ISSN 2271-1813 ...
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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 671 JOURNAL DE MÉDECINE 2 (1686) 1] Titres Journal de médecine ou observations des plus fameux Medecins, chirurgiens, et anatomistes de l'Europe, Tirées des Journaux des Pays Etrangers, et autres Memoires particuliers. 2] Dates Avril - octobre 1686. En fait, ce Journal parut de la mi-mai à août 1686, puis en avril, ou mai, 1687 pour la dernière livraison réunissant août, septembre et octobre 1686. 3] Description Quatre livraisons à pagination discontinue et de taille irrégulière, réunies en un volume. 1re livraison, avril 1686, 60 p.; 2e, mai 1686, 47 p.; 3e, juin et juil. 1686, 58 p.; 4e, août, sept. et oct. 1686, 304 p. Format in-12, 90 x 165. 4 planches hors-texte. 4] Publication Paris, chez Daniel Hortemels, au bas de la rue de la Harpe, au Grand Mécénas. 5] Collaborateurs Créé par l'abbé Jean-Paul de LA ROQUE qui confia l'exécution de l'ouvrage à Jean (ou Claude) Brunet. 6] Contenu Contenu annoncé: mémoires particuliers et extraits de journaux étrangers concernant la médecine. Contenu réel: presque uniquement des mémoires. 7] Exemplaires B.N. 8º T33 8 et 9; Faculté de Médecine, 90052. 8] Bibliographie Sources manuscrites: A.N., Minutier central I, 194, 28 nov. 1681, Inventaire après décès de l'abbé Jean-Paul de La Roque; B.N., ms. f. fr. 24471, Recueil de quelques nouvelles journalières de la République des Lettres (du père Léonard). Sources imprimées: Antoine Furetière, Dictionnaire, art. «Journal»; Nouvelles de la République des Lettres, août 1686, p. 150; Pièces fugitives (A. Tricaud et J. Du Périer), 1704, t. I, p. 347 et suiv. Nous remercions Jean-Robert Armogathe pour sa gracieuse autorisation à consulter son mémoire de maîtrise resté manuscrit, Une secte fantôme au XVIIIe siècle: les égoïstes, Paris, 1970. Historique La publication en 1686 du deuxième Journal de médecine témoigne des ambitions éditoriales de l'abbé de La Roque; détenteur d'un monopole d'édition des nouvelles du livre et des sciences qui lui laissait des latitudes pour la périodicité et le format, il tenta plusieurs fois de réaliser des prolongements de la revue qui s'appuyaient sur ce privilège: le Journal des savants, in-4º. Ainsi La Roque réalisa, ou envisagea, successivement une édition in-12 de ce Journal, des Miscellanea réunissant des mémoires trop longs pour y trouver place, le premier Journal de médecine de 1683 et même un Journal ecclésiastique sur la commission de l'Assemblée du clergé de 1685. En tête de la première livraison, un avertissement affirmait que la revue continuait le Journal de médecine de 1683, dont il attribuait l'interruption à la conjonction de la mauvaise santé de l'abbé de La Roque et de «la négligence de ceux à qui il avoit commis la conduite et la publication». Produite par Daniel Hortemels, peut-être orienté vers une revue médicale par son commerce de livres allemands, et placée sous l'invocation d'un privilège, pas reproduit, qui semble être celui du Journal des savants, la revue annoncée comme mensuelle parut irrégulièrement, quatre fois. A la mi-mai 1686, le Journal des savants signala le premier numéro qui portait la date d'avril, celui de mai sortit sans doute en juin, enfin le dernier Journal de médecine pour août, septembre et octobre 1686 porte «achevé d'imprimer ce mois d'avril 1687». Cette quatrième livraison s'annonçait comme un Supplément du volume des Journaux de médecine réalisé par le Sieur B., initiale qui révèle le Brunet qui signa en avril 1686 un accord par lequel l'abbé de La Roque lui confiait le soin de «composer, faire imprimer et débiter le Journal de médecine» (Inv.). Pas totalement identifié par Jean-Robert Armogathe, ce Jean ou Claude Brunet ne figure pas parmi les libraires parisiens de ce nom recensés par Lottin, mais il apparaît en décembre 1694 dans les notes du père Léonard, selon lequel il prépare une nouvelle revue, Le Progrès de la médecine, et «a autres fois travaillé pour feu l'abbé de La Roque», relations confirmées en 1704 par Flachat de Saint-Sauveur qui signale sa participation à l'une des conférences académiques de La Roque, en présence de Pierre-Sylvain Régis. Quelles que soient les idées et l'identité réelles de ce journaliste, tout ceci témoigne qu'à l'imitation des héritiers de Renaudot, le rédacteur du Journal des savants exploita son privilège en créant un surgeon de sa revue dont il sous-traita la réalisation pour quatre ans à Brunet, contre une rente de deux cents livres (Inv.). Si le titre de l'ouvrage annonçait des observations médicales et des mémoires repris des journaux étrangers, la préface précisait que les auteurs entendaient «donner quelque préférence aux naturels du pays», sans doute pour attirer la clientèle des médecins français auxquels on promettait tout à la fois un moyen d'information et «une voye commode de faire connoître leur mérite». Ainsi les journalistes tiraient-ils les leçons du Journal de médecine de 1683 et de la formule de Nicolas de Blégny: associer une publicité rédactionnelle pour des remèdes à la promotion de praticiens. La réalisation ne correspondit pas exactement à ce programme: les trois premiers numéros de la revue offrirent presque uniquement des observations médicales, anonymes ou d'auteurs obscurs, sauf deux remarques anatomiques de Du Vernay, et les deux seuls extraits de journaux étrangers provenaient des Miscellanea curiosa medicophysica, ce qui renvoie probablement au commerce de Daniel Hortemels. Bayle présenta le Journal de médecine, dans ses Nouvelles d'août 1686, comme une reprise de celui de 1683 et reconnut, avec une pointe d'ironie à l'égard du journaliste, la nécessité d'une revue spécialisée dans cette matière: «parce qu'on ne peut parler des livres de Médecine sans choquer souvent les oreilles chastes». Si le contenu l'apparente à ses devancières, l'originalité de cette revue réside dans sa disposition: elle reproduisit, pour la première fois en France, la distinction, inventée par Bayle pour ses Nouvelles, des diverses sections d'une livraison par l'en-tête «Article» suivi d'un chiffre romain; elle utilisa aussi une forme de composition en tiroirs en divisant la plupart des articles en deux parties, un mémoire suivi d'observations, rédaction à deux voix qui suggère au lecteur l'existence d'un débat académique et ajoute un sceau de validité aux observations rapportées. L'arrêt de la revue pendant plus d'un semestre jusqu'à la parution, vers avril 1687, du Supplément qui offrait sur plus de trois cents pages des «Nouvelles conjectures sur les organes des sens», reflète la crise qui toucha le Journal des savants lorsque le chancelier Boucherat voulut obliger l'abbé de La Roque à s'adjoindre plusieurs collaborateurs. L'interruption du Journal des savants après son unique numéro de janvier, et les manœuvres qui permirent sa reprise, se répercutèrent sur le Journal de médecine, dont la création fut peut-être reprochée à La Roque, et elles aboutirent à la disparition de cette revue. Assez marquant pour qu'Antoine Furetière le cite comme exemple, après le Journal des savants, dans l'article «Journal» de son Dictionnaire avec la remarque: «ce sont des relations de ce qui se trouve de nouveau dans les sciences, des livres qu'on a imprimez», cet essai de Journal de médecine (et celui de 1683) s'inscrit dans un mouvement de création de revues spécialisées qui se développe pendant le dernier quart du XVIIe siècle, et sa disparition peut s'expliquer autant par la réaction des autorités que par son manque d'adéquation aux attentes d'un public. Témoignage d'un échec, le petit volume de 1686 mérite néanmoins quelque attention comme l'un des jalons dans l'invention des formes de mise en page et de composition des textes particulières aux périodiques. Jean-Pierre VITTU
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