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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1080 L'OBSERVATEUR LITTÉRAIRE 1 (1746) 1] Titres L'Observateur littéraire. 2] Dates La collection se limite au tome I paru en 1746. 3] Description Elle comporte 8 numéros, sans aucune date périodique. La pagination est continue. Chaque numéro regroupe 24 p. Chacun des 8 cahiers est constitué de 6 p., 115 x 195. 4] Publication Paris. 5] Collaborateurs MARMONTEL et BAUVIN, son compagnon parisien, en furent les uniques rédacteurs. 6] Contenu Marmontel conçoit son travail de journaliste en termes de critique plus que d'information. Dans l'espèce d'avertissement par lequel il présente son projet, il évoque surtout les difficultés et les devoirs d'un critique en se référant au modèle baylien de La République des Lettres; en ce qui concerne le contenu, il se contente de préciser qu'il «se propose de rendre compte des livres qui seront à sa portée» (p. 2). Son intérêt va essentiellement au théâtre: pièces récentes (comédie, p. 25, comédie-ballet, p. 54, ballet héroïque du Roi, p. 110), histoire du théâtre (Théâtre anglais de La Place, p. 36, théâtre français, p. 97), esthétique du théâtre («Réflexions sur les Tragédies de pure invention», par Marmontel lui-même, p. 19), morale du théâtre (poème sur les dégoûts du théâtre, p. 58). Les vers inédits, les discours d'apparat, les manuels de rhétorique, les recueils de voyage et les réflexions générales sur l'homme complètent le tableau de ses curiosités, celles d'un philologue amateur de belles-lettres et d'un philosophe honnête homme. Son choix d'auteurs le confirme: d'abord Voltaire et les monarques (Louis XIV et Louis XV), puis J.-B. Rousseau, Prévost, Pluche, La Place. Préférant le «charme» (p. 58) des lettres et de la pensée aux armes de la dispute, il réplique à Pluche qui les oppose que l'imagination n'est pas incompatible avec la raison, que les philosophes peuvent être orateurs. 7] Exemplaires B.N., Z 4124 (Rés. 51); B.A.A., 61 Z 41. 8] Bibliographie A.N., Y 13751. Ravaisson, Archives de la Bastille, vol. 12, p. 273. – Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants, éd. J. Renwick, Clermont-Ferrand, 1972, t. I, p. 65-67. Historique Créé par besoin de gagner de l'argent, L'Observateur littéraire répond aussi à un goût personnel de ses rédacteurs pour le théâtre. Bauvin n'était pas encore l'auteur d'une tragédie, Arminius, qu'il publia en 1769 et ne fit représenter qu'en 1772 à la Comédie-Française. Marmontel, sur les conseils de Voltaire, se lançait, dès son arrivée à Paris (fin 1745), dans la voie du théâtre: il fréquenta assidûment la Comédie-Française, grâce à des entrées gratuites et ne «revenait jamais de la représentation d'une tragédie sans quelques réflexions sur les moyens de l'art» (Mémoires, t. I, p. 64). Son journal en est la preuve. Même si les rédacteurs prirent soin d'ajouter quelques comptes rendus sur d'autres matières et quelques pièces de vers, leur revue resta trop spécialisée et trop limitée à leurs goûts personnels pour rencontrer le succès. Marmontel mémorialiste eut beau chercher les raisons de son échec dans le «ton» amène de sa critique (ibid., p. 66), il est de fait que le contenu de sa revue ne répondait pas au titre: il n'observait pas beaucoup et réduisait le littéraire au théâtral ou peu s'en faut. L'abbé de La Porte fera mieux quelques années plus tard (1758). Toutefois le «peu de débit» qu'elle eut selon Marmontel (Mémoires, p. 66) ne fut pas la seule cause de sa disparition. La revue ne bénéficiait pas, semble-t-il, d'autorisation légale et encore moins de privilège royal. Elle fut découverte et ses exemplaires saisis lors d'une perquisition qu'une plainte de Voltaire contre un pamphlet qui visait son entrée à l'Académie, avait provoquée, entre le 25 et le 29 avril 1746. Jacques WAGNER
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