour le cahier Y où l'on a curieusement: y, y2, y3). Aucune devise. Aucune illustration. 4] Publication La page de titre général se présente sous deux formes. L'une (ex. de Copenhague), datée de 1767, a pour adresse: «A Copenhague, chez Jean Steinmann libraire, demeurant chez le Sr. Courtaud, marchand de vin sur la Place Royale». L'autre (ex. de Paris et de Genève), datée de 1768, porte: «A Copenhague, chez Pierre Steinmann libraire, demeurant sur la Place Royale». Un examen attentif de la mise en page montre d'ailleurs que la présentation typographique change à partir du nº 9. Le périodique avait des «souscripteurs» (cf. p. 72), mais leur nombre n'est pas connu, non plus que le chiffre du tirage. 5] Collaborateurs Le périodique, qui est anonyme, semble n'avoir eu qu'un seul auteur. D'après les sources danoises[5], il s'agit de Nicolas-Jacques-André Yanssens DESCAMPEAUX (ou des Campeaux) (1732-1795), natif de Rouen, jurisconsulte de Caen, établi dès 1763 à Copenhague, professeur de «belles-lettres», maître de français à l'école des Cadets et des Pages, l'un des instituteurs du prince royal Frédéric (1753-1805) jusqu'en 1771[6], auteur de diverses publications parmi lesquelles un poème intitulé Le Siècle de Frédéric V (1765), des Eléments de la langue danoise (1787) et plusieurs traductions du danois. A la fin du nº 8 (p. 64), le rédacteur s'excuse auprès des «personnes qui ont envoyé des manuscrits» de n'avoir pu en faire usage. En fait, la seule contribution extérieure donnée pour telle est une «Ode contre Eugénie» en octosyllabes, signée «Par M.J.P. Du Roveray de Londres» (p. 101-104). 6] Contenu Dans l'«Avant propos» (p. 4), le contenu est annoncé ainsi: «Que faire donc? Que dire? Quel plan former? aucun. Si j'effleure quelque matière, ce sera par hazard; je ne veux instruire personne, car je déteste le ton dogmatique; mais si quelqu'un me communique des idées j'en ferai bon usage, à condition que si elles ne sont pas exactement rendues, on me permettra de les habiller à la françoise & même à la grèque». En fait, à part cinq pièces de vers (dont une intitulée «Pigmalion!», p. 188-190), chacun des 24 numéros est rempli par une dissertation ou une histoire en prose sur les sujets suivants: I. Des éclipses sublunaires; II. Des ouvrages périodiques; III. De l'étude des langues; IV. De l'esprit de société; V. Du sacre des rois; VI. Des favorables effets du tonnerre; VII. Sur les craintes de la mort; VIII. De l'usure; IX. De la satyre; X. Journal singulier [d'un «gentihomme Mecklenbourgeois» en 1393]; XI. Des procédés injustes envers le sexe; XII. Du ton d'école; XIII. Evénement remarquable; XIV. Des enchantements; XV. Projet d'un Bureau d'adresse françois[7]. XVI. Des jardins des Chinois. XVII. De la pierre philosophale; XVIII. Histoire de Richard et de Julienne; XIX. Description des divertissements du carnaval en Italie; XX. Du vrai dans la peinture; XXI. Des anthropophages; XXII. Des voyages; XXIII. Particularités du royaume de Cutch; XXIV. De l'insensibilité. Les vrais centres d'intérêt, satire sociale, problèmes philosophiques et moraux, sont souvent abordés ici sur un ton de badinage. Aucun auteur n'est spécialement étudié. Table des numéros à la fin. 7] Exemplaires Exemplaire étudié: coll. J.-D. Candaux, Genève. Autres exemplaires connus: Opéra: Pi.1352; Kongelige Bibliotek, Copenhague: DA 60-143 8º. Aucun exemplaire apparemment dans les bibliothèques américaines. 8] Bibliographie A notre connaissance, ce périodique n'est mentionné que dans les deux biographies danoises citées en note 2. Historique Il s'agit en fait d'un Spectateur. Le terme d'Amusement avait été notamment employé par La Beaumelle pour sa Spectatrice danoise de 1749-1750[8]. Dans l'«Avant propos» (p. 3), on explique d'ailleurs que ces Amusemens à la greque prennent le relais d'un périodique intitulé Amusemens littéraires qu'un prospectus «pompeux» avait annoncé, mais dont l'unique rédacteur avait disparu avant de livrer le moindre manuscrit! Quant à l'épithète à la grèque, elle se réfère à une coiffure en vogue et annonce le tour humoristique de la publication: «Une feuille périodique a d'ailleurs plusieurs avantages de préférence, puisqu'après avoir occupé quelques momens le vuide que les plaisirs laissent à la gent aimable, ou même sans avoir eû cet honneur, elle peut, métamorphosée en papillote à la grèque, devenir la pierre d'attente d'une frisure élégante, ou servir à agacer un barbet chéri...» (p. 2). On voit aussi par cette citation que le périodique était censé s'adresser surtout à un public féminin. Jean-Daniel CANDAUX
Δ 4. Ce dernier cahier a connu deux éditions, l'une où le texte se termine par les mots «Fin de la première demie année», l'autre par le mot «Fin» tout court. Δ 5. R. Nyerup et J.C. Kraft, Almindeligt Litteraturelexicon for Danmark, Norge, og Island, Kjobenhavn, 1820, p. 136; Dansk Biografisk Lexikon, udg. C.F. Bricka, Kjobenhavn, 1890, t. IV, p. 245-246 (notice de Thor Sundby). Δ 6. C'est ce qui ressort d'une lettre adressée par Des Campeaux, de Copenhague, le 16 septembre 1771, à Salomon Reverdil (BPU Genève, Ms Suppl. 730, fº 76-77). Dans cette même lettre, Des Campeaux se déclare catholique, prétend avoir une femme et cinq enfants à sa charge et se dit domicilié «place de l'église de la garnison, nº 93». Δ 7. Ce projet ne semble pas avoir abouti, car le seul bureau d'adresse de Copenhague connu à l'époque est celui qui avait été concédé par décret royal du 12 mars 1762 aux époux Andersen et Holck (renseignement du Rigsarkivet, Copenhague). Δ 8. Voir Claude Lauriol, La Beaumelle, Genève, Droz, 1978, p. 149-150.
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