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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 3 L'ABEILLE LITTÉRAIRE (1778) 1] Titres L'Abeille littéraire ou choix des morceaux les plus intéressants de philosophie, d'histoire, de littérature, de poésie, etc. 2] Dates Hebdomadaire, paru du 1er février au 30 décembre 1778; prospectus de 1778. 3] Description Quatre volumes: 422, 416, 416 et 448 p. Cahiers de 32 p., 115 x 195, in-8º. Devise: «Sur différentes fleurs l'abeille se repose, / Et fait du miel de toutes choses» (La Fontaine). 4] Publication A Londres [Liège], [Bollen]. Le prix de l'abonnement est de 15 # de France par an. S'adresser chez Bollen, chez Mauss, officier au Bureau des Postes Impériales pour l'Allemagne, et dans tous les bureaux des Postes de l'Empire, des Pays-Bas et de la Hollande. Vente au numéro: 10 s. 5] Collaborateurs Fondateur: de Launay? Mauss? Collaborateurs occasionnels: Saint-Péravi, Du Perron? 6] Contenu «En s'attachant à extraire des ouvrages, dans tous les genres, ce qu'il y a de vraiment utile et de vraiment beau, on ne procurera pas moins qu'une bibliothèque choisie, où l'on trouvera sans peine ce que bien souvent on ne peut obtenir par les lectures les plus pénibles et les plus fastidieuses [...]. En traduisant les morceaux choisis des auteurs étrangers, nous n'en ferons passer dans notre langue que ce qui peut enrichir et non surcharger notre littérature [...]. Nous ne donnerons l'exclusion à aucun genre: on trouvera dans ce recueil histoire, morale, philosophie, littérature, poésie, anecdotes récentes ou peu connues, fables et contes intéressants, etc. [...] Au reste, on n'y verra rien qui puisse blesser la religion, les mœurs et l'honneur de qui que ce soit. Tout y sera purement littéraire» (Prospectus). Répartition des matières (exemple pris du t. I), à partir des rubriques présentées dans la table des matières: Philosophie, 4%; Morale, 15%; Littérature, 21%; Poésie, 17%; Histoire, 2%; Contes et fables, 34%; Anecdotes, 7%. La critique est pratiquement inexistante (une notice sur Helvétius). Principaux auteurs mis à contribution par des extraits: d'Alembert, Gessner, Imbert, Marmontel, Montesquieu, Rousseau, Sterne, Voltaire. Viennent ensuite Buffon, Diderot, Hume, Maréchal, Marivaux, Raynal, Wieland, Young. 7] Exemplaires Bibliothèque centrale de la ville de Liège, fonds Capitaine, 10313; B.U. Liège. 8] Bibliographie Capitaine U., Recherches historiques et bibliographiques sur les journaux et les écrits périodiques liégeois, Liège, Desoer, 1850. – Gobert T., «L'imprimerie à Liège sous l'ancien régime», Bull. de l'Inst. archéol. liégeois, nº 47, 1922, p. 45-46. – De Froidcourt G., et Yans M., éd., Lettres autographes de Velbruck, Liège, Impr. des Invalides, 1954. – De Froidcourt G., «Une énigme bibliographique: l'édition des Œuvres complètes d'Helvétius des imprimeurs Bassompierre, en 1774», La Vie wallonne, nº 38, 1964, p. 47-56. – Lenoir M.-J., Quelques littérateurs français au pays de Liège (XVIIIe siècle), mém. U. Liège, 1976. – Trousson R., «Rousseau, sa mort et son œuvre dans la littérature périodique en 1778», Revue intern. de philosophie, nº 124-125, 1978, p. 177-196. – Jansen P., et al., «L'événement dans les périodiques (1er mai - 31 août 1778)», R.H.L.F., nº 79, 1979, p. 233-243. – Wagner J., «L'année 1778 dans le Journal encyclopédique», D.H.S., nº 11, 1979, p. 257-268. – Gossiaux P., «L'Encyclopédie liégeoise (1778-1792) et l'Encyclopédie nouvelle», dans Livres et Lumières au pays de Liège, Liège, Desoer, 1980, p. 203. Historique D'après U. Capitaine, L'Abeille littéraire pourrait avoir été lancée par le chevalier de Launay, Français réfugié à Liège vers 1775. Une Pièces de vers à un grand prince pour un grand jour, insérée au t. IV (p. 384), accrédite l'idée d'un directeur étranger, amené sur le «beau rivage» de Meuse par «un sort volage». Par ailleurs, une Lettre à l'éditeur le présente comme un homme de théâtre (IV, p. 380): un de Launay écrivit, dès le début des années 1730, des comédies dont la plus connue est Le Paresseux. Le chevalier dirigea la Gazette anglo-française-américaine, publiée à Maestricht (1780; voir L'Homme-sans-façons, attribué à Adrien-Joseph Havé, 1786, t. II, p. 52-53). Il signa en 1782 un Tableau de Spa à la fin duquel l'auteur est dit en très mauvaise santé. Selon une note manuscrite figurant dans l'exemplaire qu'en possédait Capitaine, de Launay serait mort à Aix-la-Chapelle le 2 mai 1785. C'est lui qui aurait, à Maestricht, formé le projet du Courrier de la Meuse, dont il diffusa le prospectus mais qui fut repris par un commerçant aussi audacieux qu'inexpérimenté. Le prospectus de L'Abeille littéraire ne mentionne pas son nom. Par contre, on y trouve celui de Mauss (souvent lu Mauff), «officier au bureau des Postes impériales pour toute l'Allemagne», qui nous intéresse en tant qu'éditeur de La Feuille sans titre. Cette dernière avait cessé de paraître le 31 décembre 1777, c'est-à-dire peu avant la création du journal qui nous occupe, dont le premier numéro est de février 1778; la suppression avait été ordonnée par le prince-évêque Velbruck au début de novembre (De Froidcourt, 1954, nº 133, 144, 149). On se demandera si L'Abeille ne devait pas servir de relais, avec changement d'imprimeur (La Feuille sans titre était publiée par Tutot), Mauss faisant au moins office de trait d'union. Il aurait encore participé, plus tard, à la constitution de la Société typographique de Liège. Il y avait en tout état de cause une place à reprendre (un facteur sans doute déterminant dans la naissance du nouveau journal). On ne s'exagérera pas le caractère philosophique de L'Abeille littéraire, qui reste nettement en retrait par rapport à d'autres périodiques édités dans la région, comme le Journal encyclopédique ou même l'Esprit des journaux. Il est vrai que le titre de certains articles donnerait une impression de critique rationaliste généralisée: La Superstition ou le saint Antoine portugais (t. II, p. 402-404), Combien de maux peuvent produire la prévention et l'ignorance (t. III, p. 411-414), etc. Mais dans ces cas précis, la philosophie se réduit à peu de chose. Formellement, elle est partout cependant. Le mot est employé sans arrêt, avec ce qu'il faut d'imprécision pour ne pas trop heurter l'Eglise. Cette prudence se mesure à la manière dont sont reproduits Jeannot et Colin d'une part (t. I, p. 241-249), les Regrets sur ma vieille robe de chambre de Diderot d'autre part (t. IV, p. 87-93). Notons d'abord l'espèce d'incohérence qui consiste à exalter le nom de Voltaire en masquant éventuellement ce qu'on lui emprunte. On célèbre le «vieillard prodigieux» (t. I, p. 288), son «arrivée imprévue à Paris» et son apothéose (p. 181-183, 334-335; t. II, p. 181-182), ce qui permet de lui faire dire:
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