ISSN 2271-1813 ...
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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 223 LE CONSERVATEUR 2 (1760) 1] Titres Le Conservateur ou Collection de Morceaux rares et d'ouvrages anciens et modernes imprimés ou manuscrits, élagués, traduits et refaits en tout ou partie («imprimés ou manuscrits» figure sur la première page, mais non sur la page de titre). L'ouvrage paraît «avec approbation et privilège»; cela vaut pour les deux suppléments également. Les numéros de novembre 1758 et de décembre 1758 publiés en 1760 et 1761 s'intitulent: Supplément au Conservateur ou Collection de Morceaux rares et d'ouvrages anciens et modernes, élagués (etc.). C'est la continuation du Conservateur de 1756-1758. 2] Dates 1er janvier 1760 - 1er décembre 1760. 12 vol. + 2. Privilège du 12 novembre 1758, cédé le 16 novembre 1759 par Bruix à MM. *** et ***. Prospectus du 24 novembre 1759, repris dans le numéro de janvier 1760. Périodicité mensuelle + un volume de Supplément, de 6 mois en 6 mois. Supplément en juillet 1760 (nov. 1758) et en mai 1761 (déc. 1758), soit au total 14 vol. Ensemble les deux séries du Conservateur font 38 volumes. 3] Description Chaque volume est divisé en 5 articles, chaque article en 2 ou 3 sections, chaque section en chapitres. 216 à 220 p. par volume, 95 x 160, in-12. Devise: Floriferis ut apes in saltibus libant, Omnia nos itidem depascimur aurea dicta (Lucret). Les figures gravées qui disparaissent de la couverture séparent désormais les articles. 4] Publication Paris, Duchesne, rue Saint-Jacques au-dessous de la Fontaine Saint-Benoit, au Temple du Goût (1er juin - 1er juillet 1760); Paris, Lambert (à partir du 1er août 1760). Imprimeur P.G. Le Mercier, imprimeur libraire, rue Saint-Jacques au Livre d'or. Anciens volumes 1 # 10 s. l'un. Nouveaux volumes 40 s. l'un. Souscription aux 14 volumes (12 + 2 suppl.), 24 #; et «pour les personnes de province», 28 # 8 s., franc de port. Adresse du bureau du Conservateur: M. de Monglas, rue et croix des Petits Champs, vis-à-vis l'hôtel de Lussan. 5] Collaborateurs Chevalier de BRUIX (et Turben?). Turben s'efface devant Bruix (Avertissement, oct. 1758), mais ne précise pas les noms des «trois collaborateurs» sur lesquels son successeur compte. L'aide de Fréron est possible (DP2, art. «Bruix»). «L'auteur» du poème La Guerre de Hollande (févr. 1760, p. 193-216) et du Conservateur se dit «chargé d'une partie de cette collection» (p. 194). Il n'a pas été possible d'identifier l'auteur de ce poème qui ne figure pas dans les bibliographies de Bruix ni de Turben. 6] Contenu «A la tête de chaque volume une portion de l'Histoire littéraire du monde». Puis 4 articles: Philosophie (morale, physique, métaphysique); Histoire (chroniques, vies); Beaux-Arts (éloquence, poésie); Philologie (romans, fables, contes, musique). Ce projet, très précis, est scrupuleusement respecté. Noter la part importante de l'histoire, également présente dans les articles: Histoire littéraire et Philosophie. La géographie, chère à Turben, disparaît. Des textes récents et des manuscrits anonymes sont introduits. Mais on se souviendra que Turben avait déjà publié en inédit Les Acteurs de bonne foi. «L'auteur» offre en outre sa propre production: un poème héroïque, La Guerre de Hollande (févr. 1760, p. 195-216). Par rapport au premier Conservateur, la modernité est plus accentuée. La Grèce antique et l'Europe du Nord tendent à supplanter la Rome antique et l'Europe méditerranéenne. On trouve une série d'études sur l'athéisme. Auteurs étudiés: Scudéry; divers philosophes grecs, Spinoza; Newton; Hobbes, dont le Leviathan est analysé en 4 livraisons (juil. - oct. 1760); Gottsched pour ses Principes de philosophie (févr. 1760). Tables à la fin de chaque volume. 7] Exemplaires B.N., Z 27513-27518 (janv.-nov.), vol. reliés deux à deux; B.U. Médecine Paris, 90336 (déc. 1760 et le 2e supplément: déc. 1758); B.M. Lyon, 807 171 (déc. 1760 et les deux suppléments de 1758). 8] Bibliographie B.H.C., p. 48; H.P.L.P., t. III, p. 202-203 (inexact); DP2, art. «Bruix», «Le Blanc de Guillet», «Turben». Mémoires de Trévoux, janv. 1760 et t. II, p. 368. Quérard, «Le Blanc de Guillet». Historique L'Année littéraire comparait l'entreprise de «Messieurs Turben et de Bruix» à celle des Egyptiens embaumant et conservant leurs morts, ou à la redécouverte d'«Herculane» par les archéologues (3 oct. 1756, t. VI, p. 116-119). Les liens qui unissent les auteurs à Fréron semblent étroits. Lambert est l'éditeur de L'Année littéraire comme du Conservateur. En décembre 1756, dès le second numéro, Fréron est remercié d'avoir «bien voulu inviter les curieux à [...] communiquer leurs richesses». Thiriot, dans une lettre à Voltaire du 4 novembre 1756, affirmait même: «Je vous dirais ce que c'est que le Conservateur de Fréron qui va paraître. C'est un ouvrage dont vous avez donné l'idée» (Best. D7049). Cette dernière remarque est fondée sur une citation du Prospectus: «Il serait à souhaiter, dit M. de Voltaire, que quelqu'un se chargeât d'abréger les meilleurs livres». Turben veut trouver des auxiliaires autant pour recueillir des textes que pour les condenser. Mais il se plaint du manque de collaborateurs en octobre 1758 (voir 5). Cela peut expliquer l'arrêt de l'entreprise à cette date ou plus exactement en février 1759, quand paraissent août, septembre et octobre 1758. Avec Turben, disparaît alors un certain dilettantisme dans la conception du Conservateur première manière. Sans être fondamentalement différent de ce périodique, le nouveau Conservateur s'en distingue assez nettement pour que deux notices aient été jugées nécessaires. Le souci de continuité s'affirme dans l'Avertissement de Turben d'octobre 1758, qui reconnaît ses insuffisances: «Les relations de mon successeur sont plus étendues que les miennes. Il sera aidé par trois collaborateurs». Mais, si la volonté de combler le vide chronologique se manifeste dans des suppléments, il importe de souligner le changement de méthode et d'orientation: instauration de rubriques nettes, reprises dans chaque table des matières; introductions plus consistantes; présentation d'ouvrages modernes et notamment anglo-saxons, au détriment des espagnols et des italiens. Le titre lui-même a d'ailleurs subi une légère modification pour mettre en évidence l'intention de modernité. La référence au travail de l'abeille, dans la devise, manifeste apparemment un souci nouveau de sérieux et d'ordre, de même que la critique de Montaigne que contient le Prospectus de novembre 1759: Montaigne était un des auteurs favoris de Turben. Le changement de direction ne doit donc pas tenir seulement à des «raisons domestiques» (Turben, oct. 1758). On aura aussi remarqué le passage chez un autre éditeur, de janvier à juillet 1760, avant le retour chez Lambert. Quant à la date à laquelle disparaît effectivement le périodique, 1761 selon diverses sources (DP2, «Bruix», etc.), elle semble justifiée par l'Approbation du 5 mai 1761 donnée au supplément pour le mois de décembre 1758, ce volume portant néanmoins la date «MDCCLX» sur la page de titre. Le dernier volume régulier que nous ayons pu voir est de décembre 1760, sans doute retardé, puisque son Approbation est du 30 de ce mois. Ainsi, quoique l'intention eût été affirmée de constituer un ensemble continu grâce aux suppléments promis à la cadence d'un tous les six mois, l'année 1759 n'a jamais vu le jour. Et l'on peut lire cet avis à la dernière page du numéro de décembre 1760: «L'auteur ayant été malade n'a pu donner plus tôt ce volume, ni y insérer d'histoire littéraire. Le Supplément de décembre 1758 est sous presse, il va paraître bientôt. Si l'auteur se trouve assez rétabli pour commencer l'année 1761, il se rengagera dans cette carrière. En attendant l'ouvrage sera suspendu, et le public sera averti lorsqu'il sera continué». Nul autre avis ne devait être publié. En 1761 s'achève une série qui n'a jamais été datée de ce millésime. Denis REYNAUD et Robert FAVRE
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