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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1081 L'OBSERVATEUR LITTÉRAIRE 2 (1758-1761) 1] Titres L'Observateur littéraire. L'année de sa disparition, le titre devient: L'Observateur littéraire dans lequel on rend compte de tout ce qui paraît de nouveau chaque année dans les Sciences, les Lettres et les Arts. 2] Dates Juillet 1758 - 1761. La collection se compose d'un nombre annuel de tomes variable. En 1758, 3 tomes publiés en 3 volumes; à partir de 1759, paraissent 5 tomes en 5 volumes par an. Chaque tome couvre approximativement un trimestre. Le premier date du début du mois de janvier (entre le 2 et le 5) et le dernier du 31 décembre. 3] Description Chaque volume est divisé en lettres numérotées et datées, au nombre d'environ 6 par mois et 15 par volume. Les 360 p. des volumes se répartissent en 25 cahiers de 72 p. in-12, 85 x 165. Aucune illustration n'égaie la collection dont la devise est: Tros Rutulusne fuat, nullo discrimine habebo. 4] Publication De 1758 à fin 1760, la revue est publiée à Amsterdam et Paris (Lambert, puis Duchesne), ensuite à Londres. La veuve Bordelet fut associée à la distribution jusqu'en 1760. 5] Collaborateurs L'abbé de LA PORTE fut le seul rédacteur. 6] Contenu Reprenant le titre de Marmontel, douze ans après son interdiction, l'abbé journaliste expérimenté présenta sa revue d'une manière plus intelligente. Comme son prédécesseur, il se réfère à P. Bayle non parce qu'il craint de s'aliéner une partie du public mais au contraire parce qu'il veut défendre cette partie des livres dont «les journaux ne parlent pas» ou «dont ils ne parlent pas assez tôt» (1758, t. I, p. 5). Originalité et rapidité, le programme est séduisant et pertinent. Il devient moderne lorsque l'abbé justifie son travail par la «diversité dans la manière dont deux journaux traitent d'un même ouvrage». A l'ordre centralisé que la monarchie voulait imposer à la presse périodique, l'abbé oppose l'individualité des univers parallèles «souvent plus agréable que celle qui naîtrait de deux sortes de matières». Sa critique littéraire porte sur les ouvrages récents de toutes sortes: poésie, théâtre, journaux, discours, économie, philosophie, histoire, mœurs, médecine, sans ordre aucun. Une préférence se manifeste pour le théâtre. L'abbé, amateur de comparaisons, constitue autour d'une nouveauté un véritable dossier: ainsi à propos d'Iphigénie en Tauride de Guymond de La Touche (1758, t. 1, p. 120-127), il ausculte la tragédie d'Euripide (p. 89), celle de Racine (p. 107), celle de Vaubertrand (p. 127), l'opéra de Duché (p. 110), une parodie (La Petite Iphigénie, p. 130) et Oreste et Pylade par La Grange Chancel (p. 107). En 1760, il étudie tout le théâtre de Saint-Foix (p. 3-33), celui de Pradon (p. 73-91), celui de Fagan (p. 145-174), de Dancourt (p. 217-250), de Mlle Barbier (p. 289-302), de Dufresny (1760, t. 2, p. 3-23), de Hauteroche (p. 217-227), d'Autreau (p. 289-299) et bien d'autres encore; à l'occasion de l'affaire Venceslas durant le 1er trimestre 1759, il parle de «tout le théâtre de Rotrou» (1759, t. 2, p. 289-338). La revue sert de véhicule à la querelle des Philosophes de Palissot (1760, t. 3, p. 120, 137, 212, 312; t. 4, p. 53, 217 et 276). Il aime tous les auteurs en général, jeunes ou confirmés au point de transformer ses tables des matières en bibliographies d'auteurs. Mais sa préférence va aux modernes: Helvétius (1758, t. 1, p. 168, 190, 254); Diderot défendu contre les détracteurs de son Fils naturel (1758, t. 2, p. 230), Montesquieu (1758, t. 1, p. 308), J.-J. Rousseau (1758, t. 2, p. 145), d'Alembert (1758, t. 3, p. 354; 1759, t. 3, p. 98), Voltaire (1759, t. 3, p. 117; 1761, t. 3, p. 190-216). Il n'en néglige pas pour autant l'actualité courante. Il se montre très attentif à la parution des nouveaux journaux (L'Observateur hollandais, Le Journal économique, le projet de La Feuille nécessaire, Le Nouveau Spectateur, Le Conservateur, la Table du Journal de Verdun, Annales typographiques, Le Journal villageois, La Feuille nécessaire, Le Journal encyclopédique, Gazette d'Epidaure, Papiers anglais, Journal des journaux, Journal britannique). En 1759, il donne même «la liste de tous les Journaux ou Ecrits périodiques qui se font à Paris» (t. I, p. 340); il suit les activités académiques et enfin publie quelques lettres relatives aux événements littéraires de Paris. 7] Exemplaires B.N., Z 21854-21868 (incomplet); Ste G., AE 8º 3143; Ars., 8º H 26 388. 8] Bibliographie Mention dans La Feuille nécessaire (1759, p. 14) à laquelle l'abbé de La Porte travailla quelques mois. Historique Le «plan laborieux» de 1758 a été «constamment suivi» jusqu'en 1760: proposer des synthèses à l'occasion de tel ou tel ouvrage tout en «entreprenant [le lecteur] des productions du jour» (1760, t. 1, p. 3). L'Observateur est régulièrement distribué dans 122 villes, malgré les défaillances de la veuve Bordelet que La Porte remplace en 1761 par Duchesne. La Porte rapproche le métier de journaliste du travail de critique, mais s'interdit de «perdre beaucoup de temps à faire remarquer les défauts et de glisser légèrement sur les bons ouvrages» comme il en accuse Fréron et «ces vils corbeaux que l'aspect des vivants effraie et qui s'acharnent sur des cadavres» (5 janv. 1760, p. 3). Toutefois, il a tendance à oublier que les journaux littéraires sont destinés à pousser les lecteurs à acheter des livres. C'est ce que lui rappelle Duchesne en 1761: «L'extrait donne [aux lecteurs] une idée suffisante pour les déterminer à en faire l'acquisition» (1761, t. I, p. 3). Il n'est pas certain que l'abbé approuva cette nouvelle orientation. En décembre 1761, il annonce sa retraite, en s'abritant derrière le caractère «assujettissant» de son travail «fertile en dégoûts» (p. 354) et en s'enorgueillissant, pour répondre à son libraire, d'avoir recensé plus de 3000 ouvrages et plus de 2000 auteurs. Pour consoler ses lecteurs de la disparition de sa revue, il leur conseille de lire le Journal encyclopédique où ils trouveront, assurait-il, «la solidité des grands journaux et l'agrément des petites feuilles» (1761, p. 356). Jacques WAGNER
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