ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1173

RECUEIL DES ÉPÎTRES EN VERS BURLESQUES (1655-1658)

1Titres Recueil des Epitres en Vers Burlesques de Mr Scarron, et d'autres Autheurs, sur ce qui s'est passé de remarquable en l'année (corrigé d'une main ancienne en: «es années») 1655 (addition de la même main, sur l'exemplaire consulté: «1656, 1657, 1658»).

Modifications du titre: Epitre de Jaquemard Horloge de S. Paul, A la Samaritaine Horloge du Pont-Neuf (nº 1, 3, 5, 7). Réponse de la Samaritaine, Horloge du Pont-Neuf, A Jaquemard Horloge de Saint-Paul (nº 2, 4, 6, 8). Epitre de Mr Scarron (nº 9 à 15). Lettres à Monsieur Scarron escrite de l'armée du Roy par un sien amy (nº 16). Epitre à Monsieur Scarron par un sien amy (nº 17). Epitre Burlesque (nº 18). Epitre A (suit le nom d'un destinataire presque chaque fois différent) (nº 19-32). La Muse de la Cour, A (même observation que précédemment) (1656 à 1658: 17 + 36 + 12 numéros).

Continué par La Muse de la Cour.

2Dates 14 janvier 1655 - 20 mars 1658. Un volume. Le privilège, du 9 janvier 1655 (enregistré le 12), est cédé par Scarron à Lesselin le 2 février 1655; un nouveau privilège est pris par Lesselin le 14 août 1656 (registré le 18) pour la Muse de la Cour. Annoncé comme hebdomadaire; il paraît effectivement un numéro par semaine, avec toutefois des interruptions, notamment de mars à mai 1655, à la fin de l'année, puis de janvier à août 1656. Le nombre moyen de livraisons par an est de 32 à 36, dans les années les moins incomplètes (1656, 1657). Le volume est daté de 1656, mais le recueil, composite, a été complété plus tard.

3Description Le volume est composé d'une suite de numéros (avec des lacunes: manquent, dans l'exemplaire consulté, les nº 29-30 de 1655, 1 de 1656, 1, 7, 8, 19, 21 et 31 de 1657) avec, pour 1655, 1656, 1657, 1658, une pagination continue, du reste très défectueuse (chiffres erronés, nombreuses interversions de cahiers signalées parfois par des renvois d'une main ancienne dans l'exemplaire consulté).

Il comporte 617 p. (559 dans l'exemplaire consulté), c'est-à-dire: 293 (moins les p. 252-269) pour le Recueil des épîtres (1655), 228 (moins les p. 1-8, 49-64, 145-152, 161-168) pour la Muse de la Cour (1656-1657), 96 pour la Muse de la Cour (1658).

Cahier de 8 p., in-4º.

4Publication «Paris, Alexandre Lesselin. Rue de la Barillerie devant le Palais à la Fontaine des Pastoureaux et en sa boutique vis-à-vis»; ou: «entre les deux grandes portes du Palais, à la Ville de Lyon, et Enseigne d'Imprimerie»; à partir du 13 janvier 1658: «Rue (Vieille) Drapperie». Imprimeur: Alexandre Lesselin.

5Collaborateurs Fondateur: Paul SCARRON.

Auteurs: à partir du 4 août 1655, Julien (selon F. Lachèvre, qui suggère une identification avec Saint-Julien); les 23 et 31 décembre 1655, mention: «Par le sieur de S.C.».

Collaborateurs occasionnels, pour certaines pièces de vers liminaires: de Ledignan, Claude Le Petit, La Gravette, de Rosimon.

6Contenu Contenu annoncé: nouvelles diverses. Contenu réel: faits divers, nécrologie, nouvelles de la Cour, de la guerre, de la ville, etc.; en 1656, visite de la reine Christine à Paris.

Principaux centres d'intérêt: 1) la versification et le style burlesques; 2) les indications de Scarron sur lui-même; 3) les nouvelles diverses, qui toutefois sont rares.

Principaux auteurs étudiés: les burlesques, dont Scarron se plaint.

Une «Table des noms des personnes à qui les Epitres suivantes ont esté dediées», non paginée, se trouve en tête du volume.

7Exemplaires B.N. Rés. Lc224. Lachèvre ne mentionne que six exemplaires connus, dont quatre incomplets.

8Bibliographie H.G.P., t. I, p. 121 (avec, pour date, 1665 au lieu de 1655).

Réédition par Frédéric Lachèvre: Un point obscur de la vie de Scarron. Scarron et sa Gazette burlesque (14 janv. - 22 juin 1655) réimprimée pour la première fois, Paris, L. Giraud-Badin, 1929. Seules les épîtres écrites par Scarron se trouvent ici rééditées.

Mentions dans la presse: Loret, Muse historique, 23 janv. 1655, v. 1-18; F. Colletet, Bureau académique, 13 mai 1677, p. 52.

Historique Scarron avait obtenu, le 9 janvier 1655, un privilège de cinq ans, registré le 12, pour ses Epîtres hebdomadaires en vers. Le 2 février, il le cédait au libraire Alexandre Lesselin.

Après sept numéros (14 et 21 janv., 1er, 9, 16 et 23 févr., 2 mars), Scarron, malade, s'interrompt. Un numéro isolé sort le 8 avril. La publication reprend avec plus de régularité le 12 mai. La fiction d'un commerce épistolaire entre le Jaquemard de l'église Saint-Paul et l'horloge de la Samaritaine est alors abandonnée. Chaque épître est adressée désormais par le rédacteur à un destinataire différent: le marquis de Molac (12 mai), M. d'Alzau (20 mai), Servien (26 mai), Potel le Romain, Mlle de Sainte-Hermine, la marquise de Villars, la marquise de Montaterre (1er, 9, 16, 22 juin). Après quoi, Scarron cesse toute activité de journaliste.

Lesselin improvise alors une lettre adressée à Scarron lui-même (29 juin), qu'une seconde suit, le 4 août, et il le remplace par un certain Julien en qui F. Lachèvre s'est demandé s'il ne fallait pas voir Saint-Julien. A noter cependant que les deux dernières Epîtres de 1655 (23 et 31 déc., nº 31 et 32) portent la mention: «Par le sieur de S.C.». Les épîtres continuent à être dédiées chacune à diverses personnalités: la maréchale de Guébriant, la princesse Palatine (17 et 23 août), les ducs de Mantoue et de Guise, le maréchal de L'Hôpital, le comte d'Harcourt (1er, 10, 16 et 23 sept.), Mme de Mercœur, le duc d'Amville (6 et 29 oct.), MM. de Senneterre, du Plessis-Guénégaud, Janin de Castille, du Refuge, etc. (nov.-déc.).

L'année suivante, les Epîtres en vers burlesques sont remplacées par une première Muse de la Cour, à ne pas confondre avec celle de Subligny qui lui succédera quelque dix ans plus tard. Pour ce périodique, Alexandre Lesselin prend le 14 août 1656 un privilège registré le 18. Au titre près, la formule n'a pas changé. Des épîtres, numérotées de I à XV pour l'année 1656, sont adressées, en septembre à la duchesse de Roquelaure, à la reine Christine, à M. de Gramont, à l'ambassadeur de Venise; en octobre au duc de Richelieu, au baron de Rians, au duc de Créquy, à M. Monnerot, en novembre au surintendant Foucquet, à De Alus, au marquis de Créquy et de Saint-André Montbrun; en décembre à Mlle de Mancini. La série se termine par deux épîtres non numérotées, datées du 10 et du 16 décembre, et dédiées au cardinal Mazarin. Ces différentes dédicaces témoignent d'une savante stratégie pour assurer à La Muse de la Cour des subsides financiers et des protections.

En 1657 sont publiées trente-six épîtres, dont certaines s'ouvrent sur des vers (stances ou sonnets) signés de Ledignan (10 avril, 22 juin), ou Claude Le Petit (17 et 25 sept., 10, 20 et 28 oct.). Elles sont adressées, entre autres, au prince Eugène, à Turenne, à Saint-Aignan (mars), à Mlle de Mancin et au duc de Vitry (avril), à Foucquet (mars), au cardinal Barberin, à l'avocat général Talon, à Séguier et au lieutenant civil Daubray (juin), à la marquise de Charost, à la Grande Mademoiselle, au duc François et à Louise-Marie de Bavière (juil.), aux marquises de Bonelle et de Brecour (août), au prince de Lorraine, au lieutenant civil Daubray, à l'ambassadeur d'Angleterre et à la Grande Mademoiselle (sept.), au coadjuteur de Narbonne, au duc de Nemours, au président Amelot (oct.), au maréchal de Villeroy et au marquis de Villequier (nov.), à Mlle de La Vrillière, à l'ambassadeur d'Angleterre, au contrôleur général d'Hervart et à l'évêque d'Agde (déc.).

Une douzaine de numéros paraissent encore dans les premiers mois de 1658. Les neuf premiers, sauf le cinquième, dédié à la princesse Palatine (27 janv.), comportent des vers (stances, épithalame, sonnet) signés La Gravette, l'antépénultième des stances dues à de Rosimon. Ils s'adressent au Roi, à la Reine, à Monsieur, à Mazarin (1er, 5, 13 et 19 janv.), à la comtesse de Guiche, au comte d'Armagnac, à la comtesse de Vézelet (5, 11 et 16 févr.), au marquis et à la marquise de Soycourt (24 févr., 3 et 12 mars), au marquis de Saint-Héran enfin (20 mars). La publication cesse alors, semble-t-il, pour ne reprendre qu'avec Subligny.

Cette gazette, en octosyllabes, après le départ de Scarron, qui l'avait créée, mais, trop impotent, se découragea vite du métier de journaliste, survécut difficilement et ne parvint jamais à concurrencer sérieusement La Muse historique de Loret, à laquelle elle ressemblait un peu trop pour s'affirmer de façon vraiment originale.

Jean-Pierre COLLINET

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)