ISSN 2271-1813 ...
|
|||||
Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 2 L'ABEILLE FLAMANDE (1746) 1] Titres L'Abeille flamande, ouvrage périodique. 2] Dates Dix fascicules de pagination continue, réunis en un volume. Aucun privilège ni prospectus; tous les «nombres» sont datés de 1746, sans autre précision. 3] Description Chaque «nombre» compte 24 p. et le recueil de 10 livraisons, 240 p., format in-12, 102 x 174. Citation en épigraphe pour le nº I: Ipsa varietate tentamus efficere, ut alia aliis, quaedam fortasse omnibus placeant (Plin. L 4. Epist. 14). 4] Publication «André Panckoucke, Libraire, Place Rihour, à Lille». Sur le nº I seulement: «Imprimerie de la Veuve Danel, Libraire, sur la Grand'Place, à la Bible royale». D'après Lepreux (Gallia typographica, t. I, p. 13), l'imprimeur serait Henry. 5] Collaborateurs André-Joseph PANCKOUCKE. Aucun article n'est signé. 6] Contenu Le prospectus annonce, selon la recommandation de Pline, des articles variés. Le journaliste «réussit parfaitement, s'il est assez heureux de faire un choix de matières qui contentent et qui plaisent généralement à ses lecteurs». L'Abeille doit butiner... Le journaliste se propose donc de réunir «les anciens points de notre Histoire [...], les Faits capitaux qui la concernent [...], les Hommes illustres qui ont bien mérité de leur Patrie [...], un Précis des Ouvrages qui honorent la Nation [...]». «A ce Plan qui concerne l'Histoire de Flandre, j'en ajoute un autre [...], la belle Littérature [...], un Précis des Dissertations qui se trouvent dans de gros Ouvrages [...], indiquer plusieurs Livres qui sont peu connus, examiner les Anecdotes qui les rendent remarquables [...], marquer les bonnes éditions recherchées des curieux». Panckoucke se propose en particulier d'évoquer l'origine et les progrès des sciences, l'histoire des grands hommes, d'examiner les ouvrages qui paraîtront en histoire, en jurisprudence, médecine, politique, théologie, philosophie, belles-lettres, etc. Principales rubriques: Mémoires pour servir à l'Histoire des comtes de Flandre, Littérature, Pensées diverses, Physique expérimentale. L'auteur le plus souvent nommé est Voltaire, «le premier poète de France». Sur les 240 p., 111 sont réservées à l'histoire, 65 aux sciences, 25 à la littérature, 20 aux pensées diverses. Il s'agit en fait d'une revue que nous pourrions qualifier de «culturelle». Parmi les principaux centres d'intérêt, on peut citer les extraits de l'histoire des comtes de Flandre, publiée en 1762 sous le titre d'Abrégé chronologique de l'histoire de Flandre: le récit événementiel est rythmé par les règnes (Baudouin, Baudouin le Chauve, Arnoul Ier le Vieux, etc.) avec des notes infrapaginales, dans lesquelles Panckoucke cite Baronius, Fleury, Mabillon, mais aussi les auteurs locaux. On note également des articles sur l'origine de l'écriture, sur les instruments servant à écrire et les supports, sur l'utilité des mathématiques (avec citations de Malebranche, Fontenelle, Rollin, Pic de La Mirandole, Hobbes, etc.), sur la physique des corps (citations de Boerhaave, Scheuchner, Pluche, etc.). 7] Exemplaires B.M. Lille, 27.492; B.N., Z 39654. 8] Bibliographie DP2 (art. «Panckoucke, André-Joseph»). – Trénard L., «La presse périodique en Flandre», D.H.S., nº 1, 1969, p. 89-105. – Tucoo-Chala S., Charles-Joseph Panckoucke et la librairie française (1736-1779), Pau et Paris, Marrimpouey et Touzot, 1977. Historique Originaire de Bruges ou de la région d'Ostende, la famille Panckoucke s'établit à Lille; André-Joseph, né en 1703, devient libraire et épouse la fille de son collègue Gandouin; passionné de savoir, admirateur de Voltaire, il souhaite participer à la diffusion des connaissances, ouvre un cours public de physique et de géographie, publie des ouvrages pédagogiques, s'intéresse à l'histoire de la châtellenie de Lille. Or, en dehors des almanachs, la capitale des Flandres n'avait pas de presse périodique. En 1746, André-Joseph lance L'Abeille flamande. Son programme est double: d'une part, l'Abeille doit butiner, c'est-à-dire faire connaître ce qu'il y a d'essentiel dans «les ouvrages qui honorent la Nation», notamment dans le domaine scientifique; d'autre part, elle doit «éclairer certains points de notre histoire, exposer avec netteté les faits capitaux qui la concernent, réveiller les cendres des hommes illustres». Le journal s'attachera surtout à l'histoire des comtes de Flandre, car elle est étroitement liée à celle de la France et de l'Angleterre. L'Abeille flamande réserve effectivement la majeure partie de ses 24 p. au «Mémoire pour servir à l'Histoire des comtes de Flandre». C'est un récit événementiel qui se prétend dépouillé des légendes; l'auteur cite Mabillon et affirme, à propos de Baudouin III: «L'engagement que nous avons contracté avec le Public, nous empêche de rien avancer sur les comtes de Flandre qui ne soit muni de bonnes preuves; on adopte peut-être encore trop de faits fabuleux, c'est pourquoi nous aimons mieux être vrais et courts que faux et prolixes». A propos de Lidéric et Phinaert, il rappelle que la légende est rapportée par Oudeguerst puis reprise par Jean d'Auxiron, un jésuite, dans son roman Lydéric Ier Forestier de Flandre, édité à Lyon en 1634. Il se réfère souvent, pour la vie des saints, aux Annales de la province et comté de Hainaut par François Vinchant (1648). Après l'histoire viennent, selon l'importance de la place accordée, les mathématiques, la physique, la philosophie. Les références renvoient aux philosophes (Hobbes, Bayle, Fontenelle, Malebranche, etc.) plutôt qu'à leur doctrine. Panckoucke met en garde contre le sensualisme, mais les articles sur la physique des corps reflètent un esprit nouveau: «deux choses sont nécessaires pour faire quelques progrès dans l'étude de la nature: l'Expérience et le Raisonnement». Toute physique, ajoute-t-il, doit être expérimentale. La littérature occupe une place réduite; elle consiste avant tout en une apologie de Voltaire, et en citations des «beautés admirables» que recèle le Poème sur la bataille de Fontenoy. La famille Panckoucke, d'abord considérée comme janséniste, puis estimée proche des philosophes, fut constamment surveillée: après dix «nombres», l'hebdomadaire disparut. Louis TRÉNARD
Merci d'utiliser ce lien pour communiquer des corrections ou additions. © Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique) |