ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1180

RECUEIL POUR L'ESPRIT ET POUR LE CŒUR (1764-1772)

1Titres Recueil pour l'Esprit & pour le Cœur.

Devient en 1766: Nouveau Recueil pour l'Esprit & le Cœur.

2Dates Deux volumes publiés en 1764 et 1765, puis onze de 1766 à 1772. Le projet de souscription, publié en tête du premier volume, est daté du 29 octobre 1763 et annonce la publication du journal pour janvier 1764: «Il paroîtra régulièrement toutes les semaines une feuille de ce recueil». Il était sans doute prévu de publier chaque année 4 parties, composées de 13 livraisons hebdomadaires, soit 52 livraisons par an. En fait, il n'a paru en 1764 que 3 parties, de 13 ou 14 livraisons; un avis à la fin de la 1re partie du t. II ouvre la souscription pour la 4e partie (jusqu'au 20 septembre).

Datation des volumes: 1764, t. 1 et t. 2, I; 1765, t. 2, II; 1766, t. 1 et 2; 1767, t. 3 et 4; 1768, t. 5 et 6; 1769, t. 7; 1770, t. 8 et 9; 1771, t. 10; 1772, t. 11.

3Description Le t. 1 comprend 2 parties de 192 et 208 p. (1764); le t. 2 comprend 2 parties de 204 p., l'une de 1764 et l'autre de 1765. La 1re partie comporte en outre le projet de souscription et une préface (24 p. non pag.). Les onze tomes suivants comptent de 384 à 416 p. Chaque cahier de 16 p. in-8º, 95 x 160, correspond à une livraison.

Devise: Ego apis matinae more modoque. Horat. Page de titre avec encadrement de rocaille et titre dessiné en scriptes, comme pour le Nouveau Recueil.

4Publication «A Zelle [Celle], chez George Conrad Gsellius, Libraire du Roi» (1764-1765), puis chez «J.J. Schultze, Imprimeur de la Cour» (1766-1772).

La liste des souscripteurs, publiée en tête du premier volume, comporte 88 noms, dont la reine de Grande-Bretagne, 66 membres de la noblesse de robe (armée, administration et justice) et de la noblesse de cour de l'électorat de Hanovre (entre autres les maisons ducales de Mecklenbourg-Strelitz et de Brunswick-Lunebourg), 21 magistrats roturiers, avocats et négociants.

5Collaborateurs Jacques Emmanuel ROQUES DE MAUMONT.

6Contenu La préface annonce «le plus joli des recueils», sur le modèle du Choix littéraire de J. Vernes (1755-1760): «Parmi le grand nombre des brochures qu'on publie tous les jours, il y en a de fort estimables qui disparoissent & se perdent, comme on l'a souvent remarqué, pour n'être pas assez volumineuses». Le recueil sera donc composé de rééditions d'œuvres anglaises et de publications régionales allemandes, sans indication de sources: odes, fables, contes (surtout orientaux), réflexions morales sur la lecture, la mort, le vrai bien, l'ennui, la vieillesse, l'éducation, etc. On y trouve entre autres des extraits du «voyage sentimental» de Sterne (t. 9), une satire de Butler, L'Eléphant dans la lune (t. 6), des extraits du Messie de Klopstock, deux pièces de Voltaire («A l'Impératrice de Russie, t. 1, et «Epître à Boileau, ou mon testament», t. 10). La revue offre également de temps à autre «les nouvelles littéraires les plus importantes», en fait quelques rares annonces et comptes rendus. Sont exclus les articles trop spécialisés, «qui exigent de la part du lecteur des connoissances fort rares, ou dont bien peu de gens sont susceptibles» (projet de souscription, t. I), ainsi que les satires personnelles.

Sommaire en tête de chaque partie.

7Exemplaires Ars., 8º BL 847921-2; Herzog August Bibliothek, Wolfenbüttel, Lm 4256 pour les t. 1-2; Niedersächsische Landesbibliothek, Hanovre, P-A 1266 pour les t. 3-11.

Historique Bien que le fondateur du Recueil ait signé la préface du premier tome de 1766 du seul nom de «Roques», on peut l'identifier comme étant le pasteur huguenot Jacques Emmanuel Roques de Maumont (voir DP2). Le Recueil, conçu à l'origine comme l'organe des «sociétés civiles et religieuses» huguenotes, fut entièrement pris en charge par Roques. Le journal fut suspendu en 1765. Les vives attaques de Roques, en tête du tome de 1766, contre «des gens ridiculement sévères, qui imaginent qu'un ecclésiastique ne doit publier que des sermons ou des traités de théologie», laissent entendre qu'il fut contesté par sa communauté religieuse.

Le Recueil se compose pour une part d'articles écrits par Roques, et pour le reste, comme il le remarque dans la préface du tome de 1766, d'articles empruntés. Roques est peut-être l'auteur des articles de philosophie morale. Il est assurément celui de la «Lettre à Monsieur le Baron de Bulow» sur une représentation de Zaïde donnée à Celle (t. 1, p. 145-152), lettre signée «R». Quelques articles portent l'indication de leur source: le «Mémoire concernant la famille des Fleuriot» est du comte de Tressan (cf. note, t. 1, p. 65); le texte intitulé «Les solitudes du baron de Cronegk. Chant I» est donné à «Mr. d'Yverdun» [Georges Deyverdun?]. De nombreux textes témoignent du lien que Roques tenait à garder avec la Suisse et avec le Hanovre: pièces tirées des actes d'une société littéraire de Suisse (t. 8, p. 257), idylle publiée par un conseiller de la cour de Hanovre (t. 7, p. 379). On note d'autre part un vif intérêt pour les questions de droit et de justice, et un éloge des membres de la cour d'appel de Celle (t. 7, p. 385).

Le Recueil reflète assez nettement des préoccupations calvinistes. Les vertus fondamentales y sont opposées aux mœurs contemporaines, entre autres à propos de projets éducatifs (t. 3, p. 385), ou des formes de la pratique religieuse («Réflexions sur le luxe dans les funérailles», t. 1 de 1766, p. 257). La question de l'incrédulité est souvent abordée, pour conclure à une critique de la philosophie des Lumières (t. 2, p. 369; t. 3, p. 1). Voltaire est très vivement pris à partie à propos d'une pièce intitulée Repentir ou confession publique de Monsieur de Voltaire (t. 11, p. 33). L'exercice de l'autorité souveraine, sous le contrôle de la religion, y est constamment défendu (cf. en particulier le Dialogue entre le Prince de *** et son confident, t. 7, p. 289, ou Le Roi patriote, t. 1 de 1764, p. 49). Mais on trouve, à côté de l'éloge du roi de Prusse, favorable aux protestants, une glorification de la politique culturelle de Louis XIV (t. 2, p. 323), et une défense de la politique commerciale de l'Angleterre, en vue d'un équilibre économique de l'Europe (t. 8, p. 281). La partie littéraire de la revue est moins fournie et porte surtout sur la littérature du XVIIe siècle; mais un article sur la Bibliothèque des dames (t. 3, p. 65) est l'occasion pour l'auteur de présenter une liste des ouvrages français à conseiller à ses lecteurs.

Joachim EMIG

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)