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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 52 AFFICHES DU PERCHE (1788-1789) 1] Titres Affiches, annonces et avis divers de la province du Perche. 2] Dates 6 janvier 1788 - 4 janvier 1789, date du dernier numéro paru (selon La Sicotière, qui eut en mains une collection complète). Feuille hebdomadaire, distribuée tous les dimanches. 3] Description Les Affiches du Perche sont imprimées sur 8 p. in-8º, longues lignes. Il s'agit d'une demi-feuille de papier carré (format non rogné 135 x 211). Les numéros étant paginés à la suite, l'année 1788 doit compter 416 pages et 52 numéros (dernier numéro, le nº LII, 28 déc.). Le nº XIV (6 avril) est suivi d'un «Supplément» de 4 p., paginées 1 à 4. La première page de chaque numéro est ornée d'une mince frise d'entrelacs, précédée de la numérotation, imprimée sur le côté gauche. Au-dessous, s'étend le titre, inséré sur trois lignes, puis la date, mentionnée entre deux minces filets horizontaux. 4] Publication «A Alençon, de l'Imprimerie de Malassis le jeune, Imprimeur du Roi, de Monsieur, et de l'Assemblée provinciale». Contrairement aux affirmations de La Sicotière (1894) et Duval (1894), il apparaît que les Affiches du Perche ne furent pas fondées par l'abbé Burat, mais par l'imprimeur Malassis, leur «directeur». L'abbé Burat, correspondant parisien de l'imprimeur, n'était que l'un des rédacteurs. Chaque feuille porte: «On souscrit en tout temps chez Malassis le jeune à Alençon, Imprimeur et Directeur de cette Feuille; ou à Paris, chez M. l'abbé Burat, Cloître Saint-Honoré». Fils de Louis Malassis, imprimeur à Alençon entre 1734 et 1764, Jean-Zacharie Malassis, dit Malassis le jeune, né en 1745, a exercé de 1770 à 1828. Les Affiches du Perche sont censurées par François-Louis de Courtilloles, lieutenant général de police du bailliage et siège présidial d'Alençon, qui accorde le «permis d'imprimer». Abonnement de «6 # pour Alençon, et de 7 # 10 s., port franc, pour les autres villes». 5] Collaborateurs Originaire de Mortagne, installé vicaire de Saint-Honoré à Paris depuis 1784, l'abbé Henri-Joseph-Edme BURAT (1755-1833) fut l'un des rédacteurs des Affiches du Perche. Qualifié de «rédacteur en chef» (Fret) ou de «principal rédacteur» (La Sicotière, 1890), il semble en avoir rédigé les recensions littéraires et quelques pièces en vers ou en prose (odes, épitres, fables, contes, etc.). Après avoir échappé aux massacres de septembre 1792, il fut un temps en Belgique, où il créa et dirigea le Journal d'Anvers. Revenu à Paris, il s'y consacra à l'éducation et publia quelques manuels scolaires (Fret). Son compatriote Louis-Charles-Nicolas Delestang (1756-1831), futur notable de Mortagne pendant la Révolution, sous-préfet sous l'Empire, paraît s'être spécialisé dans les bouts-rimés (énigmes, charades, logogriphes, etc.). Autre collaborateur, beaucoup plus âgé et de plus grande envergure, le médecin Pierre-Joseph Odolant-Desnos (1722-1811), correspondant de la Société royale de médecine, secrétaire perpétuel de la Société royale d'agriculture d'Alençon, membre des académies de Rouen et de Caen, ainsi que de la Société littéraire de Cherbourg, semble avoir rédigé la longue introduction historique occupant les trois premières pages du nº I (6 janv. 1788), tirée de ses Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs, 2 vol. in-8º publiés l'année précédente (1787) par Jean-Zacharie Malassis. Il débute en notant: «Je pense qu'il est nécessaire de commencer par donner une idée succincte de l'état ancien du Perche, avant d'entrer dans le détail de ce qui s'y passe chaque jour, par rapport à la partie ecclésiastique, à la partie civile et à la partie littéraire». Il publie le 2 mars suivant (nº IX), une longue «variété» de 4 p. sur l'histoire de Verneuil: la ville «n'est point au Perche», elle est normande. Cela lui vaut une querelle érudite avec son confrère académicien, le président de La Chesnaye, lieutenant général honoraire de Mortagne: «Je vous prie d'insérer dans vos premières feuilles mes réflexions pour rendre plus correct et ample le précis de l'histoire de Verneuil, où l'on ne peut voir sans une vraie satisfaction toutes les recherches qu'a faites M. Desnos, pour répandre sur cet article, comme sur tout ce qui sort de sa plume, l'intérêt et les lumières que la matière exige». Piqué au plus vif de son amour-propre, notre médecin n'hésite pas à faire les frais d'un «Supplément» de quatre pages où il répond point par point aux «observations de M. le Président de la Chesnaye»: «Je ne chercherai jamais, aussi bien que M. le Président, que la vérité, et on me trouvera toujours disposé à corriger les méprises, qui ne peuvent manquer de m'échapper, en débrouillant les antiquités du duché d'Alençon et du comté du Perche; lorsque ce magistrat, dont les lumières et les talents me sont connus depuis longtemps, voudra bien me les faire connaître, soit par la voie de l'impression, soit par la voie épistolaire. Je suis très reconnaissant des choses obligeantes qu'il veut bien dire sur mon compte; mais je le prie de vouloir bien permettre que je fasse le public juge entre nous sur le point de critique qui partage nos opinions» (nº XIV, 6 avril 1788). Leur faisant un large écho, les Affiches du Perche furent peut-être lancées afin de faciliter la vente des Mémoires historiques sur la ville d'Alençon. 6] Contenu Les Affiches du Perche débutent par la très courte énumération des saints à fêter au cours de la semaine. Suivent quelques pièces de vers: charade, fable, pièce plus ambitieuse, par exemple ce «diplôme de Rosati» adressé à l'imprimeur Knapen par Regnaut de Beaucaron, l'un des rédacteurs des Affiches de Troyes (23 nov. 1788). Vient ensuite une rubrique «Littérature», occupée par le compte rendu élogieux de tel ou tel ouvrage de librairie. Il arrive qu'elle soit accompagnée ou remplacée par les «Sciences et arts», avis proprement publicitaire sur l'un ou l'autre livre ou estampe. La rubrique «Variétés» constitue l'essentiel de l'Affiche: quelques événements de la vie locale (fête, incendie, trait de bienfaisance à Alençon, Bellême, Nogent-le-Rotrou, etc.), les articles historiques de Desnos, des récits tel ce «conte moral» des «Pantoufles d'Abu-Casem». Suivent quelques articles d'utilité sociale: recettes de remèdes, autres considérations médicales tirées de la Gazette de santé, articles dits «d'Economie» donnant de récentes inventions (blanchiment des fils et toiles, mastic isolant de l'humidité, etc.). La rubrique «Administration» se réduit à une liste des édits, ordonnances et arrêts du roi. En septième page sont insérés les «Avis divers», très peu nombreux, à peine un ou deux. Si peu nombreux que Malassis a dû réduire ses tarifs d'insertion, pour attirer les chalands. Il annonce dans sa première feuille: «Ceux qui feront insérer des demandes quelconques, pour des intérêts particuliers, ou qui annonceront quelque chose à vendre, doivent affranchir leurs lettres, et payeront douze sols par article». Le 2 mars suivant, le tarif est abaissé à 6 sols. Cette rareté des annonces, signe d'une probable faiblesse du nombre des abonnés, explique très certainement la rapide disparition de la feuille. Notons le 6 avril cette longue publicité du sieur Houet, «marchand menuisier, mécanicien, demeurant à Lonray près Alençon», qui entreprend «toutes sortes d'ouvrages de menuiserie, tant en bâtisse qu'en meubles, ou pour la décoration des églises». L'esprit des Lumières s'insère partout, même à Lonray, puisque notre menuisier «construit tous les instruments de physique, qui ont du rapport à l'art du menuisier; tels que des machines électriques qu'il fournit et dont il prouve la bonté par des expériences. Il y joint les accessoires, tels que des bouteilles de Leyde, batteries, tableaux magiques, pistolet de Volta, maison de tonnerre, etc. Il fait des électro-végéto-mètres, pour électriser par l'air, les plantes dans les jardins. Il construit les électromètres de M. Canton, pour reconnaître l'existence et les degrés de l'électricité naturelle ou artificielle. Il établit des paratonnerres, suivant les meilleurs principes connus, pour préserver les bâtiments de la foudre. Il fait des cadrans solaires, à l'aide d'un horographe ou instrument de mathématique, inventé par M. l'abbé Mignon, pour tracer mécaniquement, avec une grande précision et une extrême facilité, les méridiens sur les murs les plus irréguliers: il fournit tout à prix raisonnables. Les personnes qui voudraient lui donner leur confiance, pourront s'adresser à notre Bureau». Les Affiches du Perche s'achèvent sur quelques petites rubriques de service, irrégulièrement présentes: une mercuriale ou «prix des denrées» (nº I seulement), les résultats du tirage de la loterie royale (deux lignes assez régulièrement insérées), la «Conservation des hypothèques» (nº XXXXVII seulement, 23 nov. 1788). 7] Exemplaires L'abbé Fret a manifestement eu en mains une collection complète des Affiches du Perche. L. de La Sicotière également. Il s'agit peut-être du même «rare et précieux volume», La Sicotière ayant bien connu l'abbé Fret (voir la notice qu'il publia sur l'abbé en 1868). Peut-être cette collection dort-elle encore dans quelque bibliothèque privée des environs de Mortagne? Ainsi s'expliquerait son absence de la B.M. d'Alençon où elle aurait dû entrer avec le legs La Sicotière. Mentionnant les Affiches du Perche, L. Duval (1900, p. 47), ne parle pas de ce volume et précise simplement: «Nous n'en connaissons qu'un exemplaire qui fait partie de la bibliothèque de M. de la Sicotière, léguée à la ville d'Alençon». Un exemplaire que R. Jouanne (p. 1-2) ne parvint pas à feuilleter, puisqu'il déplore la disparition des Affiches: «Il [ce périodique] est mentionné dans le catalogue de la bibliothèque de M. de la Sicotière, mais nous regrettons aujourd'hui son absence dans la collection léguée par lui à Alençon». B.M. Chartres, Juss. R 453/24, quatre numéros, nº I (6 janv. 1788, p. 1-8), IX (2 mars 1788, p. 65-72), XIV (6 avril 1788, p. 105-112) et son «Supplément» (p. 1-4), XXXXVII (23 nov. 1788, p. 369-376). 8] Bibliographie Fret L.-J., Antiquités et chroniques percheronnes, ou recherches sur l'histoire civile, religieuse, monumentale, politique et littéraire, de l'ancienne province du Perche, et pays limitrophes, Mortagne, 1838-1840, t. III, p. 533-534 et 544, notices Burat et La Chesnaye. – La Sicotière L. de, Delestang: biographie et bibliographie, Mortagne, 1890, 16 p. (Documents pour la province du Perche, 4e série, sources de l'histoire du Perche). – Idem, Bibliographie des journaux du département de l'Orne, Le Mans, 1894, 32 p. (Extrait du Compte rendu du Congrès provincial de la Société bibliographique, tenu au Mans les 14 et 15 novembre 1893). – Duval L., «Le premier journal imprimé à Alençon», Revue normande et percheronne illustrée, nov.-déc. 1894, p. 381. – Idem, L'Imprimerie et la librairie à Alençon et dans le diocèse de Sées, Alençon, 1900. – Jouanne R., La Presse alençonnaise de la Révolution au Second Empire, Alençon, 1927, 32 p. (extr. du Bulletin de la Société historique, t. XLV, 1926). Gilles FEYEL
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