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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 811 LETTRES DE MME LE HOC À M. LE HIC (1775) 1] Titres Lettre de Mme Le Hoc à M. le Hic. Le titre de ce périodique, que l'auteur appela aussi Lettres sur les spectacles et les journalistes, changea plusieurs fois; on trouve donc dans le même volume: 1) Lettre de Mme Le Hoc à M. le Hic; 2) Lettre au sujet d'Albert I et la Comédie Française; 3) Les Nouvellistes. Dialogues entre un Gluckiste, un Gretriste et un Floquetiste; 4) Lettre du Diable à M. Beaumarchais; 5) Lettre d'une jeune actrice; 6) Lettre du Célibataire de M. Dorat aux Courtisanes de M. Palissot; 7) Lettre d'un colonien; 8) Lettre d'un Arsénian. Un 9e numéro, Lettre de Philémon à Alexis, annoncé «sous presse», ne parut, semble-t-il, jamais. 2] Dates Huit numéros publiés en 1775 et réunis en un volume de 339 p. La dernière lettre porte la date du 17 octobre 1775. 5] Collaborateurs Jean-Pierre LE FUEL DE MÉRICOURT. 6] Contenu Il s'agit, dans cette publication, de drames, ce nouveau genre théâtral, et de la presse frondeuse qui les soutient. On voit très clairement que l'auteur a beaucoup de sympathie pour Mercier et Beaumarchais, dramaturges jugés dangereux. Il admire aussi les théâtres des boulevards, lieux prétendus suspects. D'un autre côté, l'auteur n'aime pas La Harpe, ni Palissot, ni Pierre Rousseau. Ce dernier, éditeur du Journal encyclopédique, aurait encouragé «les siffleurs, moucheurs, cracheurs, tousseurs et perturbateurs» qui se déclaraient, au théâtre comme dans la presse, ennemis du drame et de toutes les expériences nouvelles. 7] Exemplaires Ars., 8º BL 32080. 8] Bibliographie DP2, art. «Mercier» et «Méricourt». Ce périodique est souvent cité dans la presse du temps, notamment dans le Journal des dames de Mercier, le Journal de politique et de littérature de Linguet, le Journal de Verdun d'Ameilhon, les Affiches de Meunier de Querlon. Le Fuel de Méricourt raconte lui-même à plusieurs reprises l'histoire de cette publication dans sa Requête au Roi (1777), dans le Mémoire à consulter pour les souscripteurs du Journal des théâtres (1777) et dans ses deux autres journaux, le Journal des théâtres (1776-1777) et le Journal français, italien et anglais (1777-1778). – Gelbart N., «Frondeur journalism in the 1770's: theater criticism and radical politics in the pre-Revolutionary French press», Eighteenth-century studies, vol. XVII, nº 4, 1984. – Idem, Feminine and opposition journalism in old regime France: «Le Journal des dames», 1759-1778, University of California Press, 1987. Historique On constate déjà dans ce premier des trois périodiques de Le Fuel de Méricourt, qu'il n'a aucune sympathie pour l'institution littéraire de Paris (Comédie-Française, presse protégée et ministres). Il voudrait être entendu comme les autres, mais les critiques en place auraient dit de lui: «Jean Pierre Le Hic était d'un petit vignoble nommé Méricourt, entre Mantes et Vernon; ses parents avaient des vignes qu'ils cultivaient eux-mêmes, et ils n'étaient pas riches. Et cet homme là ose écrire! Il ose parler. Il ose se faire voir» (Lettres, p. 155, note). Le Journal des dames est le seul journal que Le Fuel ait admiré. Il était à cette époque dirigé par Mercier, qui, lui aussi, luttait contre les corps privilégiés de la capitale. Le Fuel écrivait de Mercier: «De jour en jour, son journal devient intéressant. Si on reproche à son Auteur d'avoir des idées singulières, on ne peut disconvenir qu'il a beaucoup de mérite, et plus que bien des gens qui sont sur le pinacle». Mercier est pour Le Fuel un auteur «peu commun»: «les Comédiens Français se repentiront de n'avoir pas assez ménagé un homme qui méritait toutes sortes d'égards» (Lettres, p. 221-222, note). Il se qualifie lui-même de «pauvre diable» (Requête, p. 24-27), victime d'ennemis redoutables comme le censeur Coqueley de Chaussepierre, qui lui a finalement volé son journal: le manuscrit du 9e numéro fut saisi par Coqueley et montré à Linguet, que Le Fuel, à cette époque, ménageait fort peu; ils décidèrent ensemble de faire arrêter la publication des Lettres. Le Fuel fit paraître ce numéro, un peu modifié, sous le titre de Didon heureuse. Parmi ses ennemis, il faut également compter Le Camus de Neville, nouveau directeur de la Librairie, plusieurs comédiens (dont Préville), le duc de Duras, premier gentilhomme de la Chambre du Roi. Parmi ses amis, on trouve les journalistes Mercier, Rutlidge, Du Coudray, Ameilhon, l'avocat Falconnet, des censeurs factieux et républicains comme Crébillon et Pidansat de Mairobert, tous les deux au service du duc de Chartres (futur Philippe Egalité). Pidansat, qui considérait Le Fuel comme un «bon patriote» et «romain», se montre son ami fidèle en racontant l'histoire de ses journaux persécutés dans ses Mémoires secrets (t. IX, p. 121, 220, etc.) et, de façon plus agressive et politique, dans son Espion anglais. En conclusion, on verra dans les Lettres de Le Fuel de Méricourt la première manifestation d'un esprit critique qui deviendra de plus en plus amer et violent au fur et à mesure de ses publications. Nina GELBART
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