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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 768 JOURNAL MARITIME DE BAYONNE (1756-?) 1] Titres Journal maritime de Bayonne. 2] Dates Fin 1756 - (?). Nous ne possédons qu'une seule livraison: nº 17 en date du 23 avril 1757. «Avec Permission», est-il précisé. Périodicité prévue: hebdomadaire («à la fin de chaque semaine», c'est-à-dire «le samedi», A.M. Bayonne, BB 84, fº 62-63). Cette périodicité n'a pas toujours été respectée, «faute de matière» (ibid., fº 62). 3] Description Livraison de 2 p. (recto-verso). Format in-8º, 145 x 205. 4] Publication «A Bayonne, de l'Imprimerie de Jean Fauvet, prés les cinq-Cantons». 5] Collaborateurs Jean FAUVET. 6] Contenu Contenu annoncé: journal «destiné principalement à instruire les intéressés des autres villes du Royaume des nouvelles de nos corsaires» (A.M. Bayonne, BB 84, fº 68), «à répandre les nouvelles de la petite guerre que fait ce port aux ennemis de l'Etat» (ibid., fº 69). Contenu réel: «croisières» des corsaires en Atlantique (sorties, entrées, relâches, prises, pertes, désarmement...); ordonnances des Maire et échevins relatives à des mesures sanitaires. Centre d'intérêt: un aspect de la vie maritime au XVIIIe siècle. 7] Exemplaires Archives de la ville de Bayonne; B.M. Bayonne, J 1. 8] Bibliographie Godinot R., «Contribution à une histoire de l'imprimerie et de la librairie à Bayonne», Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Bayonne, 2e trimestre 1965, p. 128. Historique Bien qu'une seule livraison du Journal maritime de Bayonne soit connue, l'histoire du périodique peut être en partie restituée grâce à certains documents d'archives. Malheureusement, deux pièces, répertoriées par E. Dulaurens dans l'Inventaire-Sommaire des Archives communales antérieures à 1790. Ville de Bayonne (Bayonne, 2 vol., 1894-1897) et respectivement intitulées «Publication du Journal maritime de Bayonne, par Jean Fauvet, autorisée pendant la guerre seulement» (1756) et «Lettre originale du député Léon Dulivier relative à la fondation à Bayonne d'un Journal maritime» (EE 108, HH 302), ont aujourd'hui disparu à la suite d'un incendie de telle sorte que nous ne pouvons déterminer la date exacte à laquelle la feuille a commencé à paraître et les conditions précises dans lesquelles elle a été autorisée. R. Godinot rapporte que Jean Fauvet (imprimeur à Bayonne depuis 1731) sollicita et obtint, «le 24 décembre 1756, du Corps de ville l'autorisation de publier avec privilège exclusif» un journal. Sans doute la publication a-t-elle commencé dès 1756, si l'on tient compte de la numérotation et de la date de la livraison conservée et aussi du fait que le Journal n'a pas paru au moins le samedi 12 mars «à cause du retard du courrier d'Espagne». Cette dernière indication nous est fournie par les archives de l'Administration communale: le Registre des délibérations de la municipalité bayonnaise et le répertoire «Copie de lettres» de cette municipalité contiennent, en effet, pour l'année 1757, un certain nombre de renseignements concernant «le petit journal maritime» dont la ville était assurément très fière. Le 29 juillet 1757, une assemblée extraordinaire convoque Jean Fauvet «pour lui enjoindre de ne pas faire mention dans son Journal maritime des corsaires armés en ce port qu'au fur et à mesure qu'ils sortiraient» (BB 58, fº 601). Sur le conseil du député de la ville, L. Dulivier, deux exemplaires du Journal sont, à partir du 19 mars, régulièrement envoyés à l'Intendant, M. d'Etigny (BB 84, fº 59, 60, 62, lettres des 12 et 19 mars 1757), et, à partir du 26 mars (ibid., fº 68-69), sur le conseil donné par l'Intendant et transmis par Dulivier (ibid., fº 67, lettre du 26 mars), deux exemplaires sont également envoyés à M. de Moras, «ministre et secrétaire d'Etat au département de la marine, contrôleur général des finances», et à M. de Trudaine, «conseiller d'Etat ordinaire et au Conseil Royal, intendant de finances». Le 4 avril, les maire et échevins décident qu'il sera écrit régulièrement à MM. de Moras, Trudaine et d'Etigny «pour accompagner les feuilles» du journal (BB 58, fº 543). Nous avons la copie de ces lettres circulaires qui nous donnent des détails sur le rythme réel et le contenu de la publication et qui parfois, d'ailleurs, ajoutent des faits trop récents pour qu'ils soient relatés dans l'ordinaire envoyé (BB 84, fº 73-74, lettres du 16 avril 1757). Outre celui du 12 mars, les numéros des 29 avril et 2 juillet 1757 n'ont pas paru «faute de sujet» (ibid., fº 83, lettre du 7 mai, et fº 99, lettre du 9 juillet). Le numéro du 26 mars est reconnu comme «le plus intéressant de ceux qui ont paru jusqu'à présent» parce qu'il rapporte «la belle capture qu'a faite le sieur Lavernis commandant le Corsaire» (ibid., fº 67-69, lettres du 26 mars). De même, les livraisons du 5 avril («... deux de nos corsaires, l'Aigle et l'Aurore, ont conduit avec eux trois riches prises», ibid., fº 70) et du 14 juin (prise d'un corsaire anglais, ibid., fº 94) sont jugées «dignes» de la «curiosité» des destinataires, lesquels disent, de leur côté, leur plaisir et leur satisfaction (cf. allusions à des lettres de Trudaine du 7 avril, BB 58, fº 545, de Moras des 15 avril et 25 juin, ibid., fº 552 et 591, et d'Etigny du 13 sept., ibid., fº 631). En revanche, et malgré l'espoir souvent formulé de voir la feuille retenir de plus en plus l'attention, les numéros des 28 mai et 16 juillet sont déclarés «pas fort intéressants» (BB 84, fº 87, lettre du 28 mai). «La saison n'est guère favorable», précise la lettre du 16 juillet (ibid., fº 105). Entre le 16 juillet et le 23 août, le journal n'a sans doute pas paru: c'est du moins ce qui semble résulter de la lettre du 23 août adressée à M. d'Etigny: «il y a bien des jours que nous n'avons eu l'occasion de vous envoyer notre Journal maritime. Les nouvelles sont si stériles et les succès de nos corsaires si peu favorables dans cette saison qu'ils ne fournissent pas la plus petite matière propre à occuper le public; il en a été imprimé un aujourd'hui que nous vous adressons» (ibid., fº 111). En cette fin du mois d'août, le Roi d'ailleurs ordonne le désarmement des corsaires, ce qui jette la consternation à Bayonne. Mais, le 9 septembre, le Conseil déclare avoir reçu une lettre de M. de Moras selon laquelle le Roi permet l'expédition des corsaires bayonnais (BB 58, fº 621). Le journal paraît au début de septembre, l'Intendant en accuse réception dans une lettre datée du 13 (ibid., fº 631). On trouve encore mention du Journal («imprimé à l'occasion des derniers succès») à la date du 29 novembre (BB 84, fº 137-138; cf. BB 58, fº 681). A-t-il poursuivi sa carrière au-delà? R. Godinot indique qu'il «aurait paru pendant toute la guerre de Sept Ans». En fait, rien n'est moins sûr. Les registres consultés jusqu'en 1763 ne contiennent plus aucune allusion au Journal. Lié très étroitement aux mouvements des corsaires et à la politique royale en la matière, il a dû subir les contrecoups des défenses d'armement. Une lettre du 26 août 1758, que le Conseil adresse au ministre et secrétaire d'Etat au département de la Marine, nous apprend que «les armements ayant été suspendus pendant plusieurs mois», la ville, qui regorge de matelots étrangers au chômage, demande instamment la permission d'armer des corsaires pour les mois qui suivent (BB 84, fº 192). Quoi qu'il en soit, et même s'il a cessé de paraître après 1757, le Journal maritime fait honneur à Bayonne qui a su se doter, face à Bordeaux et à Nantes, d'une publication périodique propre aux activités de son port. Robert GRANDEROUTE
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