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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 367 ENCYCLOPÉDIE MILITAIRE (1770-1771) 1] Titres Encyclopédie militaire, par une Société d'Anciens Officiers et de Gens de lettres; ouvrage périodique, dédié à Monsieur le Duc de Choiseul. 2] Dates Janvier 1770 - décembre 1771. 24 vol. Privilège imprimé à «de Verdy Duvernois» du 13 sept. 1769, registré le 15. Le registre manuscrit donne la date du 31 août 1769: privilège au «chevalier Duvernoy» sollicité le 3 août 1769 et ainsi annoté «Envoyé à M. le duc de Choiseul le 16 août 1769. On a le consentement du ministre» (Registre des privilèges). Approbations signées par Montcarville jusqu'en février 1771, ensuite par Le Blond. Mensuel. 3] Description Chaque numéro est composé de 8 feuilles d'impression in-12. Cahiers de 24 p., 102 x 179 (exemplaires reliés). Trois numéros brochés sont non rognés (févr., avril, oct. 1770). Divers numéros ont une double pagination, la seconde étant réservée à un «Etat des troupes de France». Catalogue de libraire: avril, août 1770. Un exemplaire sur papier fort: juin 1770. Devise: Hâc Arte Hercules arces attigit igneas. Horace. Illustrations: frontispice anonyme en tête du nº de janvier 1770. Dans le même numéro, bandeau aux grandes armes de Choiseul et autre aux armes royales. Marque sur le titre: armes royales (janv. - mars 1770); emblèmes militaires (avril-juil. 1770); armes royales avec attributs militaires (à partir d'août 1770). Divers: bandeau signé «Papillon 1762» (avril 1770 et ailleurs). Autre bandeau sur bois signé «Huault» (?). Cartes dépliantes: janvier, mars 1770, janvier 1771 (2 cartes signées «Décaché»). Plans dépliants: novembre 1770 (monogrammé: «R.S.»), février et juin 1771 (signés «Décaché»). Gravure dépliante signée «Joby»: mars 1770. 4] Publication Paris, Valade, rue Saint-Jacques, vis-à-vis celle de la Parcheminerie. A partir d'avril 1771: Lacombe, rue Christine. Imprimeurs: Quillau, rue du Fouarre. A partir d'avril 1770: Grangé. Abonnement de 30 # en province et de 24 à Paris (Avis, févr. 1770). 5] Collaborateurs Adrien VERDY DU VERNOIS, «ancien officier de cavalerie, rue Saint-Honoré, vis-à-vis des Ecuries du Roi, prés Saint-Roch» (Avis, févr. 1770). Le rédacteur publie volontiers des «lettres de lecteur» qui sont de véritables mémoires. Les noms des correspondants apparaissent avec leurs titres: beaucoup de militaires, évidemment; mais aussi divers amateurs d'art de la guerre, comme Courtalon de Laistre, curé près de Troyes, spécialiste de la «tactique gauloise» (déc. 1770, avril 1771). Plusieurs lettres de M. de Lauron, capitaine, aide-major d'Infanterie. 6] Contenu Prospectus, janvier 1770, p. 1-20: «La Philosophie, en France, [...] a été plus tardive que chez nos voisins [...] Le seul art militaire a été jusqu'ici abandonné aux études particulières des hommes qui l'ont embrassé [...] Tout établissement qui doit étendre les connaissances d'une Nation dans un art destiné à sa défense, devient lui-même la première base de la sécurité et du bonheur dont jouiront les Citoyens». Six rubriques: «Sciences, Ordonnances, Promotions et Récompenses, Institutions militaires, Nouvelles littéraires, Eloges funèbres». «Nous aurions cru manquer le but de notre ouvrage, si toutes les classes des Citoyens n'y trouvaient pas des motifs d'intérêt et des objets d'instruction». Contenu réel: histoire militaire ancienne et moderne, grands hommes; campagnes récentes; nominations; science de la guerre (art de la manœuvre, armes, etc.), «anecdotes». Articles intéressants: bibliographie des ouvrages relatifs à l'art de la guerre publiés depuis 1760 (mai 1770, p. 67-83), complément (janv. 1771, p. 94-101); lettre sur le Canada (oct. 1770); extraits d'articles spécialisés de l'Encyclopédie (mars 1771 et suiv.). Principaux auteurs étudiés: Charnières (janv. 1771), Vauban (mars 1770), Bézout, Coyer (août 1770), Sauri (sept. 1770), etc. Table des matières à la fin de chaque numéro. 7] Exemplaires B.N., R 25001-25023. Il existe deux livraisons (nov. et déc. 1771) sous la cote 25023. 8] Bibliographie B.H.C., p. 79; Barbier; H.G.P., t. I, p. 314. B.N., ms. f. fr. 22001, nº 799, p. 150 du Registre des privilèges. – Martin M., Les Origines de la presse militaire en France à la fin de l'ancien régime et sous la Révolution (1770-1799), Château de Vincennes, 1975, p. 33-38. Historique Etroitement contrôlé et orienté dès l'origine par Choiseul, responsable ministériel de la Guerre, ce périodique avait une ambition dont témoigne le Prospectus du premier numéro: faire entrer «l'art» et la «science» militaires dans le grand concert des Lumières. Les extraits de l'Encyclopédie ne sont pas là par hasard. L'analyse du «plan d'éducation publique» de Coyer fait se rejoindre la morale militaire et une nouveauté idéologique: le patriotisme. «Les véritables Patriotes ne peuvent qu'applaudir...», commence une lettre de lecteur (sept. 1770, p. 158). Après les déconvenues de la guerre de Sept Ans, le réarmement moral bat son plein. Les Lumières donnent la main à l'orgueil national: héroïsme, bonne conscience civilisatrice... Les décennies suivantes n'oublieront pas la leçon. Sollicitant la participation de ses lecteurs, Du Vernois nourrit ses livraisons de leurs réflexions sur les sujets qui les préoccupaient: techniques de la guerre, histoire, souvenirs de récentes campagnes ou de grands chefs. Mais, assez rapidement, le rédacteur dut compléter ses livraisons d'extraits d'ouvrages nouveaux (réguliers à partir de mai 1771). Production inspirée par Choiseul, le périodique pâtit grandement de sa disgrâce en décembre 1770, un an à peine après sa création. Sous l'œil du ministère, Du Vernois le dirigea directement jusqu'en novembre 1770, date à laquelle l'administration du journal passa entièrement entre les mains du libraire Valade. Nommé le 4 janvier 1771 secrétaire à la Guerre, le marquis de Monteynard ne témoigna pas du désir évident de continuer la politique de son prédécesseur: la direction du périodique eut quelque flottement. En avril, Lacombe remplaça Valade. Et ce ne fut qu'en juin qu'un Avis encarté au dernier moment signala que le Ministre accordait son appui à la feuille. En contrepartie, les abonnements devaient dorénavant être versés à M. de Varenne, receveur général des Finances, rue de la Sourdière. Un autre Avis publié à la fin du numéro de septembre priait qu'on excusât le retard des dernières livraisons et reproduisait, enfin, la lettre de Monteynard à Du Vernois datée du 22 du mois où le Ministre lui accordait sa bénédiction. Dans le numéro de décembre, douze volumes et un treizième de «tables raisonnées» étaient annoncés pour 1772. On informait aussi d'une nouvelle réforme administrative du périodique, cette fois totalement sous la coupe de la Guerre. Du Vernois recevrait son courrier par l'intermédiaire de M. de Saint-Rheuse, Premier commis. La diffusion se ferait par Gueffier et non plus par Lacombe: indice d'un changement de libraire? Les abonnements seraient reçus par Boudin, agent d'Alsace, «nommé par le ministre pour recevoir les souscriptions» et chargé d'autre part de transmettre le courrier destiné à Du Vernois. Barbier répertorie des livraisons pour 1772; nous ne les avons pas rencontrées. L'idée d'un «journal militaire» sera reprise quelques années plus tard par de Rozoi, qui semble avoir entretenu avec Du Vernois des rapports amicaux dès 1770-1771 (voir la longue annonce qu'il fait de ses Annales de Toulouse, dont le sujet n'est pas spécialement militaire, déc. 1771). François MOUREAU
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