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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 258 LE COURRIER CRITIQUE (1743-1744?) 1] Titres Le Courier critique, ou l'Anti-Rousset. Mémoires pour servir à l'Histoire du Siécle courant. 2] Dates Dates extrêmes de la collection étudiée: décembre 1743 - décembre 1744, en 3 volumes. On lit sur la page de titre: avec Permission. Périodicité mensuelle. Le volume 1 contient la livraison de décembre 1743 qui est suivie des livraisons de décembre 1743 - juin 1744 du Courier véridique. Chacun des deux autres volumes contient les feuilles d'un semestre de 1744. 3] Description Volume 1: I-XII + 257-304 p. (le reste du volume correspondant aux pages des livraisons du Courier véridique); volume [2]: 340 p. + 80 p. environ d'Avant-Propos, Préfaces, Dissertations et autres pièces; volume [3]: 341-712 p. (pagination continue pour l'année). Cahiers de 16 p., 90 x 150 et 88 x 152, in-8º. Vignette sur la page de titre: un courrier à cheval. C'est la même vignette que celle de la livraison conservée de mai 1747 du Courier véridique. Titre jusqu'en juin 1744: mi-partie rouge mi-partie noir. 4] Publication A Geneve (lieu fictif selon toute vraisemblance [Bordeaux]). Ni nom ni adresse précise d'éditeur ou de libraire. 6] Contenu Contenu annoncé: donner pour le «plaisir» et «l'utilité» du lecteur une «relation fidèle et circonstanciée des mouvements qui agitent aujourd'hui l'Europe»; prétention soulignée à l'«exactitude» et à la «vérité des faits» (Préface de l'éditeur, déc. 1743). Contenu réel: nouvelles d'Italie, d'Allemagne, de Turquie, du Nord, de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas, de France, d'Espagne. Ces nouvelles, qui sont, s'il y a lieu, l'occasion d'une réfutation du Mercure historique et politique du mois précédent et qui sont assorties de réflexions et de conjectures et appuyées d'un certain nombre de pièces (lettres, mémoires, ordonnances, déclarations, manifestes, rescrits ou même fragments de poésie, sortes de fables politiques), sont essentiellement d'ordre politique, militaire et diplomatique. Principaux centres d'intérêt: tableau de l'Europe; critique de certaines assertions et prises de position de l'auteur du Mercure historique et politique. 7] Exemplaires B.M. Bordeaux, H. 7297 (1-3). Autre collection: B.M. La Rochelle, Per. 401 (année 1744 en 3 vol.). 8] Bibliographie B.H.C. p. 89 (confusion avec le Courier véridique?). – Granderoute R., Catalogue des périodiques anciens (1600-1789) conservés à la bibliothèque municipale de Bordeaux, Bordeaux, Société des Bibliophiles de Guyenne, 1987, p. 7. Historique Si l'on tient compte de la pagination de la première livraison de la collection étudiée (déc. 1743, p. 257-304), on peut affirmer qu'au moins cinq livraisons ont précédemment paru. En 1744, la pagination est continue pendant l'année: faut-il en déduire que le Courier critique a été lancé en juillet 1743? Quoi qu'il en soit, l'éditeur, dans son Avant-Propos de décembre 1743, déclare qu'il a trouvé «une source» propre à satisfaire l'attente et l'exigence du public et qualifie la production de l'auteur de «prémices» et de «coup d'essai». L'auteur lui-même se présente, le mois suivant, comme un «néophyte» dans «la société des nouvellistes», peu apte à se conformer à l'usage d'une récapitulation des principaux événements de l'année écoulée (Avant-Propos, janv. 1744), parle, en février 1744, de son «nouveau courier» (Préface) et rappelle, en septembre (p. 483), qu'il donne son ouvrage périodique «depuis quelques mois». Cet auteur, c'est, comme nous l'apprenons dans une lettre en provenance de Hollande (mai 1744, p. 2), «un compatriote du célèbre Ausone», autrement dit un Bordelais, capable, à l'occasion, d'une «saillie gasconne» (juil. 1744, p. 357), et l'on peut à bon droit se demander si Le Courier critique, dont l'adresse «Geneve» est évidemment fictive, n'est pas une production bordelaise: le caractère provincial est, en tout cas, avoué par l'éditeur quand il se plaint de «la médiocrité des talents de ceux qui, dans les provinces, croient faire grâce à un libraire» en se chargeant de la composition des ouvrages périodiques (Préface, déc. 1743). De quelles presses le Courier critique a-t-il pu sortir? Ne serait-ce pas des presses de la veuve Calamy, éditrice du Courier véridique (A.D. Gironde, C 3.308)? La question se pose d'autant plus que les deux Courriers, quoique de contenu différent, se veulent ou se révèlent des Anti-Rousset. Et l'on est tenté de poser une autre question: l'auteur du Courier critique ne serait-il pas le même que celui du Courier véridique, présenté comme l'auteur de l'Histoire du Scach-Nadir, Roi de Perse, Ci-devant Thamas-Kouli-Kan, Geneve, 1744 (Courier véridique, sept. 1744, p. 484-485)? Il est assez significatif que le rédacteur du Courier critique soit obligé de démentir la rumeur qui court et selon laquelle il serait aussi celui du Courier véridique: «Je déclare [...] publiquement que je n'ai nulle part à la composition du Courier véridique»: ce désaveu, faiblement appuyé sur le fait que le Courier critique n'oserait se donner pour «veridique» (ce qui va à l'encontre de la prétention initiale à l'«exactitude» et à la «vérité» des faits rapportés) (avril 1744, Avant-Propos, p. [1]), n'est-il pas une sorte d'aveu indirect? Significative aussi est l'allusion faite en septembre 1744 (p. 484-485) à l'existence d'une contrefaçon parue à Toulouse, au moins en août 1744, et qui, sous le titre de Courier véridique, reproduit les nouvelles du Courier critique... Bien qu'en l'état actuel de nos recherches, nous ne puissions identifier l'auteur du Courier critique ni affirmer indubitablement qu'il est également celui du Courier véridique, il est plus que vraisemblable que le Courier critique, comme le Courier véridique, a été imprimé à Bordeaux et l'on peut y voir un témoignage supplémentaire de l'activité qu'ont connue les presses bordelaises en ces années dans le domaine des périodiques, et plus particulièrement, de la reproduction ou de la critique du Mercure historique et politique. Rappelons, en effet, que les Nouvelles historiques pour le siècle courant, avec des Réflexions et Remarques politiques (Vienne, Garhat Bernes), dont nous avons précisément les livraisons de 1744, sont une contrefaçon du journal de Rousset très probablement bordelaise... Comme le sous-titre l'annonce, le Courier critique se pose d'emblée (et plus ouvertement que le Courier véridique) comme un anti-Mercure historique et politique. Tout en apportant les nouvelles du mois, il réfute certaines des nouvelles données le mois précédent par le Mercure. D'où cette présentation de chaque livraison: «Réfutation de [novembre]», «Nouvelles de [décembre]». Certes, l'auteur du Courier ne nie pas les «talents» du journaliste installé en Hollande (notamment les «agréments» de son style, juin 1744, p. 276) auxquels, pour sa part, il ne saurait prétendre (affectation de modestie, comme il se doit), mais il ne se prive pas de montrer que ces talents «prêtent des armes à l'imposture» (mai 1744, p. 211). Déguisement dans le récit des faits, faux raisonnements, témérité dans les conjectures, fautes contre le bon sens, violation de toutes les lois de la pudeur...: ce sont là quelques-unes des marques de la partialité et de la mauvaise foi d'un nouvelliste hostile à la France, partisan de la Maison d'Autriche et de ses alliés... Mois après mois, le Courier dénonce les mensonges, railleries, satires, calomnies, invraisemblances dont regorge le Mercure de Rousset. Quoi d'étonnant qu'animé par cet esprit polémique, le Courier critique ait été en retour «étrillé» (févr. 1744, p. [1])! La livraison de mars 1744 suscite notamment une volée d'injures qui tendent à présenter le Courier comme «extrêmement mauvais» et «farci de relations fausses»... Et l'auteur de s'empresser de répliquer (mai 1744, p. [1]-[8])... Cependant, en octobre (p. 542), il déclare renoncer à son travail critique que le défaut de lumières et de docilité du journaliste visé rend infructueux: «si je me mettais en tête d'en [du Mercure] relever tous les défauts et toutes les suppositions, il me faudrait faire accompagner chaque mois le Courier ordinaire [...] d'un Exprès chargé de Remarques critiques». Ce qui ne l'empêche pas de dénoncer encore en novembre et décembre un certain nombre d'erreurs. Le Courier critique, dont l'auteur, dans les livraisons de novembre et décembre 1744 (p. 617, 644, 700), se dit malade (il se plaint d'une sciatique et redoute un retard de publication), a-t-il continué à paraître après décembre 1744? Il est difficile de répondre. Mais n'oublions pas que le Courier véridique, lui, a dû poursuivre son cours puisque nous possédons une livraison datée de mai 1747 et dont la page de titre s'orne, d'ailleurs, de la même vignette que celle du Courier critique... Robert GRANDEROUTE
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