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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 838 LETTRES SUR QUELQUES ÉCRITS DE CE TEMPS (1749-1754) 1] Titres Lettres sur quelques écrits de ce temps. Continuation de: Lettres de Madame la Comtesse... sur quelques écrits modernes. Continué par: L'Année littéraire. 2] Dates 8 avril 1749 - 26 janvier 1754. 13 volumes; 62 livraisons. Bimensuel (Lettres, t. II, p. 216); paraît irrégulièrement en 1749-1752 (six interruptions). Moyenne annuelle: 12 livraisons; 2-3 volumes; datés de 1749, 1750, 1751, 1752 et 1753. 3] Description 5 livraisons par volume (2 livraisons seulement dans le treizième volume); 360 p. par volume; 72 p. par livraison; in-12, 95 x 162. Devise: Parcere personis, dicere de vitiis. 4] Publication Genève, t. I et II (1749); Genève et Amsterdam, chez Pierre Mortier, t. III (1750); Genève et Paris chez la veuve Cailleau, t. IV (1750); Londres et Paris chez Duchesne (gendre de Cailleau) à partir du t. V (1751); Nancy à partir du t. VIII (1753). Imprimeur: Battard. Tirage: 2 500 (cf. lettre de Fréron à Malesherbes, 17 févr. 1751). 5] Collaborateurs Elie-Catherine FRÉRON (1718-1776). Le nom de Fréron n'apparaît pour la première fois qu'en tête du t. IV. Collaborateurs: Duport Dutertre, Joseph de La Porte, à partir de 1752. Collaborateurs occasionels: Déon de Beaumont (t. XII); Roy (t. I-II); le Baron Charles Frédéric Scheffer (t. VIII); Desormes (t. II, X); Daquin (t. VII, VIII). 6] Contenu Servir «le dieu du goût» (t. I, p. 183); «Rien qui puisse blesser la religion de l'Etat, le gouvernement, les bonnes mœurs ou l'honneur de qui que ce soit»; «... des remarques purement littéraires» (t. I, p. 288); «Avoir le courage de tenir pour les Anciens contre les vains efforts des modernes Pygmées» (t. I, p. 292). Mais: une critique polémique et personnelle contre Marmontel, Voltaire et Rousseau; une critique moins traditionnelle que prévue (cf. la défense du théâtre sérieux); une orientation du journal nettement anti-philosophique à partir de 1752, alors que s'émoussent les attaques contre Voltaire; une ambition de plus en plus encyclopédique: goût pour l'histoire et les sciences; goût pour les problèmes de la vie courante. Principaux auteurs étudiés: Buffon (III, 3-28, 73-99, 325-376; IV, 73-99; XII, 108-120, 289-301); La Mettrie (X, 101-118); Marmontel (I, 30-68, 115-126; II, 289-353); Maupertuis (VIII, 145-168, 197-210); Montesquieu (IV, 145-157); Prévost (VIII, 211-237, 289-308; X, 205-210, XI, 73-84, 217-224; XII, 169-188; XIII, 130-135); Voltaire (I, 267-287; II, 48-59; III, 33-66; VI, 3-4; X, 180-188, 259-268; réédition de 1752, I, 356-366). Table des matières à la fin de chaque tome à partir du 3e volume. Benhamou P., Index des «Lettres sur quelques écrits de ce temps», Genève, Slatkine, 1985. 7] Exemplaires B.N., Z 49196-49208. Réimpression, Genève, Slatkine, 1966, 2 vol. 8] Bibliographie H.G.P., p. 162, 176, 203, 261, 262; H.P.L.P., t. II, p. 376 et suiv. En 1752, réédition par Fréron (chez Duchesne) des deux premiers volumes (avec des variantes importantes). – Raynal, Nouvelles littéraires, t. I, p. 317, 749. – Tougard A., «Eclaircissements bibliographiques pour les Lettres sur quelques écrits de ce temps», Modern Language Quarterly, 1940, vol. I, p. 323-331. – Prator C.H., «Elie Catherine Fréron in the light of variants in the text of his Lettres sur quelques écrits de ce temps», Modern Language Quartely, 1940, vol. III, p. 105-108. – Balcou J., Fréron contre les Philosophes, Genève, Droz, 1975, p. 37-80. Historique Les Lettres sur quelques écrits de ce temps forment une collection de 62 cahiers de 72 p. chacun qui, lorsque Fréron les a lancées le 8 avril 1749, devaient sortir des presses tous les 12 jours environ. Mais les circonstances commanderont. D'avril 1749 à décembre 1752, 27 numéros seulement auront paru, les 35 autres se débitant dans les quinze mois qui restent. La cause: 6 suspensions. La première: du 8 avril au 10 juillet sur plainte de Marmontel. La seconde: du 22 février au 9 novembre 1750 sur l'intervention de Voltaire. L'année suivante, une triple interruption, sans qu'on puisse en noter le motif exact: du 26 décembre 1750 au 4 juin 1751, du 4 juin 1751 au 2 septembre 1751 et du 2 septembre au 27 décembre 1751. La longue suspension de 1752, du 14 avril au 25 octobre, est encore due à Voltaire. Dernière alerte en décembre pour un article sur Bolingbroke. C'est précisément en 1752 que Fréron va trouver le clan qui le protègera: celui de Stanislas de Pologne, de la Reine, du Dauphin. Désormais, Fréron s'efforcera de ménager Voltaire (lequel, du reste, intervient pour que les feuilles reparaissent) pour concentrer ses attaques sur les Philosophes qui commencent à s'organiser en un parti dangereux. Il exploitera donc à merveille l'affaire des Bouffons pour en faire une campagne de presse contre cette cabale d'étrangers menée par Grimm et Jean-Jacques Rousseau. Les Lettres sur quelques écrits se gardent pourtant de tout cléricalisme. Ce qui compte, en effet, pour leur directeur, c'est la vie intellectuelle et artistique de son temps. Formé par les grands maîtres, ouvert sur le monde, il se présente comme un homme d'ordre et un esthète bourgeois. C'est pourquoi il est le premier à prôner le grand sérieux au théâtre (t. IV, p. 3-21). Et il ne s'en prend guère à l'Encyclopédie puisqu'il aspire au même but. D'où maints articles sur les voyages et l'histoire, les sciences et les arts, les découvertes et les curiosités du jour. Cet ensemble de Lettres dirigé par un voltairien qui déteste Voltaire est, du point de vue chronologique, esthétique et politique, la nécessaire introduction à L'Année littéraire. Jean BALCOU
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