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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 528 GAZETTE DE STOCKHOLM (1742-1758) 1] Titres Stockholm. Gazette. Les deux premiers numéros portent Stockholm / Avec Privilège / Gazette. Les livraisons de l'année 1758 sont intitulées Gazette / de Suède. 2] Dates 8/19 janvier 1742 - 7 mars 1758. Date du privilège: probablement fin 1741. Hebdomadaire; trois ou quatre jours après la publication d'un numéro (de 4 p. en général), paraissait un supplément (de 2 p.), de sorte qu'on pourrait parler de 104 livraisons par an. Il semble que les collections des années de la Gazette de Stockholm aient été reliées plus d'une fois. Ainsi l'Université d'Upsal possède toutes les années en 6 vol., mais l'année 1756 se répartit sur les vol. 5 et 6. A Göteborg se trouvent 5 volumes, mais il y a lieu de croire que les années qui y manquent ont formé plus d'un volume. 3] Description Cahier: 150 x 210, in-4º. Illustrations: voir historique. 4] Publication Stockholm. Editeurs: Peter Momma, puis Jakob Röding. Imprimeurs: Peter Momma, directeur de l'Imprimerie royale, puis Petter Jöransson Nyström. Pour souscrire on pouvait s'adresser aux éditeurs; depuis le début de l'année 1753, on trouvait des billets de souscription à la Bibliothèque royale, à l'imprimerie de P.J. Nyström «dans l'hôtel Torstenson sur le marché du faubourg de Nord», ou dans la librairie de L. Salvius, «ruë Vestra lang-gatan»; au début de l'année 1756 chez Jean Crés, «Marchand, sur le Pont du Nord», et à partir du 20 juillet 1756 chez le marchand-chapelier Jean Clarin (Clarén), dans la «Storkyrkobrinken», et vers la fin de l'année 1757, on ajoute «dans tous les bureaux de postes de Suede & des pays étrangers». Pour le prix et le nombre des abonnés, voir historique. 5] Collaborateurs Fondateur: Peter MOMMA. Auteurs et directeurs successifs: Peter Momma, 1742-1752; Jakob Röding, 1753-1758. 6] Contenu Contenu annoncé: des nouvelles suédoises et étrangères; des actes publics. Contenu réel: 1) Des nouvelles politiques de toute l'Europe et même de pays plus éloignés; des copies ou des extraits de traités, de discours, de lettres, de mémoires scientifiques; le lieu de provenance et la date servent de titre; des nouvelles de Suède; 2) A partir du nº XLVI de l'année 1745, on donne, avec certaines interruptions, des nouvelles littéraires; 3) De la publicité. Les années 1742 et 1743 contiennent chacune une Table des actes, mémoires, traités & autres pièces qu'on trouve dans la Gazette de Stockholm ainsi qu'une Table alphabétique des noms & matières... 7] Exemplaires B.U. Uppsala, Sv. tidning Stockholm; B.R. Stockholm, Tidning äldre (Stockholm): 14 janv. 1743 - 26 déc. 1746, 2 janv. - 14 août 1747, 2 janv. 1748 - 20 déc. 1750, 3 janv. 1752 - 7 mars 1758, ; – MfB 64: 1-2, sur microfilm: 8 janv. 1742 - 21 déc. 1744, 26 juin 1747 - 30 déc. 1748; B.U. Lund, Tidn., Sv.: nº 4, 1744, nº 38-39, 1745; B.U. Göteborg, Tidn. Sv. [Stockholm]: 1742-1743, 1746-1749, 1752-1755; B.U. Helsinki, P-3122: nº 23 suppl., 1753, nº 7-10, 12-18, 20, 21 suppl., 23-37, 39-42, 43 suppl., 44 suppl., 45-53, 1757, nº 1-2, 5-6, 1758. 8] Bibliographie Sylwan O., Svenska pressens historia till statshvälfningen 1772, Gleerupska Universitets-bokhandeln, Lund, 1896, p. 113-117. Historique La Gazette de Stockholm est le plus important des périodiques édités en français en Suède au XVIIIe siècle. Malgré l'échec essuyé en éditant le Mercure historique & politique, Peter Momma ne renonça pas à ses projets journalistiques. En septembre 1741 (deux ans après la disparition du Mercure) il demanda au Conseil royal de la Chancellerie la permission de publier une revue française. Le privilège lui fut concédé, ce qui dans ce cas impliquait que dans le nouveau journal les articles qui concernaient l'étranger ne seraient pas soumis à la censure; seuls les articles qui portaient sur la Suède devaient être examinés par deux membres du Conseil. Le premier numéro de la Gazette de Stockholm parut à la date du 8-19 janvier 1742. La datation fut «double» jusqu'au 16-27 février 1753. Le numéro suivant porte la date du 2 mars; c'est que le calendrier grégorien venait d'être introduit en Suède. Peter Momma rédigea d'abord lui-même la revue avec l'aide de sa femme, Margareta von Bragner. Vers la fin de 1748, au plus tard, la rédaction fut confiée à Jakob Röding, employé à la Bibliothèque royale et depuis 1743 précepteur chez Momma. Lorsque, en décembre 1752, Momma refusa de continuer l'édition, l'économie du journal se trouvant dans un état précaire, Röding s'adressa au Conseil royal de la Chancellerie pour solliciter une subvention. On lui accorda la permission de se servir des journaux étrangers auxquels le Conseil était abonné; ce fut tout. Ce non-obstant, Röding assuma seul la direction et sous son égide la Gazette continua à paraître jusqu'en février 1758. Sylwan (p. 116) se demande comment cela était possible (Röding recevait-il des subsides français?). Toujours est-il que les obstacles économiques subsistaient ou plutôt allaient s'aggravant, et en 1757 l'imprimeur, Peter Jöransson Nyström, poursuivit Röding en justice pour des dettes non payées. Ce fut le coup de grâce. A l'origine de la crise financière était sans doute le fait que la Gazette n'avait jamais réussi à trouver ni assez d'annonceurs ni assez d'abonnés. Ainsi, en 1752, les abonnés étaient au nombre de 100, les recettes étaient de 2400 Dalers monnaie de cuivre et les dépenses s'élevaient à 3000 Dalers. Le prix de souscription qui, dans les années 40, avait été de 15 Dalers, fut augmenté à 24 Dalers à partir de 1751. Le prix d'un numéro isolé fut en même temps augmenté de 8 à 10 s. (à la fin du nº XIII de l'année 1746, on dit en note: «Une Daler Copermynt [monnaie de cuivre] vaut un peu plus d'onze sous, Monnoie de France; & une Daler Silvermynt [monnaie d'argent] vaut environ 34 sous»). L'entreprise de Peter Momma était ambitieuse aussi bien pour la forme que pour le contenu. Momma avait pris pour modèle les gazettes françaises éditées en Hollande. Il s'intéressait particulièrement aux détails typographiques. Dès le début la typographie du journal était soignée, mais, au nº LII de l'année 1746, le rédacteur, qui recherchait apparemment la perfection, avertit ses lecteurs «que pour l'impression de cette Gazette on a fait fondre un Caractère tout neuf, dont on commencera à se servir à l'entrée de l'année qui vient». Le titre de chaque numéro portait dans son centre un écu représentant trois petites couronnes encadrées de feuilles et surmontées d'une plus grande couronne fermée. Cette vignette subissait avec le temps des modifications. Jusqu'au nº III, 1746, les initiales des numéros et des suppléments étaient enluminées. L'enluminure des numéros représentait une étoile rayonnante entourée d'une espèce de couronne ou de guirlande de feuilles dans un carré mesurant 22 x 22 mm, celle des suppléments un ange soufflant dans une trompette et se détachant sur un fond de ciel, le tout dans un carré mesurant 34 x 34. Le premier numéro commence par cette déclaration: «Comme c'est ici la première Gazette en langue françoise qui s'imprime en Suede, on a cru devoir avertir le Lecteur, qu'on s'attachera principalement à rapporter les nouvelles des Villes, Païs & Provinces de ce Royaume; qu'on n'omettra point celles des Païs etrangers; qu'on inserera les actes publics, autant qu'il sera possible comme la vérification des faits, & qu'on s'eforcera scrupuleusement à convaincre le Public d'une fidelité & impartialité entiere dans les recits; A la fin de l'année on fera à cette Gazette une Table des matiéres, afin qu'on puisse avec facilité retrouver les Actes, Noms & Faits qu'on y aura rapportés». Contrairement à ce que porte à croire cette déclaration, ce sont les nouvelles de l'étranger qui dominent. Elles sont datées non seulement de l'Europe, mais de l'Afrique, du Proche-Orient, des Indes et de l'Amérique. On relate des événements divers, on donne des copies, en extraits ou in extenso, de traités, de discours, de lettres, de mémoires scientifiques. Les nouvelles suédoises, qui sont placées après celles de l'étranger, concernent la Cour, l'armée et les régiments, les promotions, le marché des changes, le théâtre, parfois aussi ce qui se passe en province. La publicité touche une gamme de denrées et de services extrêmement variée. On offre du vin, du tabac, des eaux de senteur, des viandes salées et sèches, des instruments de musique, des livres, des estampes, des soins dentaires et médicaux, des leçons de français, des maisons, des chevaux à carosse... Vers la fin de 1745 une rubrique littéraire est introduite (nº XLVI, 22 nov. - 3 déc.): «On donnera à l'avenir, le Vendredi de chaque Semaine avec le Supplément de cette Gazette, un feuillet de nouvelles literaires de tous les Païs, & l'on en fait le commencement aujourd'hui. Cette addition coutera par an, à compter du 1er janvier 1746, cinq Dalers monnoye de Cuivre outre le prix ordinaire de la Gazette; [...]» Sous le titre de Livres Nouveaux &c., on présente ainsi des titres de livres récemment publiés, des comptes rendus et des extraits. Le 20/31 décembre 1745, on y trouve même «Le programme de l'Académie des Sciences de Dijon». Après quelques années ces nouvelles disparaissent pour revenir en 1754 sous le titre de Nouvelles littéraires. Les principes qui ont guidé les rédacteurs de la Gazette sont la vérification des faits, la fidélité et l'impartialité dans les récits. Les promesses données dans la déclaration citée ci-dessus, ont été répétées et renforcées au début de l'année 1753, lorsque Jakob Röding avait succédé à Momma comme rédacteur. On lit sous la date du 12 / 23 janvier: «Nous serons plus attentifs que jamais, à rendre cette Gazette interessante, & à y faire regner une agréable variété: Aucun genre de nouvelles n'en sera exclu; Cependant on apportera un soin particulier à celles qui auront du raport à la politique & à l'histoire du tems. Dans cette vuë, on tâchera toûjours de verifier les faits, autant que faire se pourra, par les Actes publics & des pièces authentiques, de-sorte qu'on aura ici rassemblé ce qui est dispensé dans les principaux Journaux & Nouvelles étrangères. En un mot, rien ne sera oublié de tout ce, qu'on croira pouvoir contribuer toutes les semaines en quelque chose à l'instruction & à l'amusement des Citoyens». Il faut donc caractériser d'accident la publication de l'histoire suivante qui termine le supplément au nº XXXV de septembre 1749: «On apprend de Nyköping en Jutlande, que des pêcheurs de Haardbor avoient pris dans leurs filets, le 11 de ce mois, une Sirene, animal fort remarquable, dont la partie supérieure du corps a beaucoup de ressemblance avec le corps humain, & l'intérieure avec un poisson. Sa couleur est un jaune grisâtre, ses yeux à demi fermés, avec de longs crins noirs, & les doigts joints par la chair qui croit entr'eux, à peu près comme les pattes des canards. Cet animal marin a attiré beaucoup de monde au lieu, & éveillé la curiosité du public, étant regardé comme un Monstre à cause de sa rareté. Il y a bien des années qu'on n'en a vu dans ces mers septentrionaux...». Quelques semaines plus tard, la nouvelle est démentie: «L'apparition d'une Sirène à Nyköping en Jutlande, dont on fit tant de bruit il y a environ quinze jours, est un de ces contes, inventés à plaisir pour abuser de la curiosité du public, toujours avide de merveilles & de recits surprenans. La Gazette de cette ville revoque aujourd'hui elle même cette prétendue nouvelle, qui étoit d'autant plus propre à séduire, qu'elle étoit revetuë de toutes les circonstances qui caractérisent une Relation authentique». Ceci était une exception. L'impression générale de la Gazette de Stockholm est celle d'une publication faite avec un grand sérieux et avec beaucoup d'énergie et de vitalité, où l'on a voulu présenter les nouvelles vraiment intéressantes et importantes aussi exactement que possible, et, il faut l'ajouter, aussi vite que possible: la Gazette se vendait à Stockholm dès le lendemain de l'arrivée du courrier. La rédaction avait également soin qu'elle soit distribuée sans délai en province, ce dont témoigne cette notice du 8 juin 1753: «NB. Il est bon d'avertir ceux de nos lecteurs, qui demeurent dans les provinces, que si ces Gazettes ne leur parviennent pas régulièrement tous les ordinaires, ce n'est nullement nôtre faute, la Gazette étant toûjours distribuée à l'heure fixée». La Gazette de Stockholm vécut quinze ans. En comparaison avec d'autres publications du même genre, c'est déjà beaucoup. On peut évidemment regretter qu'un périodique de cette qualité n'ait pu survivre plus longtemps. Il faut cependant se rappeler que bien que le français fût au XVIIIe siècle la langue de tous ceux qui se voulaient civilisés, la nation suédoise était peu nombreuse et ceux qui parlaient ou lisaient le français en Suède faisaient une minorité très restreinte, même si l'on y inclut les quelques Français habitant dans le pays. Ce qui peut avoir restreint le nombre des abonnés éventuels encore plus, c'est le fait que la vie politique suédoise était dominée par la rivalité de deux partis, «Mössorna» (les Bonnets) et «Hattarna» (les Chapeaux). Les Chapeaux étaient soutenus par le gouvernement français. En rapportant les événements politiques français, la Gazette de Stockholm, malgré son impartialité affichée, tend à prendre parti pour le gouvernement contre les parlements, ce qui porte à supposer, comme le fait Sylwan (p. 114-115), que la Gazette avait des rapports avec les Chapeaux. Cette hypothèse est appuyée par le fait qu'un des Chapeaux, le chancelier des Universités, Palmstierna, conseillait la lecture de la Gazette dans les universités. Si, donc, les Chapeaux étaient favorables à la Gazette, les Bonnets l'étaient probablement moins. C'était par conséquent auprès d'un public très limité en nombre que la Gazette de Stockholm pouvait espérer trouver des lecteurs et des abonnés. Dans ces conditions, les quinze années nous paraissent une période de survie plutôt considérable. Barbro OHLIN
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