ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 860

MAGASIN DES MODES NOUVELLES (1786-1789)

1Titres Magasin des modes nouvelles françaises et anglaises décrites d'une manière claire et précise, et présentées par des planches en taille-douce enluminées.

Continuation du: Cabinet des modes, dont il garde la feuille de titre pendant la première année.

2Dates 20 novembre 1786 - 21 décembre 1789. Approbation par Sauvigny le 7 novembre 1786, et permis d'imprimer signé De Crosne le même jour. «L'abondance des matières nous oblige à augmenter d'un tiers [par rapport au Cabinet des modes] le nombre des cahiers. Au lieu de 24 nous en donnerons 36. Chaque cahier sera composé de 8 pages in-8º de discours et de trois planches enluminées en taille-douce. Il paraîtra un cahier tous les 10 jours, à commencer au 20 novembre 1786» (Avis, t. I).

3Description 3 tomes comptant chacun 36 cahiers: t. I, 288 p., 1786-1787, dernier cahier daté du 10 nov. 1787; t. II, 290 p., 1787-1788, dernier cahier du 10 nov. 1788; t. III, 286 p., 1788-1789, dernier cahier du 21 déc. 1789.

Cahiers en général de 8 p., format in-8º, 120 x 195.

Devise: «L'ennui naquit un jour de l'uniformité».

4Publication «L'on s'abonne à Paris, chez Buisson, libraire, rue Hautefeuille, hôtel de Coëtlosquet, nº 20 et à Londres, chez Joseph de Bosse, Librairie Française, Gerrard-Street, nº 7, Soho, qui le met en vente trois ou quatre jours après la publication faite à Paris».

«Le prix des 36 cahiers sera de 30 liv. pour Paris et pour la Province, rendus franc de port par la poste, dans tout le Royaume».

5Collaborateurs François BUISSON et Edme Billardon de SAUVIGNY.

6Contenu «Pour distribuer les matières avec plus de méthode, nous partagerons notre Journal en quatre parties ou époques relatives aux Saisons. Car chaque Saison a ses modes et son costume, et ne suit point la marche et l'ordre du Calendrier» (t. I, p. 4). Chaque cahier comporte un certain nombre de planches accompagnées de commentaires, dont voici un exemple:

T. I, 1er cahier (20 nov. 1786): «La femme représentée dans la PLANCHE 1ère porte une redingote de drap vert foncé, brodée en or sur les devants, aux poches de côté, coupées en long, et aux parements. Sous cette redingote, un jupon de satin rose glacé; sur le col, un ample fichu de gaze, en chemise, à deux colets [...]. A ses pieds, des souliers roses, falbassés d'un ruban vert» (p. 1-2). La planche II suscite les commentaires suivants au sujet des bonnets «à la Randan»: «Ces bonnets doivent leur naissance au goût exquis de l'Actrice célèbre [Mademoiselle Contat] qui a joué le rôle de Madame de Randan dans les Amours de Bayard, Comédie nouvelle de M. de Monvel. Mais qu'on y prenne garde, avec ces coiffures, il faut le ton le plus modeste, le plus décent, le plus ingénu, le plus circonspect: la moindre liberté, la moindre prétention marquée, la moindre affectation donnerait un air fille» (p.2-3).

Le journal s'adresse aux femmes de tous les âges, comme le précise le cinquième cahier (30 déc. 1786): «Quelques Dames nous ont fait l'honneur de nous écrire depuis peu, pour savoir s'il y a une mode différente en robes, en bonnets, pour les femmes de cinquante et soixante ans; nous leur répondrons ici [...] que la Mode est une, qu'elle est la même pour tous les âges, et qu'elle est suivie ici par les femmes de cinquante et de soixante ans, comme par celles de dix-huit et de vingt ans» (p. 39). Le journal concerne également les enfants: «Les petites filles suivent presque toujours les modes des femmes; mais les petits garçons que l'on habille en matelots en ont de particulières» (24e cahier, 10 juil. 1787, planche II; Mode pour les Enfants). «Deux petits enfants. Ils sont tous deux vêtus en été, en automne, en printemps ou en hiver comme on le voudra; parce que, depuis les leçons données par le grand Rousseau, dans son Emile, on n'a plus guère qu'une manière d'habiller les enfants»; le petit garçon est «habillé d'un matelot de basin blanc», la petite fille est «habillée en fourreau de mousseline blanche» (32e cahier, 30 sept. 1788, planche III).

La mode est fonction des saisons et des mœurs. Le rédacteur déclare, le 1er février: «Le Carnaval sera long cette année: il est réputé commencé au lendemain des Rois, et il se prolongera jusqu'à la fin de ce mois; la Mode conséquemment aura le loisir de varier ses habits de bal» (7e cahier, p. 49). La planche présente «un caraco à longue queue, de satin blanc, relevé en draperie sur les côtés, par des fleurs d'argent» (p. 49). Le journaliste rappelle qu'il souligne «ce qui est nouveau ou renouvelé dans les habits, dans les chapeaux, dans les frisures, etc.» (p. 57). Le 11e cahier (11 mars 1789) porte spécifiquement sur le deuil: «C'est toujours à l'occasion d'un deuil remarquable, que nous donnons des personnages en deuil [...]. Notre compte ne peut jamais être que pour un deuil à la seconde période au moins, parce que la première étant le grand deuil, ne varie point. C'est aussi de la seconde période, susceptible de modification et même de mode, que nous traitons ici [...]. Celui-ci a des bas de soie noire. Même à la première époque, on ne portait que des bas de soie noire. Plus de bas de laine, ou de filoselle, à moins que ce ne soit pour les deuils de père ou de mère, d'aïeul ou d'aïeule, ou de Roi du Royaume ou de Dauphin, ou de Reine; en un mot que pour les deuils de six mois» (p. 81-82). Le 25e cahier (1er août 1789) rappelle, à l'occasion de la mort du Dauphin, que les «variations» portent sur la «garniture des habits» et sur les «bonnets» (p. 194).

Le Magasin consacre quelques passages à des faits qui ne relèvent pas de la mode, notations d'histoire naturelle (18e cahier), faits divers souvent relatifs à des femmes: mort de Mme de Zuckmandes, «une des grandes héroïnes de l'amour maternel» (12e cahier, 21 mars 1789, p. 95), supplice d'une Anglaise qui avait assassiné mari, mère, père et enfants (23e cahier). L'actualité politique de 1789 se manifeste çà et là: «Depuis qu'en France nous sommes devenus tous Soldats, nos habits, ou plutôt les ornements de nos habits, sont très simples» (28e cahier, 11 sept. 1789). Un cahier est retardé jusqu'au 21 juillet 1789 par des «circonstances trop fameuses et trop malheureuses» (p. 185). Le 21 décembre, le journal cessera définitivement.

7Exemplaires B.N., Rés. 8º Lc14 3.

8Bibliographie Quelques contrefaçons, dont se plaint le rédacteur (4e cahier, 20 déc. 1786). – Sullerot E., Histoire de la presse féminine en France des origines à 1848, A. Colin, 1966.

Chantal THOMAS

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)