ISSN 2271-1813 ...
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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 104 L'ÂNE LITTÉRAIRE (1761) 1] Titres L'Ane littéraire ou les Aneries de Me Aliboron dit Fr... 2] Dates Un tome. Le premier cahier est distribué le 15 juin 1761. Périodicité annoncée: bimensuelle. En fait, il ne semble pas qu'il y ait eu plus de deux livraisons. Volume daté de 1761. 3] Description Le volume comprend le Prospectus (1) - (10) + 3 p. non numérotées (Conditions et Errata) + 4 lettres, 129 p. (Lettre I, p. 1-11, Lettre II, p. 12-40, Lettre III, p. 41-52, Lettre IV, p. 53-129). 95 x 160, in-12. Devise: Flebit et insignis tota cantabitur urbe. 4] Publication A Paris. Le Prospectus précise: «chez Poilly, libraire, quay de Gêvres». Le prix du cahier est de 12 s., le prix de l'abonnement annuel de 12 # à Paris et de 15 # pour la province (franc de port). 5] Collaborateurs Ponce-Denis ÉCOUCHARD LE BRUN et Jean-Etienne LE BRUN DE GRANVILLE. 6] Contenu Contenu annoncé: «choix curieux des plus ridicules âneries», des plus «absurdes critiques de l'Année littéraire» (Prospectus, p. 1); défense des «bons ouvrages injustement attaqués par le mauvais goût» (ibid., p. 10). Contenu réel: critique de divers extraits (jusque dans l'expression) d'articles de l'Année littéraire de 1759 et 1760; critique suivie des jugements de Fréron relatifs à la comédie des Philosophes et à l'Ode et lettres à M. de Voltaire en faveur de la famille du grand Corneille de P.D. Ecouchard Le Brun. Principaux centres d'intérêt: la polémique avec Fréron; le commentaire élogieux de l'Ode. Principaux auteurs attaqués: d'Açarq, Baculard d'Arnaud, Fréron. Principaux auteurs loués: Batteux, P.D. Ecouchard Le Brun, Voltaire. 7] Exemplaires B.N., Z Beuchot 913 (1) et (1 bis). Autres ex.: B.N., Z Beuchot 901 (2) et (2 bis) (manquent p. 121-129); – Z 47979 (sans le Prospectus). 8] Bibliographie Mention dans la Correspondance littéraire, philosophique et critique (éd. Tourneux, t. IV, p. 442). Historique Attribué à Jean-Etienne Le Brun de Granville par les uns (cf. Sabatier de Castres: Les Trois Siècles de la littérature française, Amsterdam, 1774, t. I, p. 223), à Ponce-Denis Ecouchard Le Brun par les autres (cf. Barbier, t. I, col. 177 f), l'Ane littéraire est vraisemblablement le fruit de la collaboration des deux frères. Blessé par les critiques virulentes de Fréron relatives à son Ode à M. de Voltaire (cf. L'Année littéraire, 1760, 8e vol., p. 145-163), P.D. Ecouchard Le Brun décide de se venger du «feuilliste mercenaire» (L'Ane littéraire, Lettre II, p. 16). Jouant sur le titre du journal de Fréron, recourant au mode identique de distribution en feuilles («L'Ane littéraire et M. Fréron seront de même format»; ibid., p. 13), les rédacteurs de ce «nouvel ouvrage périodique d'un genre tout neuf» (Prospectus) entendent reprendre les «faux jugements» de l'Année littéraire, mais pour les dénoncer: ce qui est dit «de sang froid» dans l'un étant, dans l'autre, tourné «en ridicule» (ibid., p. 2). Et de prétendre se faire les porte-parole «du bon goût et de la vérité» (ibid., p. 7) en «honnêtes critiques» dont le travail est précisément défini (l'Ane littéraire, Lettre IV, p. 115). Il va sans dire que l'Ane littéraire ne répond guère à cette proclamation d'impartialité. Le ton est constamment celui de la satire ou de l'apologie de soi et Voltaire, faisant sans doute allusion à l'Ane littéraire qu'il vient de recevoir, n'a pas tort d'écrire à P.D. Ecouchard Le Brun lui-même, le 11 juillet 1761: «j'aurais peut-être voulu qu'on y marquât moins un intérêt personnel. Le grand art de cette guerre est de ne paraître jamais défendre son terrain et de ravager seulement celui de son ennemi». «Mais, après tout», ajoute-t-il, «je ne suis pas fâché de voir relever des critiques très injustes d'une Ode dont j'ai admiré les beautés». Et il conclut: «les oreilles d'âne sont attachées pour jamais au chef de ce malheureux Fréron» (Best. D9888). L'Ane littéraire a-t-il, comme le souhaite le Prospectus, diverti le public sinon Fréron qui évidemment n'en dit mot dans ses feuilles? Il est difficile de mesurer le retentissement d'un libelle si tôt interrompu. L'auteur de la Correspondance littéraire, lui, en tout cas, ne cache pas son mépris pour «un genre d'occupation aussi vil»... Quoi qu'il en soit, l'ouvrage, qui s'achève sur la remarque selon laquelle «jamais âne ne s'est connu en poésie lyrique» (il est signalé à la fin du Prospectus que «les curieux trouveront» chez Poilly «une estampe fine représentant un âne qui brait en regardant une lyre»), sera, l'année suivante, en quelque sorte repris et élargi: par-delà La Wasprie, recueil publié également en 1761, La Renommée littéraire (1762-1763) prolongera, de nouveau sous la forme périodique, le combat contre Fréron et l'Année littéraire. Robert GRANDEROUTE
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