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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 625 JOURNAL BRITANNIQUE (1750-1757) 1] Titres Journal Britannique par M. Maty, Docteur en Philosophie et en Médecine. Continué par: Journal Britannique par M. de Mauve (1756-1757). 2] Dates Janvier 1750 - décembre 1755. 18 volumes (24 avec les 6 volumes publiés par de Mauve). Le Projet d'un nouveau journal (sans date) annonce le programme du journal. Périodicité mensuelle (janv. 1750 - avril 1752); puis bimensuelle (mai 1752 - déc. 1755). 12 livraisons par an (1750-1752), puis 6 (1752-1755). Datation des volumes: I, janv.-avril 1750; II, mai-août 1750; III, sept.-déc. 1750; IV, janv.-avril 1751; V, mai-août 1751; VI, sept.-déc. 1751; VII, janv.-avril 1752; VIII, mai-août 1752; IX, sept.-déc. 1752; X, janv.-avril 1753; XI, mai-août 1753; XII, sept.-déc. 1753; XIII, janv.-avril 1754; XIV, mai-août 1754; XV, sept.-déc. 1754; XVI, janv.-avril 1755; XVII, mai-août 1755; XVIII, sept.-déc. 1755. Tomes XIX à XXIV publiés par de Mauve en 1756-1757. 3] Description Les vol. I-VII sont composés de quatre parties de 120 p.; les vol. VIII-XVIII de deux parties de 240 p. En général 480 p. par volume; il n'y a que le vol. XVIII qui dépasse les 500 p. Cinq feuilles petit in-12 pour chaque partie. Devise: Colligit. Chaque volume contient un frontispice emblématique représentant une lentille avec la devise Colligit. La page de titre de la 1re partie de chaque volume porte une vignette avec la devise Paulatim. Les pages de titre des autres parties ont une autre vignette avec la devise «Peu à Peu». 4] Publication «Dr. Maty, in Thrift Street, Soho, London». Une liste d'adresses à Londres où on peut laisser des messages et lettres est donnée dans les annonces du 1er février 1750 et du 17 mai 1750 du London Evening Post (le Projet avait donné «Hollen Street, Soho», l'auteur déménagea). La Haye, H. Scheurleer, fils, marchand libraire dans le Hout-Straat. Libraire associé: peut-être Luzac de Leyde. Imprimeur: H. Scheurleer, fils (Luzac lui offrit sa presse en 1749). Le prix d'un numéro en Hollande était de 7 s. (6 d. en Angleterre) et après 1752 11 s. pour la publication bimensuelle. Le prix d'un volume relié était un florin (2 sh. 6 d. en Angleterre, ou 3 sh. en cuir). Voir Avertissement du vol. XVI, p. 192. Tirage estimé à 500. 5] Collaborateurs Matthieu MATY (1718-1776), seul auteur de 1750 à 1755. Fondateur: H. Scheurleer, fils. De MAUVE de 1756-1757. Collaborateurs réguliers: Jean Des Champs, Paul Maty (père de l'auteur), César de Missy, John Jortin, C.R.O. [?], Jacques François Barnouin, David Durand. Collaborateurs occasionnels: E. Palairet, Noltenius, J.T. Needham, J. Du Plessis, J. Kirkpatrick, E. Bolton, W. Heberden, D. Layard. 6] Contenu L'auteur se propose de recenser uniquement les publications d'Angleterre. Le Projet (qui se trouve relié avec le premier volume de la collection de la B.N.) promet que le Journal britannique parlera de tout. «On passera, sans scrupule, du Sermon à la Poésie badine, & de la Métaphysique au Roman... Le Physicien, le Géomêtre, l'Antiquaire, le Théologien, l'homme de goût, également juges de notre travail, en seront également les objets». Contenu réel: comptes rendus détaillés des livres nouveaux; parfois des lettres, un article original ou un poème. Nouvelles littéraires. Sujets très variés: théologie et morale, droit et politique, médecine et chirurgie, histoire naturelle et physique, arts et sciences, histoire, littérature et miscellanées (à savoir: ouvrages d'esprit, recherches, critiques, pièces satiriques et romans). Principaux centres d'intérêt: belles-lettres (77 articles), théologie (59), histoire naturelle et physique (57), médecine (33), histoire (23), philosophie (19), antiquités (16), droit et commerce (11), géographie et voyages (10), les arts (18). Principaux auteurs étudiés: J. Milton, E. Spenser, A. Pope, W. Shakespeare, S. Johnson, T. Gray, H. Fielding, S. Richardson, J. Leland, Bolingbroke, G. Berkeley, D. Hume, F. Hutcheson, A. Shaftesbury, W. Warburton, J. Tillotson, C. Middleton, J. Foster, B. Franklin, W. Heberden, J. Kirkpatrick, J. Pringle, W. Smellie, W. Hogarth, C. Wren. A la fin de chaque tome il y a une table des matières. En 1763, J. Wetstein à Leyde publiait une Table générale des matières pour le «Journal Britannique de Mr. Maty» qui fait le 25e volume de la collection (18 volumes de Maty + 6 volumes de M. de Mauve). Cette table est assez rare. 7] Exemplaires B.R. La Haye, 194kl; B.N., Z 51138-51161. Autres collections complètes: bibliothèques universitaires des Pays-Bas: Utrecht, Leyde, Amsterdam; B.L.; Ars.; Deutsche Staatsbibliothek (Berlin); B.U. Göttingen; B.P.U. Genève; Newberry Library, Chicago; Huntington Library, Los Angeles. Le premier volume de la collection de la B.N. contient non seulement le Projet mais aussi une longue liste de libraires en Angleterre et en Europe chez qui l'on pouvait trouver le Journal (outre La Haye, il y a 69 libraires). 8] Bibliographie B.H.C., p. 39; G.H., p. 217. Mentions dans la presse du temps: Mémoires de Trévoux, janv.-mars 1750, p. 568-572; sept.-déc. 1750, p. 2712-2728; janv.-mars 1751, p. 409-429. London Evening Post, 1er févr. 1750 et 17 mai 1750; Nouvelles littéraires (Pierre Clément), Lettre XII, 15 juil. 1754, p. 4; Bibliothèque impartiale, t. I (mars-avril 1750), p. 309. – Van Stockum W.J., La Librairie, l'imprimerie et la presse en Hollande à travers quatre siècles, La Haye, 1910, t. I, p. 16. – Janssens U., Matthieu Maty and the «Journal britannique», 1750-1755, Amsterdam et Maarssen, Holland University Press, 1975 (histoire détaillée du Journal et une biographie de son auteur avec une analyse du contenu et un index). Historique En 1749, le libraire Henri Scheurleer fils engagea Matthieu Maty pour que ce dernier se mît à rédiger un journal consacré uniquement à l'Angleterre. Né au Pays-Bas de parents français, Maty s'était établi à Londres en 1740. Le premier numéro du Journal britannique (janv. 1750) parut le 1er février, et fut annoncé dans le London Evening Post du même jour. Quelques mois plus tard, le 17 mai, le même journal annonça le 4e numéro du Journal britannique qui venait de paraître «complétant le premier volume». Jointe à cette annonce on trouve une liste de 15 libraires qui l'avaient en stock. La Préface du journal ne parut que dans le quatrième numéro, l'auteur ayant eu «dessein de recueillir les avis et les critiques de ses juges pour se confirmer dans son Plan ou pour le rectifier». Dans son Projet Maty avait indiqué qu'il serait seul dans cette entreprise «car en multipliant les Auteurs, peut-être multiplie-t-on les défauts d'un Ouvrage». «Pour penser avec liberté, il faut penser seul», c'était sa devise. Le journaliste promit dans sa Préface de ne jamais abandonner sa plume «à l'esprit de parti, de secte ou de système». Il ne voudrait pas non plus «suivre aveuglément la foule», ni «être inutilement singulier». Pendant six ans Maty resta fidèle à sa promesse. Le Journal parut régulièrement, à savoir tous les mois jusqu'au premier volume de l'année 1752. En mai 1752, dans le 8e volume, Maty annonça qu'il avait eu à l'origine de bonnes raisons pour faire paraître la revue tous les mois, mais que les libraires avaient tellement insisté qu'il avait fini par céder «en ne publiant plus que tous les deux mois une partie double». Le Journal de Trévoux loua Maty pour l'exactitude de ses comptes rendus et pour le choix de ses Nouvelles littéraires. Le travail pesa parfois lourd; ainsi en octobre 1754 Maty écrivit-il à G.L. Lesage à Genève: «j'ai songé à briser mes chaînes [d'auteur à gages]; ou plutôt le terme de quatre ou cinq ans que je m'étois proposé, est expiré». Néanmoins, il continua la rédaction du Journal britannique jusqu'à la fin de l'année 1755. En 1756 d'autres occupations, notamment sa nomination comme bibliothécaire au British Museum, mirent fin à son travail journalistique. Cependant le succès du Journal britannique avait été si grand que Scheurleer voulut continuer la revue en cherchant un remplaçant pour Maty. A partir de janvier 1756 il y a un nouveau Journal britannique, cette fois-ci entièrement rédigé par un certain de Mauve, qui écrivit dans sa Préface: «Deux raisons m'ont engagé à travailler avec précipitation, l'impatience du Public & l'empressement du libraire. Comme on attendait depuis plus de deux mois le 1er volume, il m'a pressé, pressé, sollicité...». Le vol. XIX, premier volume par de Mauve, parut en juin 1756; il fut aussitôt fort critiqué par la Bibliothèque des sciences et des beaux arts (t. V, p. 250); «Deux journaux pour la Littérature Angloise ont remplacé celui du Dr. Maty. L'un sous le titre de Bibliothèque Angloise paraît chez Gosse & Van Dalen... l'autre se débite chez Henri Scheurleer sous le titre du Journal britannique. Il est de Mr. de Mauve. Nous pardonnons à ce nouveau journaliste de traduire le Monthly Review dans son ouvrage, sans en avertir le public; mais nous osons le prier de traduire fidèlement... Enfin on voit par là ce qu'on doit attendre de Mr. de Mauve». Il est vrai que la plupart des 106 articles publiés dans les six volumes par de Mauve (XIX-XXIV) sont copiés de la Monthly Review ou de la Critical Review, et que le reste ne consiste qu'en de longs extraits traduits et empruntés directement aux livres mêmes. En plus, son choix est très limité. Sans doute de Mauve manquait de goût, de cette diversité de connaissances et de cette grande érudition dont Maty avait disposé. Il ne comprit rien aux sciences et à la médecine, et il admit franchement son incompétence en économie. S'il a fait preuve d'un certain goût pour les belles-lettres, il n'y a consacré que peu d'attention; la plupart de ses articles se rapportent aux œuvres théologiques ou historiques. Mais ce qui constitue la différence la plus saillante entre le Journal britannique de Maty et celui de Mauve c'est que ce dernier ne résidait pas en Angleterre et n'était donc pas à proximité de tout ce qui sortait des presses britanniques, ni de ces cercles littéraires de Londres où l'on discutait les dernières nouvelles littéraires. Mauve abandonna le Journal britannique après deux ans, en 1757. Il semble que Scheurleer ait perdu beaucoup de souscriptions après le départ de Maty, car beaucoup de séries conservées jusqu'à présent n'ont que les premiers dix-huit volumes du journal. La continuation du Journal britannique par de Mauve a donné lieu à beaucoup de confusion parmi les bibliographes, et rares sont les descriptions correctes dans les catalogues. Uta JANSSENS
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