ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 766

JOURNAL LITTÉRAIRE ET POLITIQUE DES PAYS-BAS AUTRICHIENS (1786)

1Titres Journal littéraire et politique des Pays-Bas autrichiens.

2Dates 1er janvier - 8 juillet 1786. La collection complète, fort rare, tient en un volume. Publié sous la fausse marque de Maestricht, le Journal paraît sans privilège ni octroi. Les deux prospectus connus (soit en 2 soit en 5 p.) et au contenu identique, ne portent pas de date. Sa périodicité annoncée, hebdomadaire, a été fidèlement respectée: le Journal sort régulièrement le samedi. Le feuillet de titre du t. I (seul paru) porte effectivement la date de 1786.

3Description L'unique volume publié contient 442 p. pour la partie littéraire et 250 pour la partie politique en cahiers in-8º. Les prospectus annoncent que la partie littéraire occupera une feuille, et la partie politique une demie. En réalité les livraisons tiennent deux feuilles, in-4º, soit 16 p. Mais il arrive que certains numéros contiennent un nombre de pages plus élevé (nº 1: 18 p.; nº 5: 20 p.; nº 14-15-16 réunis: 40 p.).

Devise: le célèbre Utile dulci d'Horace (Art poétique, 343).

Il ne contient pas d'illustrations.

4Publication L'adresse figurant sur la page de titre du t. I porte la mention «Maastricht» (ville gouvernée par les Provinces-Unies et le prince-évêque de Liège) sans plus d'informations. Une mention manuscrite ancienne sur l'exemplaire de la B.R. de Bruxelles (VH 23204 A) indique que l'imprimeur est Matthieu Le MaireBruxelles], admis comme imprimeur en 1776 et qui cessera ses activités en 1805. Les prospectus indiquent comme distributeur l'«Expéditeur des gazettes étrangères pour les Pays-Bas Autrichiens», Horgnies. Selon les mêmes sources, le prix d'abonnement est de 6 florins 10 pour l'année et de 2 s. 6 par livraison ce qui laisse supposer un débit au numéro. Le nombre des abonnés, le tirage des exemplaires demeurent inconnus.

5Collaborateurs Le fondateur et directeur du Journal fut, selon la note manuscrite, Jean-Baptiste LESBROUSSART, né le 21 janvier 1747 à Ully Saint-Georges (Oise), décédé à Bruxelles le 10 décembre 1818[214]. Il fut, fort jeune, professeur de rhétorique à Beauvais; appelé aux Pays-Bas, il fut successivement professeur au collège thérésien (enseignement de l'Etat), en 1778 à Gand, à Bruxelles ensuite. Membre du Museum de Bordeaux, il fut candidat à l'Académie impériale des sciences, lettres et beaux-arts de Bruxelles le 25 septembre 1787. Les événements politiques retardèrent son élection qui n'eut lieu que le 14 mai 1790. Lesbroussart fut un fervent défenseur des idées libérales et novatrices du pouvoir joséphiste; il n'eût pas été nommé professeur dans les collèges d'Etat et plus tard à l'Athénée de Bruxelles sans manifester une attitude favorable à la politique gouvernementale. Parmi ses nombreuses productions on relèvera son Education belgique (Bruxelles, Le Maire, 1783) qui fait l'apologie de l'enseignement d'Etat nouvellement institué, ouvrage pour lequel il reçut un octroi gratuit.

Lesbroussart ne semble pas avoir eu de collaborateurs réguliers. Par contre, sur le plan occasionnel, on rencontre l'avocat Hubert Offhuys qui signe des poésies maçonniques (nº 16, 17, 18, 20), la «muse belgique», Marie-Caroline Murray (nº 10, cf. nº 13). D'autres textes en vers sont signés Orelli (nº 3), Audet (nº 16), Ducis (nº 17), Rouillé de Versailles (nº 1, 2), mais il est impossible de dire s'il s'agit de contributions originales. La plupart des textes poétiques, les variétés et critiques littéraires ou historiques anonymes sont issus pour sûr de la plume féconde de Lesbroussart.

6Contenu Le contenu annoncé par les prospectus consisterait en extraits raisonnés des nouvelles productions littéraires, des découvertes et inventions «chefs d'œuvres [sic] des Artistes dans tous les genres». Le tout serait marqué au coin de la sobriété et de l'impartialité du jugement. Le contenu réel ne s'écarte pas trop de ce projet. On trouve dans le Journal des comptes rendus d'ouvrages de toutes les disciplines et en langues diverses, des textes littéraires (vers français et latins sans oublier les logogriphes et les énigmes), des variétés historiques sur les anciens Pays-Bas surtout), des variétés artistiques, scientifiques, sociales (anecdotes, enseignement), des annonces de nouveautés. Lesbroussart accentue ces annonces. La partie politique, à peine mentionnée dans les prospectus, paraît sous le titre général «Politique» avec une pagination particulière. Elle contient des nouvelles d'actualité sous la rubrique des villes, des textes d'édits impériaux et autres: trois numéros (nº 14, 15, 16) sont consacrés à la requête en grâce du cardinal de Rohan.

Les principaux centres d'intérêt semblent donc être les lettres, l'histoire et l'actualité. Plusieurs textes sont dits empruntés au Journal de Paris; on peut s'interroger sur l'authenticité de quelques lettres de «lecteurs» (nº 2, 4, 13). Dans cette perspective, à la rubrique de l'actualité près, le Journal de Lesbroussart ressemble assez curieusement aux projets déposés en 1760 par Antoine La Coste de Mezières pour un Journal des Pays-Bas, et par Goudar pour un Journal littéraire des Pays-Bas, projets refusés par le Conseil privé.

7Exemplaires B.R. Bruxelles, VH 23204 A. Nous ne connaissons d'autre collection complète, avec les deux prospectus et pages de tomaison. On trouve un exemplaire du nº 16 dans les collections du Mundaneum déposées auprès de la même institution.

8Bibliographie L'existence du Journal fut aussi brève que discrète. Il ne fut ni réédité ni contrefait; il est inconnu à Hatin, aux historiens de la presse et aux biographes de Lesbroussart. Vercruysse J., «Journalistes et journaux», Etudes sur le XVIIIe siècle, t. IV, Bruxelles, 1977, p. 117-126.

Historique L'historique du Journal littéraire et politique des Pays-Bas autrichiens est brève et difficile à établir. La marque de Maestricht est fictive. Tout montre que le périodique fut l'œuvre d'un Bruxellois et imprimé à Bruxelles: les prospectus, la distribution, les annonces de nouveautés que l'on peut se procurer chez l'imprimeur Le Maire, qui fut par ailleurs l'éditeur de plusieurs ouvrages de Lesbroussart. Qu'un périodique ait pu paraître à Bruxelles sans l'accord des autorités est impensable. Lesbroussart a sans doute été l'objet d'une faveur de la part d'un pouvoir qu'il sert fidèlement. Mais jusqu'à nouvel ordre aucun document n'a pas été retrouvé, ni supplique, ni permission tacite.

Au bout de six mois de publication, Lesbroussart mit volontairement un terme à son entreprise en l'annonçant par un communiqué inséré dans le nº 26 du 1er juillet 1786. Il déclare: «Des raisons, dont il est inutile de fatiguer le Lecteur, m'obligent à m'arrêter tout-à-coup dans la carrière où j'étois entré». Les souscripteurs d'abonnements à l'année pouvaient retirer le montant des six mois à venir.

Jeroom VERCRUYSSE

 

Δ 214. Sur la date exacte de la naissance et du décès de Lesbroussart les sources imprimées se contredisent. Nous nous fondons sur l'examen des registres de baptême d'Ully Saint-Georges (Archives départementales de l'Oise) et de décès de Bruxelles (Archives de la Ville, Décès 1818/2402). Nous avons également dépouillé les archives du Conseil privé (Bruxelles, Archives générales du royaume, Conseil privé, 1058 A, 1066 A) et de l'Académie (Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des arts de Belgique, Archives, 3041). Pour les sources imprimées, voir Biographie académique (Bruxelles, 1855); Index biographique des membres correspondants et associés de 1769 à 1884 (Bruxelles, 1984); F. Loise, article «Lesbroussart», Biographie nationale (Bruxelles, 1892-1895), XII, p. 2-3; E. Mailly, Histoire de l'académie impériale et royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles (Bruxelles, 1883); G. de Stassart, Notice sur Lesbroussart, Œuvres complètes (Paris, 1855), p. 473-474.

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)