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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 732 JOURNAL ÉTRANGER 1 (1754-1762) 1] Titres Journal Etranger Ouvrage Périodique. 2] Dates Avril 1754 - septembre 1762, 45 volumes. Privilège: 19 mars 1753. Le prospectus à l'état séparé, date probablement de janvier 1754; inséré dans le Journal étranger d'avril 1754, à la suite de la préface. Prospectus d'un nouveau Journal étranger, Bruxelles et Paris, M. Lambert, 1760, xxx p., par Arnaud et Suard (Paris, coll. part.). Périodicité annoncée: un volume par mois plus un volume surnuméraire tous les trois mois, c'est-à-dire 16 volumes par an. Mais la périodicité réelle fut de 12 volumes par an (les 4 volumes surnuméraires supprimés par Fréron). Livraisons: 12 par an, c'est-à-dire 12 volumes; 8 volumes pour 1754, 9 volumes pour 1755 (vol. supplémentaires en juin), 12 volumes pour les années suivantes, 9 volumes pour l'année 1762, la publication se terminant avec la parution du volume IX du mois de septembre. 3] Description Deux mois successifs reliés en un volume, 240 p. par volume. Cahier de 24 p., 94 x 170. Devise: Externo robore crescit Claudius. Illustrations: quelques planches d'histoire naturelle, d'archéologie; airs de musique avec partition. 4] Publication Paris. A Paris et Bruxelles pour la livraison de janvier 1760. Editeur: Durand, rue Saint-Jacques. Libraires associés: Pissot, quai de Conti, et Saugrain le fils au Palais. Duchesne, au temple du Goût, remplace Durand en octobre 1754; Michel Lambert, rue et à côté de la Comédie-Française, au Parnasse, édite et vend le journal à partir de septembre 1755 jusqu'en février 1760 (inclus); François Quillau, rue Dauphine, remplace Lambert en mars 1760 et vend le journal jusqu'à la fin de sa parution. Imprimeur: Louis Callot, son nom ne figure qu'à la fin du Journal de mars 1760. Adresse, rue Dauphine. La liste des souscripteurs est publiée par Prévost dans le Journal d'avril 1755. Nombre de souscripteurs nommés: 976; nombre de souscripteurs dont le nom n'est pas encore connu: 521. Total: 1497 souscripteurs. Le Journal étranger était tiré à 2000 exemplaires. 5] Collaborateurs Ignace Hugary de LA MARCHE-COURMONT, fondateur. Auteurs ou directeurs successifs: GRIMM, qui en février et mars 1754 prépara la livraison d'avril 1754 avec la collaboration de J.J. Rousseau pour la Préface; Vincent-François TOUSSAINT (avril 1754 - août 1754); l'abbé PRÉVOST (janv. 1755 - juil. 1755); Elie FRÉRON (sept. 1755 - août 1756); Alexandre DELEYRE (sept. 1756 - départ probable mars 1757); Anne-Gabriel MEUSNIER DE QUERLON (avril 1757 - déc. 1758); François ARNAUD (janv. 1760 - sept. 1762). Collaborateurs réguliers: Jean-Pierre MOET (avril 1754 - août 1754), chevalier d'ARCQ (août 1756 - déc. 1758), Jean-Baptiste SUARD (janv. 1760 - sept. 1762). Occasionnels: Anne-Gabriel Meusnier de Querlon, Turgot, Diderot. 6] Contenu Contenu annoncé (Prospectus 1754): «Rassembler les connaissances, les découvertes et les chefs d'œuvre de tous les articles, de tous les savants du monde en tout genre et dans toutes les langues vivantes». Contenu réel: nouvelles littéraires d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, du Portugal, du Danemark, de Pologne. Centres d'intérêt: histoire, sciences, belles-lettres. Auteurs: pour l'Angleterre, David Hume, Samuel Johnson (extraits du Idler), Ossian; pour l'Allemagne: Wilhelm Rabener, Christian Gellert; pour l'Italie, Francisco Algarotti, Antonio Cocchi, Antonio Conti; pour l'Espagne, R.P. Feijoo. Chaque journal est suivi soit d'une table des articles soit d'une table des matières. 7] Exemplaires B.N., Z 21730-21774; – Zz 3841-3860, des articles à l'état séparé avec notes manuscrites, probablement des épreuves d'imprimerie; Bibliothèque de Versailles, 47 volumes (Olivier 1252); Ste G.; B.L.; B.R. Bruxelles. 8] Bibliographie H.P.L.P., t. III, p. 112-113; H.G.P., p. 304-308. Presse du temps: Le Censeur hebdomadaire, Gazette d'Amsterdam, 26 nov. 1756; Bachaumont, M.S.;Novele Litterarie de Lami, Florence, 18 janvier 1754. – Hunter A., Jean-Baptiste Suard, une introduction de la littérature anglaise en France, 1925. – Jonard N., «Le Journal étranger comme intermédiaire en France de la littérature italienne, Revue de littérature comparée, 1965, t. 39, p. 577-588. – Labriolle M.R. de, «Le Journal étranger», Australian journal of French studies, 1981, vol. XVIII, nº 2. – Idem, «Le Journal étranger dans l'histoire du cosmopolitisme littéraire», Studies on Voltaire, t. LVI, 1967. – Sgard J., «Les souscriptions du Journal étranger, dans La Diffusion, p. 89-99. Historique C'est en novembre 1752 qu'Ignace Hugary de La Marche-Courmont demanda à Malesherbes, directeur de la Librairie, l'obtention d'un privilège officiel pour la publication d'un périodique mensuel intitulé le Journal étranger. Le privilège fut enregistré le 19 mars 1753. La Marche, pour des raisons personnelles et par manque de moyens financiers, abandonna son projet, qui fut repris par un homme d'argent, Douin de Courcelles. La parution du premier journal fut annoncée dans un prospectus diffusé en France et à l'étranger pour le mois de janvier 1754. Pour donner plus d'éclat à ce nouveau journal, Courcelles s'adressa à Rousseau et à Grimm à qui il demanda de rédiger une préface exposant l'esprit et la portée du Journal étranger. Devant les difficultés matérielles et les dissensions parmi les associés, ces deux écrivains se retirèrent dès février 1754. Toussaint fut alors chargé par Courcelles d'assumer la direction du journal, dont le premier numéro parut en avril 1754. A la suite d'une querelle avec les auteurs des Nouvelles ecclésiastiques qu'il rendit publique, Toussaint fut démis de ses fonctions en août 1754. Courcelles se tourna alors vers l'abbé Prévost qui accepta de prendre la direction du Journal étranger. Dès novembre 1754, l'abbé Prévost avait publié son programme dans un Avertissement qui fut soumis au Conseil du roi. Son premier journal parut en janvier 1755. Sous sa direction, le périodique connut un grand succès, mais les efforts de l'abbé Prévost se ralentirent à partir de juin 1755, et il se retira de la direction à la fin de juillet 1755. La feuille du mois d'août fut composée avec les articles laissés dans son porte-feuille. Il fut remplacé par Elie Fréron sur la recommandation du libraire-imprimeur Michel Lambert, éditeur de L'Année littéraire. Fréron resta à la tête du journal jusqu'en septembre 1756; il fut contraint de donner sa démission sous la pression de ses ennemis les philosophes qui proposèrent Alexandre Deleyre, ami de Rousseau et de Diderot. Malgré la collaboration active du chevalier d'Arcq et les nombreux correspondants étrangers qui lui procuraient des articles et des traductions de livres étrangers, Deleyre s'acquitta de sa tâche avec peine et se retira en mars ou avril 1757. Meusnier de Querlon, auteur des Petites Affiches de province, poursuivit la publication du journal sans grande exactitude. Chaque livraison paraissait avec l'annulation du privilège si le journal était publié avec trois mois de retard. L'arrêt fut rendu le 21 juillet 1759 et le privilège exclusif supprimé pour les journaux littéraires. A peine le Journal étranger fut-il interdit que le chevalier d'Arcq et l'abbé Arnaud sollicitèrent un nouveau privilège pour faire reparaître le Journal étranger. Le chevalier d'Arcq fut écarté. L'abbé Arnaud poursuivit ses démarches auprès de Malesherbes qui lui refusait le privilège exclusif. Devant ce refus, l'abbé Arnaud s'adressa au Dauphin, qui accorda son patronage à condition que le privilège officiel fût de nouveau accordé par la Librairie. Dans l'attente de la décision de Malesherbes, l'abbé Arnaud fit paraître sans autorisation le journal en janvier et en février 1760. Néanmoins la dédicace au Dauphin parut en tête de journal de mars avec une permission simple accordée pour trois années consécutives. Avec le concours de Diderot, Jean-Baptiste Suard et Turgot, le Journal étranger, sous la direction de l'abbé Arnaud, se fit une grande renommée dans le monde des lettres cosmopolite. Cependant les retards de parution devenaient de plus en plus grands; le dernier journal, celui de septembre 1762 ne fut approuvé que le 31 mars 1763. Les comptes rendus et les extraits d'ouvrages sur la littérature, l'histoire et le développement de la science expérimentale de l'Angleterre tiennent la place la plus importante dans le Journal étranger, mais les sources ne sont pas toujours originales, elles proviennent le plus souvent de magazines anglais: The Gentleman's Magazine, The London Magazine, The Monthly Review et The Critical Review. Ce qui concerne la production littéraire et scientifique de l'Allemagne constitue la partie la plus originale du Journal étranger. Les lecteurs sont tenus au courant des œuvres poétiques, romanesques et historiques d'auteurs contemporains pour la plupart ignorés en France. L'Italie, qui passe à cette époque pour être sur son déclin, trouve dans le Journal étranger des défenseurs avec l'abbé Prévost, Deleyre et l'abbé Arnaud. De nombreux articles leur sont envoyés par leurs correspondants de Florence, Rome, Naples et Venise. Le commerce avec l'Espagne et le Portugal se ressent de la sévère réglementation et des décrets de l'Inquisition; on constate cependant que l'on souscrit au Journal dans diverses ambassades d'Espagne. A Lisbonne il se vendait chez deux libraires et l'on comptait dans cette ville une trentaine d'abonnés. Les lecteurs sont régulièrement tenus au courant de ce qui se publie dans les pays du Nord: en Suède où règne la très francophile Louise-Ulrique, sœur de Frédéric II, où paraît la Gazette française de Stockholm. Les nouvelles parviennent aussi du Danemark et des Pays-Bas. De la Pologne qui compte 35 lecteurs et un libraire français à Varsovie, arrivent des ouvrages sur l'histoire de la nation. Enfin de la lointaine Russie sont acheminés des Mémoires de l'Académie de Saint-Pétersbourg. M.R. de LABRIOLLE
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