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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 285 COURRIER DES PLANÈTES (1788-1789) 1] Titres Courrier des Planètes ou Correspondance du Cousin Jacques avec le Firmament. Folie périodique dédiée à la Lune. Devient: Courrier des Planètes par le Cousin Jacques ou Suite de ma Correspondance avec le Firmament (à partir du nº 29, 17 juil. 1788); Courrier des Planètes du Cousin Jacques ( à partir du nº 54, 15 janv. 1789). Continuation de: Les Lunes du cousin Jacques. Continué par: Le Cousin Jacques ou Courrier de la Lune et des planètes. 2] Dates 4 janvier 1788 - 16 décembre 1789; hebdomadaire en 1788 (tous les jeudis), bimensuel en 1789 (le 1er et le 15 de chaque mois). Approbation du 5 octobre 1787 (fin du nº 1); permis d'imprimer du 10 décembre 1788; nombreux prospectus dans les journaux de novembre 1788. 3] Description La collection comprend 11 volumes ou 76 numéros: 1-52 en 1788, 53-76 en 1789 (les nº 75 et 76 sont chiffrés 73 et 74 par erreur). Pagination du numéro: 24 p. en 1788, 72 p. en 1789. Cahiers de 24 p. in-12, 80 x 130. Devise: Non multa sed multum (nº 1, 1er janv. 1788); Forsan et haec olim meminisse juvabit (nº 12, 26 mars 1788); Vires acquirit eundo (nº 14, 14 avril 1788); Ne me jugez pas sans me lire (nº22, 29 mai 1788); un couplet de l'air Au coin du feu en 1789. 4] Publication A Paris, «au compte de l'Auteur, à son domicile, rue Phélipeaux, [...] et chez Belin, Libraire rue Saint-Jacques». Imprimeur: veuve Valade. Abonnement: 18 # à Paris, 21 # pour la province. Très nombreuses indications sur les lieux d'abonnement et le coût du journal. Le journal est envoyé en feuilles aux souscripteurs (nº 6, 6 févr. 1788, p. 6); on peut se procurer l'année entière en 13 vol. brochés de 96 p.; un relieur, Baco, rue des Prouvaires, divise l'année en 4 vol. de 13 numéros (nº 45, 6 nov. 1788, p. 15; nº 51, 18 déc. 1788, p. 22). Beffroy de Reigny multiplie les prospectus, les varie: les grands journaux parisiens et ceux de province les publient pour 1789 (voir par ex. un prospectus en forme de chanson dans le Mercure de France nº 48, 28 nov. 1789, p. 73-75). Le Courrier des Planètes abonde en informations sur le coût du journal (frais de papier, d'impression, de poste, d'adresses imprimées: nº 10, 11 mars 1788, p. 22; nº 73 [75], 1er déc. 1789, p. 44-49), sur les pertes financières dues aux détournements de souscriptions par les libraires, aux livraisons volées ou égarées (nº 24, 12 janv. 1788, p. 3-19; nº 45, 6 nov. 1788, p. 17-19; nº 47, 20 nov. 1788, p. 19; nº 55, 1er févr. 1789, p. 35-46; nº 58, 16 mars 1789, p. 67; nº 74 [76], 16 déc. 1789, p. 12-14), sur les difficultés et la fatigue du travail du journaliste, sur sa malchance (nº 29, 17 juil. 1788, p. 2; nº 33, 14 août 1788, p. 8-10; nº 55, 1er févr. 1789, p. 35-41). Les renseignements fournis sur le nombre des souscripteurs sont nombreux mais indirects. 5] Collaborateurs Louis Abel BEFFROY DE REIGNY. Beffroy de Reigny signale que sa sœur, Mme de C***, est l'auteur de plusieurs textes du Courrier des planètes en 1789 (nº 72, 16 oct. 1789, p. 29). 6] Contenu «Ceci n'est point un journal, mais une folie» (nº 11, 17 mars 1788, p. 19). «C'est un journal de pure imagination»; il faut que l'auteur «donne des vers et de la prose, du gai, du moral, du sérieux, du critique, qu'il prenne plusieurs formes et soit toujours lui-même» (nº 55, 1er févr. 1789, p. 39). «Caractères, allusions critiques, contes, observations badines et morales, anecdotes originales, traits de sensibilité, dialogues, accès de folie, vers, prose, romances»; jugements sur les pièces de théâtre, auteurs, actrices «des planètes»... (Prospectus de 1789, nº 45, 6 nov. 1788, p. 16). Voyages, dialogues, prophéties, harangues, lettres imaginaires et fantaisistes, de contenu moral, satirique et politique; impromptus, bouts-rimés, chansons, pièces de vers de toutes sortes, lettres d'abonnés. Après juillet 1789, récits d'événements révolutionnaires et réflexions politiques. Jugements sur des brochures récentes, des romans et des pièces de théâtre. 7] Exemplaires B.N., 8º Lc2 2222. Historique Malgré les variations de titres, il y a continuité entre les Lunes (juin 1785 - mai 1787), le Courrier des planètes, Le Cousin Jacques (janv. - sept. 1790) et enfin les Nouvelles Lunes (janv. - juil. 1791). Le Cousin Jacques porte en dessous du titre: «Cinquième année». Il ne s'agit donc que d'un seul journal. Beffroy de Reigny préfère l'appeler une «folie», il l'oppose aux journaux sérieux qui traitent de littérature ou de politique. Il pratique systématiquement la variété et la fantaisie. Il fait souvent allusion au mépris dont l'accablent ses confrères, qui le considèrent comme «l'histrion de leur république, comme l'arlequin de la littérature, et comme le bouffon du corps» (nº 18, 1er mai 1788, p. 5). L'intérêt particulier du Courrier des Planètes réside dans la modification de ton et de contenu qui l'affecte à partir de la convocation des Etats généraux, et surtout à partir des événements de juillet. Beffroy de Reigny s'engage de plus en plus dans la lutte politique, d'abord par le détour transparent de fictions «planétaires» (Assemblée nationale dans la planète de Mercure, nº 54, 15 janv. 1789, p. 3-17, par ex.), puis de façon plus directe (Lettre du Cousin Jacques à Louis XVI, nº 67, 1er août 1789, p. 3-31). Il devient historien de la Révolution, dans des textes qui font aussi l'objet de publications séparées: Précis exact de la prise de la Bastille (nº 67, 1er août, p. 32-67), Histoire de France pendant six semaines (nº 68, 16 août; nº 69, 1er sept.; nº 70, 16 sept.). A la fin du nº 70, il déclare: «Je crois qu'il est temps de terminer ici ma carrière politique. On verra bien par la lecture de cette histoire, que je ne suis pas né pour ce genre de travail [...]. Je rentre avec plaisir dans ma carrière isolée; les folies et les illusions, les contes et les voyages planétaires, m'ont si bien réussi jusqu'à présent, qu'il serait honteux de rester en si bon chemin» (p. 62-63). Mais il déclare aussi que, grâce à la liberté de la presse, rien ne lui sera désormais étranger: «Je pourrai donc, sans craindre une gêne ridicule, parler politique, éducation, littérature, nouvelles, anecdotes de société» (nº 71, 1er oct. 1789, p. 46). En effet, le journal offre, surtout dans la seconde moitié de 1789, un mélange unique de plaisanterie et de sérieux, d'ironie et d'émotion, et un témoignage à la fois très personnel et très représentatif sur la Révolution. On comprend que, selon Beffroy de Reigny lui-même, l'année 1789 de son journal ait été «préférée à toutes les autres» par ses lecteurs (Introduction à l'année 1790, Le Cousin Jacques, 1re Quinzaine, p. 3). Beffroy de Reigny est un réformiste modéré: «patriote», il prêche cependant la conciliation, le compromis, l'amour de l'ordre, l'union de la nation et du roi; il a horreur des enthousiastes, de l'«esprit de vertige», de l'anarchie; il dénonce la «licence affreuse des libelles», la liberté incontrôlée de la presse. Il est profondément religieux, il affirme son attachement à ses maîtres lazaristes, sa croyance à la providence. Il s'excuse même de ses «sermons»: «On dira que je suis un cagot, que je fais le prédicateur» (nº 73, 1er nov. 1789, p. 52-53). Il crie à la catastrophe, il supplie Dieu de donner à la France un avenir meilleur. Dans le Cousin Jacques, Beffroy de Reigny justifie le contenu politique du Courrier des Planètes: «si je me fusse entièrement abstenu de parler des affaires du tems, au lieu de dix mille lecteurs, je n'en aurais pas eu vingt» (janv. 1790, 1re Quinzaine, p. 4). Lecteurs ne signifie pas abonnés. Beffroy de Reigny fait l'état des maisons religieuses, des châteaux où il a des souscripteurs (nº 10, 11 mars 1788, p. 24; nº 24, 12 juin 1788, p. 19-24; nº 46, 13 nov. 1788, p. 5; nº 66, 16 juil. 1789, p. 3-8). Il donne la liste des souscripteurs députés aux Etats généraux (nº 61, 1er mai 1789, p. 42, 51; nº 63, 1er juin 1789, p. 62). La diffusion provinciale est importante. Beffroy de Reigny évoque souvent les Affiches de diverses villes; à cause de ses difficultés financières, il cesse l'envoi pour échange de son journal à ceux de province (nº 57, 1er mars 1789, p. 41-42). Pierre RÉTAT
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