ISSN 2271-1813 ...
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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 489 GAZETIN DU PATRIOTE (1774) 1] Titres Gazetin du Patriote ou Annonce des naissances, des mariages et des morts. 2] Dates Nº 7 à 23 datés: 9 avril au 7 juin 1774. Les six premiers numéros correspondent au début de l'année. Prospectus en partie reproduit dans Affiches, annonces et avis divers (A.A.A.D.), Gazette de littérature et Mémoires secrets. Paraît deux fois par semaine, le mardi et le samedi, sauf pour les six premiers numéros. Le nº 1, cependant, semble n'être sorti des presses que le 15 mars (A.A.A.D., M.S.). Le Supplément prévu ne vit jamais le jour (nº 23). 3] Description Composé de 23 numéros à pagination continue (92 p.); en tête: «Lettre à Messieurs les Souscripteurs du Gazetin du Patriote» (2 p.). 4 p. par numéro, 195 x 250, in-4º. 4] Publication Paris. Imprimeur: Quillau, rue du Fouarre. Abonnements, souscriptions au Bureau d'Adresse, rue Montorgueil, vis-à-vis le Compas, ouvert tous les jours (9-13 h; 16-19 h). 12 # à Paris, 18 avec le Supplément (nº 4); 15 # en province (A.A.A.D.). 5] Collaborateurs Traité de composition et d'administration entre Louis-Dominique Le Bas de Courmont et Marie-Ernestine, baronne de Tott (résumé dans la «Lettre à MM. les Souscripteurs»). Rédacteur: Pierre-Barnabé Farmin de ROZOI (M.S.; DP2). Collaborateur: MOREAU DE RAVIERS (nº 17). 6] Contenu Contenu annoncé: «Nous ne sommes plus dans le siècle des préjugés et de l'ignorance. Des l'Hôpital, des Courtenvaux, des Nivernais, des Lauraguais sont devenus les rivaux des d'Alembert, des Cassini, des Rousseau, des Nollet; pourquoi ne ferait-on pas pour l'histoire, ce qu'on a fait pour les sciences et pour la poésie? Elle serait bien plus digne de la postérité, si elle était l'ouvrage de tous les vrais Patriotes de chaque siècle». Périodique très utile pour les «bureaux des Parties casuelles, MM. les notaires, les payeurs des rentes, les receveurs des capitations, les huissiers-priseurs» (nº 1). Contenu réel. Art. I: Naissances; art. II: Mariages; art. III: Morts. Le dernier article est de loin le plus étendu. Centres d'intérêts: ambition de donner, en les classant par ordre chronologique, les avis de naissance, de mariage et de décès ou les avis nécrologiques; on signale la fonction du défunt et le domicile mortuaire. Certains avis sont accompagnés d'une notice biographique parfois copieuse. Divers articles se rapportant à la nosologie, réparties par sexe, des mois de janvier à avril (nº 9-11) et de mai à décembre 1773 (nº 12-23). Notices nécrologiques intéressantes: Jacques-François Blondel (nº 1); Alexandre Ciovatelli, comédien italien (nº 2); Jean-Pierre Guignon, violoniste (nº 3); «bout de l'an» de Piron (nº 5); baronne de Tott (nº 22). 7] Exemplaires Ars., 4º H 8922. Provient de la bibliothèque du duc de La Vallière (Cat. Nyon, 1784, nº 20924). 8] Bibliographie H.P.L.P., t. II, p. 142-147; B.P.P.F., p. 70; H.G.P., t. I, p. 313-314; DP2. Mentions dans la presse: Affiches, annonces et avis divers, 2 mars 1774 (la B.N. possède un exemplaire avant censure de ce numéro assorti d'une lettre de Courmont, 27 févr. 1774, au libraire Delatour demandant la suppression de l'écho concernant le Gazetin; apostille de Meunier de Querlon acceptant le retrait; on trouve aussi dans le recueil le numéro censuré, 4º Lc2 67); Gazette de littérature, des sciences et des arts, 1er mars 1774, nº 15, p. 6-8: annonce (B.N., Z 22074); Mémoires secrets, dits de «Bachaumont», Supplément, Londres, 1786, t. XXVII, 1er mars 1774. – Estrée P. d', «Farmain de Rozoi», R.H.L.F., 1918, p. 241-242. Historique Ce périodique concurrençait le Nécrologe et les Petites Affiches, ce qui explique que, dès la fin de février 1774, quinze jours avant la parution du premier numéro, Courmont, propriétaire des Petites Affiches, ait demandé la suppression de son prospectus. Mais il semble qu'un accord ait été passé dans les semaines suivantes entre lui et Mme de Tott qui avait eu l'idée originale du périodique («Lettre à MM. les Souscripteurs»). A la fin de mai, la mort de cette femme, veuve d'un officier général, le baron André de Tott, et sœur de l'écrivain-journaliste Pesselier, amena Courmont à réclamer auprès du Magistrat l'arrêt du périodique. Son rédacteur, de Rozoi, connu jusqu'alors comme le responsable du Journal des dames, reçut des «ordres supérieurs pour suspendre l'impression de ce papier public». Il tenta, sans succès, de racheter le privilège et proposa, en dernier recours, de rembourser les abonnés (ibid.). Malgré le changement de règne et l'appui qu'il avait de Vergennes, le nouveau ministre des Affaires étrangères (ibid., voir aussi notre notice du Journal militaire, 1778-1779), de Rozoi dut s'avouer vaincu en juin. N'aurait-il pas connu ces difficultés administratives presque insurmontables, le Gazetin n'était guère viable: il se posait en rival (timide certes [nº 1, nota]) du Nécrologe et de la presse privilégiée d'annonces (nº 3). Par ailleurs, ses sources d'information, le clergé parisien pour les actes d'état civil, ne comprirent que tardivement l'intérêt de son entreprise (nº 12, 16, 22). Rozoi hésitait, d'autre part, sur la forme à donner à son journal: feuille d'annonces, ou revue d'analyse démographique comme ses déclarations enthousiastes l'indiquent. Cela donna lieu, pour étoffer le Gazetin et le rendre conforme à ce projet, à des anecdotes significatives sur des thérapeutiques nouvelles (épilepsie ou cancer, nº 17 et 21), et surtout à de petites historiettes édifiantes et patriotiques (nº 16 et 17). On ne saurait trop relever cette dernière épithète. Les tentatives, le plus souvent inabouties, de Rozoi dans la presse offrent une certaine cohérence idéologique. Il s'agit moins, dans le cas particulier du Gazetin, de tenir chronique de l'état civil parisien que de bâtir un monument à l'aristocratie française, et de lui redonner un lustre que le malheur des temps accordait plus volontiers à la roture intellectuelle. A travers les déclamations ampoulées, à la limite de la confusion mentale, que de Rozoi multiplie (Prospectus dans A.A.A.D.; et nº 1, Avant-Propos, etc.), on perçoit l'ombre de la réaction nobiliaire, dont, avant le Journal militaire, il fut l'instrument docile et, sans doute, sincère. Ce journal d'annonces, dont le plus beau fleuron fut la notice nécrologique du Roi (nº 18), mérite quelque attention des démographes pour ses statistiques parisiennes de 1773. François MOUREAU
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