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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1117 PETITE BIBLIOTHÈQUE DES THÉÂTRES (1783-1788) 1] Titres Petite Bibliothèque des Théatres; contenant un Recueil des meilleures Pieces du Théatre François, Tragique, Comique, Lyrique & Bouffon, depuis l'origine des Spectacles en France, jusqu'à nos jours. 2] Dates Septembre 1783 - fin 1788. 63 tomes. Privilège en date du 10 octobre 1783. Prospectus (6 p.) en date du 22 novembre 1783. Périodicité annoncée: 1 vol. par mois, 12 vol. par an. Des retards ont pu se produire dans la livraison effective des volumes (le Mercure de France signale encore dans les premiers mois de 1789 la parution de certains tomes); mais les dates des volumes sont conformes à la périodicité prévue: 12 tomes datés de 1783-1784, 12 de 1785, etc. Aux 60 tomes, il convient d'ajouter 3 tomes d'Essais historiques sur l'origine et les progrès de l'art dramatique en France. De la Tragédie, qui appartiennent respectivement aux trois premières années de la collection et sont datés de 1784, 1785 et 1786 (en fait, le 3e volume a paru dans le courant de 1787). 3] Description La collection est divisée par genres: Théâtre Français, Tragédies (17 t.) et Comédies (24 t.), Théâtre de l'Opéra (4 t.), Théâtre Italien, Comédies (6 t.) et Comédies lyriques, Opéras comiques... (4 t.), Petits Théâtres (5 t.). Chaque tome comprend plusieurs pièces et compte de 250 à 300 p. In-18, 73-80 x 120-133. Portraits gravés d'auteurs dramatiques. Musique gravée des airs d'ariettes et vaudevilles les plus jolis de pièces lyriques. 4] Publication A Paris, Au Bureau, rue des Moulins, butte Saint-Roch, nº 11. Chez Belin, libraire, rue Saint-Jacques, près Saint-Yves; Brunet, Libraire, rue de Marivaux, place du Théâtre Italien. En 1783, le Bureau est établi maison de M. Richard, marchand tapissier. En 1787, il est précisé que toute correspondance doit être adressée au Directeur, rue Neuve des Petits-Champs, près la rue Richelieu; en 1788, l'adresse est rue de la Sourdière, nº 14. Imprimeur: Valade. Prix: le Prospectus prévoit que les pièces se vendront séparément 1 # 4 s. et les volumes 4 #. Mais l'inconvénient est tôt senti de «décompléter» la collection et il est décidé qu'aucune pièce ni aucun volume ne sera détaché (Avis, t. I). Souscription pour l'année entière: en 1784, 33 # pour Paris, 36 # pour la province et les pays étrangers (exemplaires en papier carré fin de la manufacture royale du Sieur Réveillon). En 1787, est annoncée une augmentation du prix: 48 # pour Paris comme pour la province. Un tirage sur papier velin est proposé aux «amateurs de belles éditions»: le prix est successivement de 54, 75 et 96 #. Aux souscripteurs, les Essais historiques sont délivrés gratis, de même qu'un treizième volume annuel sous le titre d'Etrennes de Polymnie (voir notice). 5] Collaborateurs Jean BAUDRAIS et Thomas-Nicolas LE PRINCE. 6] Contenu Contenu annoncé: selon le Prospectus, il s'agit de rassembler les «richesses dramatiques» de la France «dans tous les genres» à l'intention notamment des provinciaux et de ceux qui passent une partie de l'année à la campagne et lisent ou jouent des ouvrages de théâtre. Chaque tome comprendra au moins deux pièces en cinq actes ou trois pièces en trois actes (d'où une quarantaine de pièces par an) et chaque pièce sera précédée de ce qui s'y rapporte: Préface, Epître, Avertissement, notice de la vie de l'auteur, sommaire de la pièce, jugements, anecdotes et représentations. Pourront être données, après un choix sévère, des pièces qui n'ont été ni représentées ni imprimées ou qui, ayant été représentées, n'ont jamais été imprimées. Contenu réel: textes des pièces assortis des développements liminaires annoncés et se rapportant aux différents genres, de la tragédie aux «simples esquisses des tréteaux du Boulevard et de la Foire» (Avis, t. III) en passant par le théâtre lyrique. Principaux centres d'intérêt: vue d'ensemble de la production dramatique française dans son évolution jusqu'à son «point de perfectionnement»; diversité des pièces proposées et notamment place faite aux «Petits Théâtres» (Grands Danseurs du Roi, Ambigu-Comique, Variétés amusantes); éditions de pièces récentes parfois non encore imprimées; éléments documentaires des textes de présentation. Principaux auteurs évoqués: la plupart des dramaturges célèbres et moins célèbres des XVIIe et XVIIIe siècles. Du XVIIIe siècle, citons Allainval, Beaunoir, Belloy, Boindin, Boissy, Collé, Destouches, Dumaniant, Gresset, Guillemain, Hèle, La Harpe, Le Franc de Pompignan, Maillé de Marencourt, Mayeur de Saint-Paul, Piron, Poinsinet, Saurin, Vadé. Table générale contenue dans le t. 5 des Petits Théâtres. 7] Exemplaires Ars., 8º B.L. 13.600 (1-74) (manque vol. 67); B.N., Yf. 4891-5154. Collection partielle: B.M. Bordeaux, B.7.049 et Double 8.626. 8] Bibliographie Mention dans: Journal de Guyenne (23 juil., 14 nov., 27 déc. 1785, 22 sept., 31 déc. 1786, 4 sept. 1787), Mercure de France (8 mars, 3 et 31 mai, 13 sept., 27 déc. 1788, 17 janv., 7 mars, 18 avril 1789), Le Journal encyclopédique, 15 déc. 1785. Selon Brunet (Manuel du libraire), l'éditeur aurait fait reparaître, au moins en partie, la collection en 1791 sous le titre Chefs-d'œuvre dramatiques. Historique Quoiqu'elle tienne du genre de la simple collection, la Petite Bibliothèque des théâtres a aussi quelque chose du «journal» dans la mesure où elle ne se contente pas de reprendre les chefs-d'œuvre du passé, mais jette également un regard sur l'actualité, soit qu'elle évoque les représentations récentes des pièces anciennes, les ouvrages récemment composés sur un thème anciennement traité (à propos du Cid, par exemple, la Chimène, tragédie en trois actes de N.F. Guillard) soit qu'elle imprime, parfois pour la première fois, des œuvres nouvelles et des succès contemporains, tel le Coriolan de La Harpe, inséré dans un tome de 1784 et représenté à Paris le 2 mars de cette même année, «une nouveauté», affirment les rédacteurs, «susceptible à tous égards d'exciter la curiosité». C'est notamment dans le cadre des «Petits Théâtres» que sont proposées des pièces qui viennent d'être écrites ou jouées, comédies proverbes, comédies épisodiques, mélodrames comiques... D'autre part, et sans parler des portraits nouvellement gravés qui ornent certains volumes (portraits de Du Ryer, de Longepierre...), soulignons que les notices liminaires font état de jugements portés sur la pièce et, par là, tendent à une sorte de revue de presse, exploitant des extraits périodiques récents tirés du Mercure de France, du Journal de Paris, des Affiches de Paris, de L'Année littéraire, du Journal de Nancy, de L'Almanach musical, du Journal de Guienne... N'oublions pas enfin que la collection est, chaque année, complétée par les Etrennes de Polymnie distribuées gratuitement aux souscripteurs et qui regroupent des chansons, romances, vaudevilles... «les plus agréables et de la plus grande nouveauté» (Nouvel avis, t. III). Que d'ailleurs cette Bibliothèque ait été considérée par les contemporains comme un «journal», nous en avons une preuve avec le Musée de Bordeaux qui présente, dans son salon de lecture, la Petite Bibliothèque des théâtres au milieu des autres journaux (B.M. Bordeaux, archives du Musée de Bordeaux, 829 I-XXII). Dès la parution du premier volume en septembre 1783, et avant même que ne soit publié le Prospectus postérieur de deux mois, l'entreprise, pour laquelle un privilège a été accordé à Th.N. Le Prince, «inspecteur de la librairie près la Chambre Royale et Syndicale de Paris», est favorablement accueillie, les lecteurs s'empressant de se procurer le recueil tandis que les journalistes en parlent avantageusement. Et le succès ne semble pas s'être démenti: en 1788, le Mercure de France souligne un succès «aussi constant que mérité» et loue les rédacteurs pour leurs recherches faites avec soin. Réunissant l'agrément et l'utilité (des pièces rares ou épuisées sont reproduites), joignant ce qui peut «flatter les yeux» (qualité du papier, netteté des caractères, belle exécution...) et ce qui peut «intéresser et piquer la curiosité» (choix de pièces corrigées sur les éditions originales et comparées avec les éditions ultérieures) (Avis, t. I), la Petite Bibliothèque des théâtres répond bien, dans la succession de ses pièces imprimées séparément (le souscripteur a ainsi la possibilité de les relier à sa guise, par genre, par auteur...), à la conception chère au siècle de la bibliothèque «portative». Robert GRANDEROUTE
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