ISSN 2271-1813 ...
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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 91 AMUSEMENT DE MISODÈME (1745) 1] Titres Amusement de Misodeme, ou pieces fugitives en prose et en vers. 2] Dates La «Feuille première», seule pourvue d'un f. de titre et seule datée, porte le millésime de 1745. Dans la «Feuille sixieme» et dernière, une note (p. 95) fait allusion à la seconde feuille «donée en Février 1745». On peut en déduire que la périodicité, comme l'annonçaient les recensions contemporaines, a bien été mensuelle et que les six numéros connus ont paru de janvier à juin 1745. Cette datation est d'ailleurs confirmée par les allusions à l'actualité que contiennent les feuilles IV (campagne de Louis XV en Flandres) et VI (défaite des Autrichiens en Silésie). Ni privilège ni prospectus connu. 3] Description On ne connaît de ce périodique que les feuilles I-IV et VI. «La feuille cinquieme n'est pas sortie de la presse», affirme un annotateur contemporain[1]. Tel quel, le périodique forme un volume de 96 p. où manquent les p. 65-80, chaque livraison comptant 16 p. in-8º et portant donc doublement son nom de «feuille». A noter que la «Feuille seconde» est numérotée par inadvertance [1]-16, au lieu de [17]-32. Dimensions: 100 x 155 environ. Ni devise ni illustration. 4] Publication Le titre général ne porte aucun nom de lieu ni d'imprimeur. Mais les recensions contemporaines donnent le périodique pour édité à Neuchâtel et l'on sait d'autre part que Samuel Henzi, son unique auteur, se trouvait à cette époque-là en exil à Neuchâtel. On peut donc présumer que l'Amusement de Misodeme est une impression neuchâteloise et l'examen de ses ornements typographiques pourrait conduire à l'attribuer à l'imprimerie des éditeurs du Journal helvétique. Le prix n'est pas mentionné dans la publication, mais les annonces contemporaines indiquent que les trois premiers numéros se vendaient pour 24 kr., ce qui met la feuille à 8 kr. Tirage inconnu. 5] Collaborateurs L'auteur unique de cette feuille est l'officier, poète et conspirateur bernois Samuel HENZI (1701-1749), banni de Berne pour cinq ans par jugement du 30 avril 1744 et réfugié à Neuchâtel, où son activité littéraire a laissé maintes traces[2]. 6] Contenu «... ma plume [...] distilera un peu de Satire, cependant sans aigreur et sans fiel», annonce l'auteur dans sa «Résolution de Misodeme de s'ériger en Ecrivain» (p. 4). «Mes Cahiers, ajoute-t-il, seront des Miroirs, où chacun croïant de voir son Prochain se verra soudain soi même». Un peu plus loin, Henzi déclare encore, non sans truculence, «s'immatriculer dans le Catalogue des Méchans Ecrivains» (p. 8). De fait, l'Amusement de Misodeme est une feuille résolument satirique où les vers alternent avec la prose. L'actualité littéraire y tient une grande place et dans la fameuse querelle qui divise les lettres allemandes, Henzi prend nettement parti pour les Suisses de l'école de Zurich contre les Saxons disciples de Gottsched. Breitinger et Haller sont cités avec louange et admiration, à côté de Pope, de Van Haren et de Voltaire, tandis que Johann Christoph Schwartz, Daniel Stoppe et Daniel Wilhelm Triller sont malmenés et tournés en ridicule. L'actualité politique et surtout militaire de la guerre de Succession d'Autriche inspire au poète nombre d'épigrammes, ainsi qu'une «Epître au Roi» (p. 49-54), toute à la gloire de Louis XV. La veine polémique reprend le dessus dans un «Placet» (p. 93-94) dirigé contre le gazetier de S[chaffhouse] H[urter]. A quoi s'ajoutent encore des variations en prose sur le thème des «Méchans Ecrivains» et des pièces de vers satiriques ou galantes, au nombre desquelles figure un poème de 66 vers intitulé «Le Tabac» (p. 60-63). Aucune table. 7] Exemplaires Seul exemplaire localisé: Z.B. Zurich, XXV.32 (2). 8] Bibliographie Mentions dans la presse contemporaine: Freymüthige Nachrichten von Neuen Büchern, 21 juillet et 1 sept. 1745[3]. L'Amusement de Misodeme avait échappé jusqu'à présent à tous les répertoires de périodiques et à toutes les bibliographies de la presse. Jean-Daniel CANDAUX
Δ 1. D'une main non identifiée, à l'intérieur de la couverture de l'exemplaire de Zurich. On ne trouve aucune trace de saisie ni d'interdiction dans les registres du Conseil d'Etat de la Principauté de Neuchâtel, ni dans ceux de la Ville de Neuchâtel. Δ 2. Sur le personnage, l'étude de base reste celle de J.J. Baebler, Samuels Henzi's Leben und Schriften, Aarau, 1879. Sur son œuvre littéraire, voir Xavier Kohler, «Les œuvres poétiques de Samuel Henzi», Actes de la Société jurassienne d'émulation, 1869, t. XXI, p. 56-125; Virgile Rossel, «Un Scarron bernois», Le Semeur, revue littéraire et artistique, 1889-1890, t. III, p. 178-182, 209-212, 251-253; Manfred Gsteiger [etc.], Telldramen des 18. Jahrhunderts, Bern-Stuttgart, Paul Haupt, 1985 («Schweizer Texte», 9). Δ 3. Qu'il me soit permis de remercier mon collègue Emil Erne de m'avoir communiqué cette double référence.
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