ISSN 2271-1813 ...
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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 31 AFFICHES DE LA ROCHELLE (1769-1836) 1] Titres Annonces, affiches et avis divers de la généralité de la Rochelle (janvier 1772), Affiches de la Rochelle, ou Journal de la province d'Aunis (1er janvier 1790), etc. Publiées sous divers titres pendant la Révolution, le Consulat et l'Empire, les Annonces de la Rochelle sont maintenues par Napoléon lors de la réorganisation générale de la presse départementale, en 1810-1811. Elles paraissent jusqu'en décembre 1836. L'année suivante leur succède un nouveau journal, de format in-folio, Le Phare. Journal de la Rochelle. 2] Dates Il est difficile de savoir exactement quand furent fondées les Annonces de la Rochelle. Ce ne fut certainement pas en 1770 comme l'affirment L. Delayant et E. Hatin à sa suite. Futur directeur des Affiches du Poitou, Jouyneau-Desloges a rédigé les Annonces de la Rochelle entre 1769 et 1772. Il est très précis à ce sujet: «Lorsque nous rédigions les Affiches de la Rochelle (ce que nous avons fait depuis le mois de septembre 1769 jusqu'au mois de novembre 1772, voy. l'Affiche de la même ville du 1er janvier 1773, et le prospectus des Affiches du Poitou qui parut au mois de décembre précédent), un digne ecclésiastique de la province d'Aunis» (Affiches du Poitou, 19 juil. 1781). Faut-il situer en 1768 ou en 1769 les débuts de la feuille de La Rochelle? Sans donner de référence, J. Talbert et R. Crozet penchent pour 1768. Egalement silencieux sur ses sources, G. Lepreux opte pour 1769 et donne à la feuille le titre inhabituel et très probablement erroné d'Affiches et annonces commerciales et maritimes de la Rochelle, format in-8º. Il semble cependant qu'il faille retenir la date de 1769. Gendre du fondateur, l'imprimeur Cappon écrit le 10 décembre 1814 au directeur général de l'imprimerie et de la librairie pour se plaindre du trop haut montant de la rétribution que le gouvernement lui demande de payer sur les bénéfices de sa feuille: «La feuille d'annonces dont je suis propriétaire existe depuis quarante-cinq ans, je la possède depuis vingt-cinq ans pour en avoir acquis le privilège de feu Pierre Mesnier mon beau-père, qui lui-même le tenait de M. l'abbé de Fontenay, comme propriétaire de la Gazette de France dont toutes les feuilles des provinces dépendaient. Il était payé à M. de Fontenay un droit de 100 # par an, que j'ai continué de servir jusqu'à la Révolution. A cette époque, tous les privilèges étant abolis, il s'établit en cette ville trois autres feuilles périodiques, ce qui me força à faire de nombreux sacrifices pour tâcher de conserver la propriété que j'avais achetée de mon beau-père» (A.N., F 18 445 A, pièce 10). Agées de quarante-cinq ans en 1814, les Annonces de la Rochelle sont bien nées en 1769. Et Cappon de nous donner le moyen de confirmer ce calcul. Il possède la feuille depuis vingt-cinq ans, c'est-à-dire depuis 1789. La collection des Annonces prouve qu'il a effectivement succédé à son beau-père l'imprimeur Pierre Mesnier le 17 juillet 1789 il signe alors pour la première fois la feuille. Si Cappon se trompe sur le nom du privilégié de la Gazette Bonafous de Fontenai fut rédacteur des Affiches de province puis du Journal général de France entre 1779 et 1791 il indique bien que son beau-père payait une redevance de 100 # pour faire paraître les Annonces de la Rochelle. Ce fermage ayant été versé à Le Bas de Courmont puis Bénezech, propriétaires du privilège des Affiches, une dépendance de la Gazette, on comprend la raison de l'erreur. Feuille hebdomadaire distribuée tous les vendredis. 3] Description Cahiers de 4 p. in-4º, sur deux colonnes. Il s'agit d'une demi-feuille de papier carré (format non rogné 210 à 215 x 265 à 271, rogné 190 à 199 x 243 à 261). Quelques rares numéros ont deux pages supplémentaires. Les numéros étant paginés à la suite, sept années ont 208 p. pour 52 numéros (1772, 1774, 1775, 1780, 1781, 1783 et 1789) et l'année 1779 en a 212 pour 53. Les autres souffrent d'erreurs de pagination: 206 p. pour 52 numéros en 1776, 304 au lieu de 204 pour 52 en 1778, ou bien comptent quelques pages de plus du fait des suppléments: 216 p. (1773 et 1790, 53 numéros chacune), 210 (1785, 52), 212 (1786 et 1787, 52 chacune), 214 (1788, 52). L'année 1784 (53 numéros) n'est pas paginée. Entre 1772 et 1790, se succèdent trois décors. Comme dans d'autres Affiches, il s'agit pour l'imprimeur d'agrandir progressivement la surface imprimée. Du 3 janvier 1772 au 26 décembre 1783, la moitié supérieure de la première page de chaque numéro est occupée par le même haut bandeau rectangulaire, suivi du titre de la feuille, imprimé sur trois lignes, et de la date, mentionnée en italiques et insérée entre d'épais filets horizontaux. Au centre du bandeau, la numérotation est insérée dans un cartouche de fleurons et de palmettes, accompagné à gauche et à droite de la même structure décorative où des semblants de colonnes encadrent un soleil rayonnant. Le texte débute sur un passe-partout, vignette décorative enchâssant la première lettre capitale. La justification des colonnes est étroite: 68 mm. Entre les 3 janvier 1784 et 26 juin 1789, les bandeau et titre ne s'étendent plus que sur le premier tiers de la page. L'imprimeur a gagné de la place en diminuant la hauteur du bandeau, un cadre orné de guirlandes enserrant désormais sur deux lignes, la numérotation et la date. Après le titre, toujours imprimé sur trois lignes, le texte commence sur une simple grande capitale. A partir du 3 juillet 1789, nouveau gain d'espace: il faut laisser de la place au compte rendu des séances de l'Assemblée nationale. Contenant toujours numérotation et date, le nouveau cadre décoré de guirlandes est encore un peu moins haut, la justification des colonnes s'accroît d'environ 10 mm. Avec le titre Affiches de la Rochelle, ou Journal de la province d'Aunis (1er janv. 1790), la mutation est achevée: le cadre à guirlandes et le nouveau titre, imprimé sur deux lignes seulement, occupent désormais à peine le quart de la page. 4] Publication Les Annonces de la Rochelle ont été fondées et imprimées jusqu'au 10 juillet 1789 par Pierre Mesnier, imprimeur à La Rochelle depuis 1745, qui signe en 1772 «De l'imprimerie de P. Mesnier, Imprimeur du Roi, et Directeur privilégié». Lui succède son gendre Vincent Cappon, imprimeur à La Rochelle entre 1789 et 1824, année de sa mort. Le 17 juillet 1789, il signe la feuille: «Vincent Cappon, Imprimeur du Roi, rue du Temple. Avec approbation et privilège». A partir du 31 juillet, il signe «Vincent Cappon-Mesnier». Le Bureau d'Avis des Annonces est domicilié chez ces deux imprimeurs, rue du Temple. Un moment relayé (1791-1794) par les imprimeurs Roy et compagnie, rue du Palais, puis J.-B. Cavazza, même adresse, Vincent Cappon reprend en main les Annonces. Après sa mort, sa famille sa veuve puis sa fille les gardera jusqu'en 1836. L'abonnement est de «6 # pour la ville, 7 # 10 s. par la poste». Il reste à ce tarif pendant les premières années de la Révolution. Il y avait 600 abonnés en 1772. 5] Collaborateurs Fondateur des Affiches du Poitou, René-Alexis JOUYNEAU-DESLOGES fut le premier rédacteur des Annonces de la Rochelle. Résidant à La Rochelle, il était alors (1761-1772) secrétaire des commandements du marquis de Narbonne-Pelet, lieutenant général des armées du roi en Aunis, Poitou et Saintonge. Dans sa petite autobiographie de 1814, il se souvient de ses premiers succès journalistiques, avec une évidente satisfaction: «Pendant mon séjour auprès de lui (le marquis de Narbonne-Pelet), dans les derniers temps, ayant du loisir, je m'amusai à rédiger gratuitement pour le privilégié une feuille hebdomadaire que l'on venait d'établir à la Rochelle, sous le titre d'Affiches: ce que je fis incognito, pendant environ trente mois, sous différentes signatures pseudonymes, entre autres celle de Chapel de Saint-Laur, du nom du lieu de ma naissance, et qui a été vu avec bienveillance. Trahi ensuite par quelques amis, reconnu par d'autres, à la fin j'avouai et je me nommai. Ma rédaction réussit si bien pour le propriétaire de la feuille, qu'il n'avait que 60 abonnés quand je m'en chargeai, et 600 quand je cessai au bout de trois ans. Il m'en fit des remerciements très flatteurs dans un des numéros suivants» (Dugast-Matifeux, p. 2). Dans son prospectus des Affiches du Poitou (déc. 1772), il avait déjà précisé: «Nous avons dirigé pendant trois ans avec une sorte de succès très flatteur, la Feuille hebdomadaire de la Rochelle, qui est très connue dans cette province (le Poitou), et où nous savons qu'on a bien voulu en faire quelque cas. Nous sommes auteur d'un très grand nombre de lettres, et autres écrits honnêtes et patriotiques, répandus dans cette Feuille, sous les noms de l'Abonné, nº 39, de Rajoudesp, de Chapel de Saint-Laur, et en dernier lieu sous notre propre nom, depuis que la Société royale d'agriculture de la Rochelle, jugeant de notre zèle pour le bien public et pour l'amélioration de l'agriculture, qu'elle a reconnu dans nos écrits, nous a fait l'honneur de nous associer au nombre de ses membres». A la fin de sa vie, Jouyneau-Desloges releva soigneusement tous les articles qu'il avait publiés ailleurs que dans les Affiches du Poitou: 73 pour les seules Annonces de la Rochelle. Outre un autre pseudonyme, Un Ami des hommes, il donne la traduction de Rajoudesp: «René-Alexis Jouyneau-Desloges, Poitevin» (R. Richard, p. 428). Définitivement lancées, les Annonces de la Rochelle poursuivent leur carrière après le départ de leur premier rédacteur, bénéficiant de la collaboration des milieux académiques rochelais. 6] Contenu Comme les autres feuilles provinciales publiées dans les grandes villes maritimes, les Annonces de la Rochelle servaient le grand et le petit négoces en leur offrant des annonces, ainsi que quelques rubriques de service. Jusqu'à la veille de la Révolution, elles débutent sur la rubrique «A vendre», souvent très fournie, où le lecteur trouvait aussi bien des terres ou immeubles, que des charges, des denrées coloniales, d'autres produits agricoles, divers objets. Ainsi, par exemple le 7 novembre 1777, une «Histoire ecclésiastique en 16 volumes in-12 par M. Racine. S'adresser au sieur Coutin, maître de pension, place Habert», mais aussi du «café de Saint-Domingue, beau, marchand et triage; café de la Martinique, cacao, sucre brut et 27 madriers d'acajou. S'adresser au sieur Régnier, devant la place d'Armes, ou au sieur Cadot, rue de Lescalle», etc. Après les annonces «A louer», sont insérés les mouvements du port: cette rubrique enregistrant les arrivées et départs des navires finit par s'intituler «Avis maritimes». Curieusement, alors qu'il n'en est pas question dans les autres Affiches des villes maritimes, les Annonces de la Rochelle publient un long article sur la «Conservation des hypothèques»; les biens vendus sont essentiellement des terres agricoles («articles de domaines, pièces de domaines, pièces de vigne, quartiers de terre», etc.); 270 contrats de vente sont ainsi publiés par les Annonces pendant l'année 1789. Cette exceptionnelle présence de la «Conservation des hypothèques» signifie-t-elle que la feuille était diffusée bien au-delà de La Rochelle, dans la province d'Aunis? N'indique-t-elle pas plutôt que la société rochelaise dominait de sa richesse foncière les campagnes environnantes? Après quelques éléments rédactionnels, les Annonces s'achèvent sur les rubriques de service habituelles: résultats du tirage de la loterie, cours des changes, mercuriales. En 1781, l'auteur des Mémoires secrets a cette appréciation bien négative: «Cette gazette est très mal faite relativement au commerce et aux mouvements du port. Elle est aussi littéraire: on y trouve des énigmes» (B.H.C.). Quelques évolutions: depuis janvier 1786, le premier numéro de chaque mois porte, en encadré, les observations météorologiques; la «Conservation des hypothèques», suivie par les «Avis maritimes», finit par venir en première page, à la place des avis «A vendre» et «A louer», reportés à l'intérieur de la feuille; à partir du 19 juin 1789, les Annonces publient un compte rendu des séances des Etats généraux / Assemblée nationale. 7] Exemplaires B.M. La Rochelle, Per. 549, coll. composite, provenant manifestement de diverses origines, sept volumes reliés et trois liasses d'exemplaires non rognés. Les volumes contiennent: 1) 1772-1775; 2) 1775-1776; 3) 1779-1780; 4) 1783-1784; 5) 1784-1786; 6) 1787-1788; 7) 1789-1790. Les trois liasses: 1) 1777; 2) 1778-1779; 3) 1780-1781. Le premier volume porte l'ex-libris d'un ancien érudit local, l'avocat rochelais Georges Musset. Manquent donc, pour la période 1769-1790, les années 1769-1771, et 1782; plusieurs années sont en double: 1775, 1779, 1780 et 1784; A.N., 214, cinq numéros: 1er, 8, 15, 29 juil. et 5 août 1785. 8] Bibliographie B.H.C., p. 295-296: Hatin utilise des renseignements fournis par L. Delayant. – Dugast-Matifeux, Le Premier journaliste du Poitou: notice sur René-Alexis Jouyneau-Desloges, écrite par lui-même, 8 p. extr. de la Revue des provinces de l'Ouest, 3e année, 1855-1856. Autobiographie rédigée par Jouyneau-Desloges en novembre 1814. – Delayant L., Histoire des Rochelais, La Rochelle, 1870, t. II, p. 176. – Richard A., «Notice biographique et bibliographique sur Jouyneau-Desloges, premier journaliste du Poitou», Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1870, 4e trimestre, p. 425-442. – Audiat L., Essai sur l'imprimerie en Saintonge et en Aunis, Paris, 1879. – Delayant L., Bibliographie rochelaise, La Rochelle, 1882, p. 387, nº 1327. – Lepreux G., «Les ancêtres du livre, du journal et de l'almanach en France. Les premiers journaux en France», Bulletin officiel de l'Union syndicale et fédération des syndicats des maîtres imprimeurs de France, déc. 1925, p. 62. – Talbert J. et Crozet R., Petite histoire de Poitou, Angoumois, Aunis et Saintonge, Paris, 1946, p. 280-281. – Thoumin F., Bibliographie de la presse quotidienne et périodique de la Charente-Maritime, des origines à 1944, mém., Conservatoire national des arts et métiers, Paris, 1959, p. 13. A la suite de L. Delayant, l'auteur de cet inventaire situe en 1770 la naissance des Annonces de la Rochelle. – Feyel G., «La presse provinciale sous l'ancien régime», La Presse provinciale, p. 3-47. – Idem, «La presse provinciale française dans la seconde moitié du 18e siècle: géographie d'une nouvelle fonction urbaine», La Ville et l'innovation, Paris, Editions de l'EHESS, 1987, p. 89-111. Gilles FEYEL
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