ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 516

GAZETTE DE LONDRES (1666-1705)

1Titres Gazette de Londres.

2Dates 12 novembre 1666 - 1705 (dernier numéro connu: nº 4100). Bihebdomadaire paraissant le lundi et le jeudi. 104 livraisons par an.

3Description Chaque livraison est d'une feuille, petit folio, recto-verso, sur deux colonnes. Les numéros sont numérotés de suite, les pages non. 180 x 300.

4Publication Thomas Newcomb, à la Savoye, puis E. Jones, même adresse, Londres, à partir de 1688. Se vend un penny la feuille.

5Collaborateurs C'est une édition française de la London Gazette fondée en février 1666 par Muddiman. Les traducteurs furent C. Perrot, Morainville et plus tard L. Delafaye.

6Contenu Les nouvelles proviennent d'un réseau d'informateurs mis en place par Muddiman, dès avant la Restauration. La Gazette de Londres paraît chez le même éditeur que la London Gazette, aux mêmes dates avec le même format, mais la disposition des nouvelles est différente.

Nouvelles de l'étranger avec le nom de la ville et la date. Mouvements des bateaux. Dans la première année, nombre des morts de la peste. Avertissements pour des livres.

Centres d'intérêt: nouvelles politiques, nouvelles des cours, nouvelles du trafic sur mer et des Indes occidentales. Annonces rares.

7Exemplaires B.L., B p 8, coll. lacunaire: nº 45 - 204 (15 avril 1667 - 22 oct. 1668), nº 2980 - 3173 (31 déc. 1694 - 5 nov. 1696); – 1889 d 2 (22), nº 4097 - 4100 (de 1705); Public Record Office, Kew, 4 vol., 1666 - 1675, nº 1-904, avec des lacunes, une vingtaine de numéros manquent dans chaque volume; B.N., Nd 51, quelques numéros de 1666, 1684, 1687-1688 et 1689 (dernier numéro: nº 2318).

8Bibliographie Bastide C., «Les gazettes françaises de Londres», dans Anglais et Français du XVIIe siècle, 1912, p. 160-166. – Andrews A., The History of British journalism, London, Bentley, 1859. – Fraser P., The Intelligence of the Secretaries of State and their monopoly of licensed news, 1660-1688, London, 1965. – Handover P.M., The History of the «London Gazette» (1665-1965), London, 1965. – Evans F.M.G., The principal Secretary of State: a survey of the office from 1558 to 1680, Manchester, 1923.

Historique Le journal n'eut pas une existence indépendante puisqu'il fut l'édition en français de la London Gazette dont tout le contenu est traduit. Son histoire est donc liée à celle de la gazette anglaise qui fait l'objet du livre de P.M. Handover. Mais la Gazette de Londres y est à peine mentionnée.

La Gazette de Londres commence en novembre 1666. A ce moment, la London Gazette, éditée d'abord à Oxford, où le Roi et la Cour ont fui la peste, puis à Londres à partir du nº 24 (1er févr. 1666 v.s.), paraît régulièrement le lundi et le jeudi. C'est le journal officiel, dont le privilège appartient aux Secretaries of State. Elle sort des presses de Thomas Newcomb, un des imprimeurs patentés par le Roi. Elle se présente «for the use of some merchants and gentlemen». La masse des nouvelles est fournie par Muddiman et soumise au Surveyor of the Press, Sir Roger Lestange. Mais c'est le Under-Secretary of Southern Department of State, J. Williamson, qui conduit la gazette et en fait son œuvre, jusqu'à ce qu'il se retire en 1679. A l'origine les principales rubriques sont: foreign reports, nouvelles étrangères, et shipping movements, mouvements des bateaux.

Pour diffuser à l'étranger, à l'intention des partenaires commerciaux, des nouvelles contrôlées, il était préférable de les donner en français, «la langue qui s'étend et s'entend dans toute l'Europe», suivant l'expression de G. du Gard, éditeur des Nouvelles ordinaires de Londres, disparues dans les premières années de la Restauration. Mais le régime de la presse comportant maintenant le monopole des nouvelles (licensed news) qui ne sera aboli qu'au moment de la glorieuse révolution en 1688, il n'est plus nécessaire d'envisager de publier une gazette indépendante: il suffira de traduire le journal officiel.

Nous n'avons que peu d'informations sur les origines de la Gazette de Londres. P.M. Handover n'indique pas de sources archivales, sinon les archives Williamson au Public Record Office où la recherche n'est pas faite. Nous savons que la collection de la Gazette de Londres du 10 novembre au 24 juin 1675, nº 1 à 904, avec des lacunes, qui se trouve à Kew est la collection personnelle de Williamson, qui lui accordait beaucoup d'intérêt et surveillait lui-même le travail des traducteurs. Le premier numéro est manuscrit, mais les suivants sont imprimés et datés, comme la London Gazette du lundi et du jeudi de chaque semaine. Il n'existe pas de collection complète de la Gazette de Londres, à notre connaissance. De 1666 à 1705, à raison de 104 numéros par an, cela fait bien un compte de 39 ans et demi ce qui prouve que la Gazette de Londres a paru régulièrement, couplée avec la London Gazette pendant une période de quarante ans. Au moins. Mais quand exactement l'a-t-on abandonnée, et pourquoi? Cela n'a pas été établi. P.M. Handover déclare que la Gazette de Londres a toujours été déficitaire et cite à l'appui M.G. Evans (p. 296). Nous savons par ailleurs que le réfugié français L. Delafaye fut employé jusqu'en 1710 comme traducteur pour la London Gazette, ce qui pourrait indiquer que l'édition française paraissait encore. De toute façon, on peut assigner à ce journal une durée régulière de quarante ans.

C. Bastide dit que les renseignements sur la Gazette de Londres se trouvent dans les State Papers et dans les Débats du Parlement. «La rédaction était confiée à un certain Charles Perrot, maître-ès-arts de l'Université d'Oxford. L'ancien imprimeur, ancien protégé de Thurloe, comme Dugard, s'appelait Thomas Newcom. Celui-ci avait à sa solde, pour rédiger l'édition française, “sieur Moranville”. En réalité, rédacteurs et imprimeurs n'étaient que des comparses, c'était le Secrétaire d'Etat Williamson qui inspirait le journal et pour plus de sûreté, il avait placé dans l'imprimerie une espionne qui lui était dévouée, Mrs Andrews». Bastide ne donne pas la référence exacte des archives d'où il tire ces renseignements, mais il a cherché dans les State Papers. Ce Moranville semble avoir été un catholique recommandé par le prince Rupert. En novembre 1678 le Parlement eut à débattre d'un incident concernant Moranville. La G. de L. reproduisant la proclamation d'expulsion des papistes de Londres ne faisait aucune allusion au complot papiste qui l'avait déclenchée. Moranville ne fut pas couvert par les deux secrétaires d'Etat, Coventry et Williamson (qui se défendirent d'être des «gazetteers») et il perdit sa place (cf. A. Grey, Debates of the House of Commons, 1667-1694, t. VI, p. 157-161). L'année suivante c'est Delafaye, un Français, mais cette fois un réformé, qui est chargé et jusqu'en 1710, de traduire la Gazette (cf. Proceedings of the Huguenot Society, London, vol. XXII, nº 6, p. 398: The Career of Charles Delafaye par J.C. Sainty).

Le problème central pour la Gazette de Londres, que l'épisode Moranville mit en lumière, est celui de la fidélité de la traduction, et de la relation entre le texte anglais et français. Une étude comparative s'impose. Nous avons fait la comparaison pour l'année 1694.

Les deux journaux ont le même format, le même éditeur, la même disposition sur deux colonnes. L'ordre des nouvelles est le même. Mais la London Gazette a presque une demi-colonne d'annonces et la Gazette de Londres n'en a pas, ce qui permet une typographie moins serrée, une disposition plus claire, des titres plus nets, des caractères moins fins. Mais la matière semble la même et il faudrait une étude fine sur une plus longue période pour être en mesure de tirer des conclusions. Il y a de grandes chances pour que des consignes d'adaptation au public de l'édition française aient été données, entraînant certaines suppressions, des expressions mesurées, en particulier sur les nouvelles religieuses, une présentation diplomatique des nouvelles. Sous trois gouvernements successifs, la Restauration des Stuart, William et Mary puis la reine Anne, la Gazette de Londres s'est maintenue, toujours revue et inspirée par le Secrétariat d'Etat, c'est-à-dire par les impératifs de la politique étrangère.

Madeleine FABRE

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)