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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 322 LE COURRIER VÉRIDIQUE (1743-1747?) 1] Titres Le Courier veridique. Memoires pour servir à l'histoire du siècle courant. 2] Dates Dates des collections étudiées: décembre 1743 - décembre 1744; mai 1747. «Avec Permission», mais sans privilège daté. Périodicité mensuelle. Un volume regroupe les livraisons de décembre 1743 à juin 1744 (qui sont précédées de la livraison de décembre 1743 du Courrier critique, ou l'Anti-Rousset...), un second volume les livraisons de juillet-décembre 1744. Livraison isolée de mai 1747. 3] Description 1er volume: p. 161-229 (déc. 1743) + 403 p. (1er semestre 1744). La livraison de janvier 1744 porte la mention: t. III; 2e volume: 440 p. La livraison de juillet 1744 porte la mention: t. IV. La livraison de mai 1747 comprend un feuillet de titre (avec verso blanc), 63 p. chiffrées [289]-351 et 3 p. blanches. Décembre 1743-1744: 90 (95) x 152. Mai 1747: 110 x 180 (exemplaire non rogné). Le format est in-12 et les cahiers comptent six feuillets, soit 12 p. Le numéro de mai 1747 est composé des six cahiers signés Bb-Gg, ce dernier cahier n'étant que de quatre feuillets. Décembre 1743-1744: devise, Portio Mea Veritas. Vignette de la page de titre à motif floral. Mai 1747: aucune devise. Seule illustration la vignette de la page de titre: un courrier à cheval (même vignette que celle du Courrier critique de déc. 1743 - décembre 1744). 4] Publication «A Geneve». Aucun nom de libraire ni d'imprimeur (ce qui laisse croire que l'adresse est fictive). On lit nettement en filigrane dans le papier de la livraison de mai 1747 (notamment des p. 293-294) le mot «ROVERGUE» (indice susceptible d'aider à l'identification de l'imprimeur réel). 6] Contenu Contenu réel: nouvelles politiques et militaires exclusivement, assorties de réflexions, classées par pays et provenant d'Italie, du Nord, de Turquie, d'Allemagne, d'Espagne, du Portugal, de France, de Grande-Bretagne, de Hollande et Pays-Bas (énumération et ordre variables selon les livraisons). Le numéro de janvier 1744 s'ouvre sur une «Idée de l'année 1743», récapitulation des principaux événements de l'année, selon un usage établi pour ces sortes de périodiques. Les numéros de mars-juin 1744 s'achèvent sur une «analyse abrégée» et critique (donnée sous forme épistolaire) du Mercure historique et politique de Rousset de Missy. Centres d'intérêt: tableau de l'Europe; éléments de réfutation du journal de J. Rousset de Missy. Aucune table. 7] Exemplaires Collections étudiées: décembre 1743-1744: B.M. Bordeaux, H. 7297 (1) et H. 7298; mai 1747: Librairie historique R. Clavreuil, Paris, 1963, cat. 280: Les Idées, la vie, la politique, les mœurs au XVIIIe siècle, nº 406 (acquis par J.D. Candaux, Genève). 8] Bibliographie B.H.C., p. 89 (confusion avec Le Courrier critique?). Historique Si l'on tient compte de la pagination de la première livraison conservée (déc. 1743, p. 161-229), on peut penser que celle-ci a été précédée au moins de deux ou trois livraisons. Si, d'autre part, l'on tient compte de la numérotation des tomes des deux livraisons de janvier et juillet 1744 (t. III et IV), on est tenté de penser que le t. Ier a commencé en janvier 1743. Il est vrai que, d'après l'exemplaire de décembre 1743, la pagination ne semble pas être en 1743, comme elle l'est en 1744, continue sur un semestre, mais sur trois ou quatre mois seulement... Un document des A.D. de la Gironde (C 3.308) nous apprend que Le Courrier véridique est une publication bordelaise: «C'est la veuve Calamy qui imprime Le Courrier véridique», ce qui n'étonne guère si l'on se souvient que l'imprimerie de Pierre Calamy (1721-1745), puis de sa veuve (1745-1777) a été, à plusieurs reprises, poursuivie pour impression clandestine de journaux (contrefaçons de gazettes hollandaises en 1742, 1757...; A.D. Gironde, C. 3.315). Quant à l'auteur, il est, si l'on se fie à une indication donnée par Le Courrier critique de septembre 1744 (p. 484-485), l'auteur de l'Histoire du Scach-Nadir, Roi de Perse, Ci-devant Thamas-Kouli-Kan, ouvrage paru, anonyme, en 1744, «Avec Permission» et sous l'adresse de «Geneve»: la similitude des mentions laisse à penser que c'est ici encore une publication bordelaise. Nous n'avons pu malheureusement à ce jour identifier l'auteur de cette Histoire, laquelle ne doit pas être confondue avec l'Histoire de Thamas Kouli-Kan, sophi de Perse du père J.A. Du Cerceau (Amsterdam, 1741, réimpression de l'Histoire de la dernière révolution de Perse, 1728), ni avec une autre Histoire de ce même personnage (1743) attribuée à l'abbé A. de Claustre. Cet auteur serait-il bordelais? La chose n'est pas impossible, et, comme Le Courrier véridique, par sa tendance anti-Rousset sensible notamment dans les livraisons de mars-juin 1744, n'est pas, quoique de contenu différent, sans rapport avec Le Courrier critique (déc. 1743 - déc. 1744), lui aussi publié «Avec Permission» et sous l'adresse de «Geneve», on peut se demander si l'auteur du Courrier véridique et de l'Histoire de Scach-Nadir n'est pas le Bordelais qu'est, nous le savons, l'auteur du Courrier critique (mai 1744, p. [2]). Et d'autant plus que celui-ci éprouve le besoin de démentir la rumeur qui lui attribue la paternité du Courrier véridique... (Courrier critique, avril 1744, Avant-Propos, p. [1]). Autrement dit, Courrier véridique et Courrier critique ne sont peut-être que l'œuvre d'un même nouvelliste, sortie des presses du même imprimeur bordelais: même lieu fictif de publication, même permission vraisemblablement supposée, même format sinon mêmes caractères d'imprimerie... De toute façon, une orientation satirique rapproche ces deux Courriers consacrés à la relation des nouvelles politiques des différents pays européens. D'après l'Adresse Au lecteur de mars 1744, Le Courrier véridique aurait eu, dès le départ, une orientation anti-Rousset; puis le journaliste l'aurait abandonnée (parce qu'entre-temps il aurait lancé Le Courrier critique?); mais voici que, sous la pression du public, il se voit contraint de la reprendre: «Je ne voulais pas faire de mon journal», écrit-il en mars, «une satire personnelle entre le Sieur Rousset et moi [...]. Mais le public exige de moi que je relève les mensonges de cet audacieux écrivain». Et d'annoncer que les nouvelles du mois seront suivies d'une Lettre dans laquelle il frondera le Mercure hollandais. De fait, les livraisons de mars-juin 1744 s'achèvent sur une Lettre de M. E*** à M. P.*** (mars-avril), à M. S.*** (mai), à M. Sorgens (juin) où est vivement critiqué le Mercure historique, jugé «vide», «mal dirigé, mal écrit et mal raisonné» (mars 1744, p. 180), et où est non moins vivement critiqué le journaliste, qualifié de «déclamateur» (mai 1744, p. 336), «partial outré» et «imposteur hardi» (mars 1744, p. 180). On retrouve les principaux traits satiriques que lance, de son côté, Le Courrier critique: «mauvaise foi», «fourberie» (mars 1744, p. 181), «effronterie» et «bêtise» (mai 1744, p. 191) de celui qui est attentif au seul gain, payé pour médire de la France, «incrédule en matière de religion» (mai 1744, p. 260-263)... Mais, dès juillet 1744, ces Lettres d'inspiration polémique ne se rencontrent plus. Le Courrier critique prétend, lui, cesser son «travail critique» en octobre, tant le nouvelliste attaqué lui paraît un vieil impénitent; cependant la critique colore encore les numéros de novembre et décembre... A la différence de ce Courrier, dont on ne sait s'il a continué après décembre 1744, il est certain que Le Courrier véridique a poursuivi son cours au-delà de 1744 puisque nous possédons la livraison de mai 1747. Grâce à la pagination des cahiers signés Bg-Gg (p. 289-351), nous pouvons affirmer qu'ont paru les numéros antérieurs de janvier-avril (A-Z et Aa). La publication a-t-elle été continue de 1744 à 1747? S'est-elle prolongée? En l'état actuel de nos recherches, il est difficile de répondre. Jean-Daniel CANDAUX et Robert GRANDEROUTE
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