ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1214

LES SOTTISES DU TEMPS (1754)

1Titres Les Sotises du tems ou Mémoires pour servir à l'histoire générale et particulière du genre humain, ouvrage critique et moral, badin et sérieux, amusant et instructif, «contenant les sotises qui se font journellement dans le monde ainsi que les nouveautés curieuses et amusantes qui y paraissent».

2Dates 8 janvier - 10 mai 1754. 33 numéros réunis en un volume. La périodicité est annoncée comme hebdomadaire dans un avertissement qu'on ne trouve pas dans les 4 premiers numéros, mais qui figure ensuite au verso de la page de titre: «ce journal continuera à paraître tous les jeudis...». En fait chaque numéro se compose d'une lettre. Le volume contient deux tomes, le premier contient 18 lettres, datées du 8 janvier au 8 mars, et le second 15 lettres du 12 mars au 10 mai, et elles sont datées de trois jours en trois jours, environ. On en sortait donc plusieurs par semaine, mais vendues peut-être en même temps, le jeudi. Elles sont paginées en suivant, et de longueur inégale, mais les deux tomes ont chacun 168 p.

3Description Les lettres sont datées de Paris et numérotées en suivant, de I à XXXIII. Leur longueur varie de 6 à 12 p., et parfois quand la matière est longue, la typographie se serre dans les dernières pages. Format in-8º, 93 x 150.

Devise: «Le Monde est plein de fous et qui n'en veut point voir / Doit chez soi s'enfermer et briser son miroir». On trouve 5 chansons, paroles et musique.

4Publication L'adresse de l'éditeur est: «A La Haye, chez Nicolas Van Daalen, Librairie dans le Hoogstraat». Libraires associés: Amsterdam, Pierre Mortier, M.M. Rey, C. Potgrieten et Cie; Haarlem, J. Bosch; Leyden, E. Luzac junior et D. Haak; Rotterdam, J.D. Beman; Utrecht, Spruyt; Breda, Van den Kieboom; Leuwarde, Ferrewerda; Groningue, Barlinckhoff; Arnhem, Nyhoff; Dort, héritiers Van Braem; Middleburgh, Gillesse; Cologne, Kreyer, expéditeur en chef du Bureau de Postes; Berlin, J. Neaulme, J. Jasperd, libraires, et dans les autres Bureaux de Postes chez les distributeurs de Gazettes et chez tous les libraires dans les différentes villes de l'Europe.

5Collaborateurs Ce périodique a été attribué à Pierre Clément par Barbier (IV, p. 533) sur la foi d'Alexandre Savérien (1777). Cette attribution apparaît aussi dans une note manuscrite à la première page de l'ex. de la bibliothèque de l'Opéra: «Par Clement de Genève...». Mais J.-D. Candaux, dans la notice consacrée à Clément dans DP2, la conteste, pour des raisons qui paraissent fort sérieuses, mais ne tranchent pas définitivement la question; il ne propose pas d'autre attribution.

6Contenu La note manuscrite citée développe le contenu de l'ouvrage en ces termes: «On trouve dans cet ouvrage plusieurs anecdotes littéraires sur les auteurs du tems: Voltaire, J.J. Rousseau, Piron, Boissy, l'abbé Mascries, Diderot, un abbé Favart, docteur de Sorbonne peu connu (t. I, p. 119), le père Simplicius, l'abbé du Vernet (p. 73), Lekain, la Clairon (t. II, p. 28), M. De Boze (p. 84). Ce journal en forme de lettres n'a pas été continué davantage. Il est plaisant, rempli d'anecdotes littéraires, de traits de mœurs, propre à faire connaître l'époque à laquelle il a été écrit, quoique ses traits touchent parfois à la caricature». Il est centré sur la vie littéraire parisienne, écrivains à la mode, spectacles. Le ton est persifleur et anticlérical.

T. II, p. 155-159, la «Table des matières contenues dans les deux tomes des Sotises du Tems».

7Exemplaires Opéra, Pi 190.

8Bibliographie DP2, art. «Clément, Pierre» (par J.-D. Candaux).

Historique Malgré la liste importante de ses libraires associés et la fière affirmation que le journal se trouve dans les «Bureaux de Postes, ches les distributeurs des Gazettes et tous les libraires dans les différentes villes d'Europe», ce journal eut une courte durée et nous ne l'avons retrouvé qu'à la seule bibliothèque de l'Opéra. Est-il ou non de Pierre Clément de Genève? Il est évident que celui-ci reste avant tout le fin journaliste, connu dans toute l'Europe lettrée, des Cinq Années littéraires et que le parallèle avec ce périodique sur lequel s'appuie l'argumentation de Jean-Daniel Candeaux pour lui «retirer la paternité» des Sottises du Temps, est troublant. Il trouve peu vraisemblable que l'auteur ait pu publier aux mêmes dates deux périodiques littéraires chez des libraires différents, même si l'édition de 1755 des Cinq Années porte rétrospectivement sur les nouvelles littéraires de 1748 à 1752. Le rythme de parution n'est pas le même, la présence de Clément à Paris, d'où le correspondant des Sottises est censé s'exprimer, n'est pas attestée par sa correspondance. Enfin le ton et les jugements critiques sur les livres et les auteurs sont souvent fort différents. Ces objections sont d'importance et nous ne pouvons pas trancher. Mais il ne nous paraîtrait pas impossible qu'un certain goût de Clément pour la mystification ait pu trouver son compte à changer de ton et de public, en s'essayant dans le genre léger, satirique et mondain.

En tout cas ce périodique, où se manifestent un vrai don d'écrivain, une ironie intelligente, un métier certain et un amusement évident, mérite d'être sauvé de l'oubli. L'imposant éventail de libraires associés qu'il présente, atteste — avec ou sans forfanterie? — un auteur bien introduit sur le marché européen du livre.

Madeleine FABRE

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)