ISSN 2271-1813 ...
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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1148 LES PROMENADES DE M. LE NOBLE (1695?-1699?) 1] Titres Les Promenades de Mr Le Noble. Première [-Douzième] Promenade. Chacune porte en outre un titre particulier, inspiré par la nouvelle qu'elle contient: Le Mariage forcé, L'antipathie, Le Fourbe hypocrite, La Laconade ou la belle Paticière, La Prevention confondue, La Coquete Harpie, Le Colporteur de Proserpine, L'Enfant trouvé, La nouvelle Matrone, La Vieille dupée, La Tourterelle infidelle, La Princesse Lionelle. Modifications du titre: La Promenade de Titonville. [-Sixième] Avanture. Treizième [-Dix-huitième] Promenade. [Le Juge de Kimper, Les Aparences trompeuses, Les Médecins d'Auxerre, La Femme ressuscitée, Cathos la blanchisseuse, Blaize Gaulard ou le neveu de la Tante Bobé]. Carte de l'Isle de Mariage. Promenade dix-neuvième. Suite de la Carte de l'Isle de Mariage. Seconde [-Quatrième] Partie. Vingtième [-Vingt-deuxième] Promenade [Les Huit contents, avanture galante, La Marmite à Gillot, La Mère mari, avanture galante]. Les Vandanges de Chablis, ou l'Avocat berné. Avanture galante en deux Parties. Vingt-troisième [-Vingt-quatrième] Promenade. L'Ecole du Monde nouvelle, ou les Promenades de Mr. Le Noble (réédition de 1709). Continuation de L'Ecole du monde, L'Ecole des sages, L'Esprit d'Esope. Continué indirectement par: Dialogue entre le Diable boiteux et le Diable borgne. 2] Dates 1695?-1699? 2 volumes. La périodicité réelle est inconnue, mais on lit dans la Préface (p. 7, éd. de 1709): «Et afin que ces Leçons s'impriment avec plus de facilité et de profit, au lieu d'en accabler l'esprit par le poids d'un gros volume qui devient souvent importun, Je doneray tous les quinze jours une de ces Promenades, c'est-à-dire tous les premiers et les quinzième des mois». Le nombre moyen de livraisons par an est 24, en 2 (?) volumes. Cioranescu indique une édition datée de 1705, mais je n'ai pu la consulter. 3] Description Chacun des deux volumes se divise en deux tomes, contenant chacun six promenades; pages (de la réédition de 1709): 256 + 270; 278 + 271. Cahier de 48 p., in-12. Frontispice représentant les Tuileries pour les t. I, II, III. Frontispice différent pour la Carte de l'Isle de Mariage au t. IV. 4] Publication «Amsterdam, Pierre de Coup, à côté de la Maison de ville» (réédition de 1709). 5] Collaborateurs Eustache LE NOBLE. 6] Contenu «Comme les entretiens que mes amis ont eu avec moy dans ces Promenades ont roulé sur tout ce que le hazard ofroit à nos yeux, on peut bien juger qu'elles seront mélées de toutes sortes de matières [...] On ne laissera pas néanmoins d'y trouver un sérieux très moral sous le voile des plaisanteries qui luy servent d'écorce, et c'est par cette raison que j'ay jugé à propos de leur continuer le titre de l'Ecole du Monde [...] J'aurois bien pu continuer celle-cy par de nouveaux Dialogues; mais j'ay cru qu'en ayant déjà donné un grand nombre, la diversité doneroit plus d'agrément, outre que la manière dont je traite ces Promenades tient si fort de l'Entretien qu'on pouroit les prendre pour de veritables. Ainsi j'ay pris une nouvelle route qui aura comme je croy son mérite, puisque tant par les raisonnements que par les peintures de certaines Fables entremêlées, j'arrive au même but, et qu'y joignant quelques Avantures plaisantes et véritablement arrivées, je touche d'une main légère les féblesses humaines pour en essayer la correction» (p. 6-7, réédition de 1709). Contenu réel: entretiens sur divers sujets (théâtre, littérature, etc.); nouvelles divertissantes dans le ton du réalisme familier (une par entretien); fables en vers sur des sujets d'actualité. Principaux centres d'intérêt: 1) la Préface apporte des indications importantes sur d'autres productions de Le Noble (Ecole du Monde, Ecole des Sages, Mercuriales); 2) quelques Promenades contiennent des pages de critique, de satire et de polémique littéraires; 3) les nouvelles montrent en quel sens le genre romanesque est en train de se transformer. Attaques contre Gacon (Lacon, IVe et Ve Promenades), Dancourt (Candour, VIIe Promenade), [Belin] (auteur de La Mort d'Othon, VIIe Promenade), Maimbourg et Varillas (VIIe Promenade), Barbin (Barbinelli, VIIe Promenade), la bibliothèque bleue de Troyes (VIIe Promenade), Mme Guyon (VIIe Promenade). Références à Marot, Corneille, Molière, Racine, La Fontaine (VIIe Promenade), Boileau, Charles Perrault, Perrachon (IVe Promenade). 7] Exemplaires B.N., réédition de 1709, Amsterdam, Pierre de Coup. 8] Bibliographie Rééditions: L'Ecole du monde, nouvelle, ou les Promenades de Mr Le Noble, Amsterdam, Pierre de Coup, 1709, 4 tomes en 2 vol. Les Œuvres de Mr Le Noble, imprimé à Rouën et se vend à Paris, Pierre Ribou, 1718, 20 vol.; t. XII (Promenades I-VIII), t. XIII (Promenades IX-XXIV), t. XIV (Suite de la XXIVe Promenade et XXVe Promenade). Manque la Préface mais le t. XIII comporte une promenade supplémentaire (la XXIIIe: L'inceste innocent, ou la mauvaise mère, avanture galante). Hourcade P., «Pour une mise au point bibliographique des romans de Le Noble», Papers on French seventeenth-century literature, t. XI, Seattle, 1979, p. 169-180. Historique Comme le signale la Préface, ce périodique d'une espèce particulière s'inscrit dans le prolongement de L'Ecole du monde, de L'Ecole des sages et de L'Esprit d'Esope. Il semblerait même, si l'on se fie au texte de cette Préface, que Le Noble aurait mis en chantier cette nouvelle série avant qu'aient pris fin la première et la dernière des précédentes. L'idée pourrait remonter dès lors à 1695. Cependant aucun des événements allégués dans Les Promenades ne paraît antérieur à 1698-1699. On ne peut que constater que dans l'état actuel de nos connaissances sur Le Noble journaliste, la chronologie de ces différentes publications reste incertaine et passablement confuse. Les Promenades s'apparentent aux autres productions de leur auteur dans le domaine du journalisme par leur périodicité, leur forme dialoguée, la présence de fables dans chacune des douze premières. Elles en diffèrent par les diverses nouvelles qu'elles contiennent, auxquelles l'entretien préliminaire de l'auteur avec ses amis ne sert plus que de préambule ou de cadre, et qui finissent par devenir, à partir de la XXe Promenade, tellement envahissantes qu'elles occupent à elles seules toute la place, entraînant la disparition complète du dialogue introducteur. Elles tendent d'autre part à s'allonger, de sorte que la dernière s'étend sur deux Promenades; avec les Vandanges de Chablis apparaît presque le procédé, cher aux feuilletonistes ultérieurs, de la «suite au prochain numéro». Les Tuileries servent d'abord de cadre aux conversations de l'auteur avec ses amis Ariste, Criton, Dorante. Mais ils se différencient de ces «Nouvellistes en titre d'office, Censeurs perpétuels du Gouvernement, Réformateurs de la Police, Distributeurs par anticipation de tous les emplois et Bénéfices, et Scrutateurs impertinents des desseins du Maître et des secrets de son Cabinet» (Première Promenade, éd. de 1718, t. XII, p. 238). Plus tard, à partir de la treizième Promenade, la scène se transporte à Titonville, comme le souligne la modification du titre, bien que le frontispice du tome qui contient cette nouvelle demi-douzaine de Promenades représente encore le jardin des Tuileries. Avec la XIXe Promenade, où commence La Carte de l'Isle de Mariage, et qui porte pour sous-titre «Extraordinaire des Promenades», le décor change à nouveau et entraîne le lecteur à Gentilly. Les nouvelles contées au cours des Promenades sont données pour vraies. Mais elles relèvent dans une large mesure, semble-t-il, de la fiction. Seul le cadre géographique, fourni généralement par la province française (Bretagne, Bourgogne) leur donne un semblant de réalisme et d'authenticité. Elles appartiennent en fait à la variété des «avantures» divertissantes dont Le Noble romancier s'est fait une de ses spécialités et qui dérivent des Histoires comiques. Avec Les Promenades, l'œuvre du journaliste s'infléchit vers le roman comme avec La Grotte des fables elle virait vers la poésie didactique et comme avec L'Ecole du monde elle se mettait au service de l'enseignement moral: cette production multiforme confine à plusieurs autres genres, au point parfois de s'y confondre et de s'y absorber. Jean-Pierre COLLINET
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