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Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1039 NOUVELLES LITTÉRAIRES 1 (1715-1720) 1] Titres Nouvelles Littéraires, contenant ce qui se passe de plus considérable dans la République des Lettres. 2] Dates 5 janvier 1715 - juin 1720. 11 tomes. Périodicité annoncée: d'abord hebdomadaire (une feuille tous les samedis), puis, à partir de juillet 1719, trimestrielle (un volume d'environ dix-huit feuilles tous les trois mois). Périodicité réelle: conforme à la périodicité annoncée. Cependant la feuille ne paraît ni le 25 décembre 1717, ni le 31 avril 1718, ni le 31 décembre 1718. D'autre part, les feuilles de juin 1719 sont remplacées par six suppléments qui ont antérieurement paru «en divers temps» et qui sont destinés à compléter le t. IX. 1715: t. I (5 janv. - 29 juin) et t. II (6 juil. - 28 déc.); 1716: t. III (4 janv. - 27 juin) et t. IV (4 juil. - 26 déc.); 1717: t. V (2 janv. - 26 juin) et t. VI (3 juil. - 18 déc.); 1718: t. VII (1er janv. - 25 juin) et t. VIII (2 juil. - 24 déc.); 1719: t. IX (7 janv. - juin) et t. X (juil.-déc.); 1720: t. XI (janv.-juin). 3] Description Les t. II-IX, à la différence du t. I, sont divisés en deux parties, chaque partie correspondant aux Nouvelles littéraires de trois mois. Même division en deux parties trimestrielles dans les t. X et XI, mais chaque partie est elle-même divisée en articles (t. X, 1re partie: 12 art. + Nouvelles littéraires; 2e partie: 15 art.; t. XI, 1re partie: 14 art.; 2e partie: 11 art.). T. I: 391 p. + Préface; t. II et III: 416 p. + table; t. IV: 512 p. + 2 tables; t. V: 416 p. + 2 tables; t. VI et VII: 400 p. + 2 tables; t. VIII: 416 p. + 2 tables; t. IX: 332 p. + 2 tables + 6 Suppléments: p. 1-96; t. X: 553 p. + Avertissements + tables; t. XI: 530 p. + Avertissement + tables. Cahier de 16 p., 95 x 150, in-8º. Devise des t. X et XI: Et refellere sine pertinacia et refelli sine iracundia parati sumus. Cic. Quaest. Acad. 2. Frontispice (tous les tomes sauf le t. IX): dans le cadre d'une bibliothèque, Minerve, assise, les Nouvelles littéraires ouvertes sur les genoux; à sa gauche, deux petits Amours dont l'un lui présente une corbeille de fruits; derrière elle, Mercure. R. Blokhuisen fecit. 4] Publication La Haye, chez Henri Du Sauzet, dans le Hof-straat, près de la Cour (t. I-II). La précision finale disparaît en tête des parties des t. III-VII. Amsterdam, chez Henri Du Sauzet (t. VIII-IX), dans le Beurs-Steegh (t. X-XI). Avant que les Nouvelles littéraires ne paraissent en volumes, elles se trouvent à Amsterdam chez Jean-Frédéric Bernard, marchand libraire sur le Rokkin (du 19 janvier 1715 au 7 janv. 1719) et également, à partir du 5 février 1717, à Rotterdam, chez J. Hofhout; à Leyde, chez Theod. Haak (jusqu'au 17 avril 1718); à Utrecht, chez Guil. Van de Water; à Leuwarde, chez F. Halma. Quand Du Sauzet s'installe à Amsterdam (c'est-à-dire à partir du 7 mai 1718), les Nouvelles se trouvent à La Haye chez A. de Rogissart. 5] Collaborateurs Fondateur: Henri DU SAUZET. Principaux collaborateurs: Jean-Frédéric Bernard, Pierre Desmaizeaux (au moins de 1715 à 1718), Justus Van Effen (jusqu'en 1719), Henri-Philippe de Limiers (1719). 6] Contenu Contenu annoncé: «toutes les nouvelles des différents pays où on cultive les Lettres». Annonce des livres nouveaux qui paraissent, s'impriment ou sont en préparation et des découvertes qui se font dans les sciences et les arts; abrégé de la vie et catalogue des œuvres des «grands hommes» de «la République des Lettres» décédés; relation des principaux événements de la vie littéraire, scientifique et universitaire, liste des articles contenus dans les journaux avec parfois le jugement porté par ces journaux sur les ouvrages évoqués (l'éditeur se réservant la seule appréciation matérielle du livre: papier, caractères, vignettes...); annonce des ventes de livres, tableaux, médailles, antiques, manuscrits; mémoires littéraires (cf. feuille du samedi 5 janvier 1715 et Préface de juin 1715 en tête du t. I). Même propos d'ensemble avec la publication en volume. Simplement, des articles plus longs et plus variés remplaceront les «extraits fort abrégés et en petit nombre» et seront suivis de «ce qui s'appelle proprement Nouvelles Littéraires». Le contenu réel reflète assez fidèlement le contenu annoncé: livres et journaux nouveaux; activités des Académies (séances, prix, nominations...) et des Universités (assemblées, élections, promotions, leçons, thèses...); disputes littéraires, affaires politiques et controverses religieuses; nécrologie; catalogues, ventes... de bibliothèques et de cabinets; extraits (t. I-III), puis tables (t. IV-IX) des principaux journaux du temps; lettres et pièces de vers nouvelles. Centres d'intérêt: le panorama européen des nouvelles littéraires (Allemagne, Angleterre, France, Hollande, Italie, Suisse...); pièces relatives à la Querelle des Anciens et des Modernes, aux discussions sur la bulle Unigenitus et à l'affaire des Princes du sang et des Princes légitimés; compte rendu des travaux de l'Académie de Lyon. En raison de l'ampleur de l'horizon embrassé, les Nouvelles littéraires évoquent un grand nombre d'écrivains, savants, philosophes: allemands (Fabricius, Kaempfer, Leibniz, Pufendorf...), anglais (Addison, Bentley, Burnet, Clarke, Derham, Locke, Newton, Pope, Shaftesbury, Toland...), français (d'Aubignac, Bayle, Boileau, Buffier, les Dacier, Fénelon, Houdar de La Motte, Lémery, Lenglet Du Fresnoy, Malebranche, abbé de Saint-Pierre...), hollandais (Grotius, Nieuwentyt, Spinoza...), italiens (Maffei, Marsigli, Muratori, Pogge...), suisses (Crousaz...). Mentions fréquentes de journalistes: Barbeyrac, Jacques Bernard, Desmaizeaux, 's Gravesande, P. Marchand, Sallengre... Table intégrée (t. I); tables non intégrées (t. II-XI). Les tables des articles des journaux contemporains (t. IV-IX) ne sont pas intégrées. 7] Exemplaires Collection étudiée: B.M. Bordeaux, H 18814 (1-11). Autres collections: B.N., Z 21869-21879; Ars., 8º H 26408; – 8º H 26409; – 8º H 26410; Ste G., Aej. 8º 77; B.M. Padoue; B.M. Aix, C 8130. 8] Bibliographie H.P.L.P., t. II, p. 289-290; G.H., p. 215-16; H.G.P., t. I, p. 156. Mentions dans: Journal littéraire de La Haye (1715, t. VII, II, p. 456), Gazette d'Amsterdam (8 févr. 1715, 21 janv. 1716, 8 et 12 janv. 1717, 22 févr. 1718, 4 avril 1719, 10 nov. 1719, 12 mars et 27 août 1720), Mémoires de Trévoux (févr. 1715, p. 366, déc. 1715, p. 2413, sept. 1716, p. 1778-1780), Journal des savants (4 avril 1720, p. 157-59). Historique «Jeune libraire suisse» (M. de T.), «établi» à La Haye «depuis peu» (J.L. de La Haye), Du Sauzet, encouragé par Basnage, décide, à la fin de 1714, de lancer un périodique uniquement composé de nouvelles littéraires reçues des différents pays d'Europe. Lorsqu'en juillet 1715 il regroupe en un premier tome les feuilles des six premiers mois (car «on ne sera pas fâché de [les] voir rassemblées en un volume»), il souligne dans une Préface l'originalité de son entreprise qui ne concurrence en rien les journaux existants. En effet, tandis que ceux-ci font des extraits tardifs des «livres nouveaux qui paraissent en divers endroits de l'Europe», les Nouvelles littéraires les annoncent tous, le plus rapidement possible et en donnent une idée qui, «quoiqu'imparfaite», n'est pas cependant sans utilité. Sans doute les autres journaux contiennent-ils des nouvelles littéraires, mais ils «ne se distribuent pas partout», ne paraissent pas toujours au temps prévu et sont parfois écrits dans une langue qui n'est pas entendue de ceux qui s'intéressent aux lettres. Ici, au contraire, il ne s'agit que d'une feuille qui, rassemblant tout ce qu'on peut apprendre d'ailleurs, est facile à envoyer par la poste et ne mérite pas même le nom de journal, n'en étant qu'«un léger crayon». D'autre part, Du Sauzet insiste à plusieurs reprises sur l'intérêt que présente l'analyse du contenu de «presque tous les autres journaux» de Hollande (Republyk der Geleerden..., Maendelyke Uïttreksels...) et de l'étranger qu'il fait venir par la poste (t. I, p. 217; t. II, p. 374; t. III, p. 3-4...): Giornale de Letterati d'Italia, Acta Eruditorum, Philosophical Transactions, Journal des savants, Mémoires de Trévoux, etc. Ces abrégés ou tables sont commodes pour les gens de lettres et les savants d'Europe qui apprennent ce que l'éloignement dérobe souvent à leur curiosité et économisent du temps et de la peine. Ainsi initialement conçues, les Nouvelles littéraires paraissent avec une régularité à laquelle l'éditeur-compilateur se montre très attentif (t. I, p. 82). Elles semblent avoir été aussitôt bien accueillies, comme le note, dès février 1715, le rédacteur de Trévoux qui, en décembre de la même année, précise que ces Nouvelles «deviennent de jour en jour plus curieuses et plus recherchées». C'est que, dans la mesure où sont obtenus ces indispensables «secours extérieurs» dont fait état la Préface du t. I, le cercle des correspondances peut s'élargir vers d'autres pays (Portugal, Suède...) ou d'autres villes d'un même pays: Allemagne, Italie notamment Mencke envoyant «exactement toutes les feuilles allemandes» (B.L., ms. 4287, fº 307-308, cité par J.H. Broome: «Desmaizeaux journaliste», R.L.C., 1955, t. XXIX, p. 194). Du Sauzet est d'ailleurs encouragé par l'exemple des savants de Leipzig qui, à partir d'avril 1715, publient, indépendamment des Acta Eruditorum, des nouvelles littéraires hebdomadaires en allemand sur le même plan que les siennes (Neve Zeitungen von Gelehrten Sachen). Et une sorte de collaboration par échange s'instaure, les Nouvelles de Leipzig retenant des articles des Nouvelles de La Haye et réciproquement (cf. t. I, Préface et p. 227; t. IV, p. 368). Outre qu'une traduction hollandaise des Nouvelles littéraires est faite par le périodique Boekzael der Geleerde Werelt (Algemeen Letternieuws). Cependant, quoique Du Sauzet, dans un Avertissement en date du 4 janvier 1716 (t. III, p. 1), assure que son plan «a été généralement approuvé», il annonce, six mois plus tard, qu'on lui a conseillé de «réformer» ce plan (t. IV, 4 juil. 1716, p. 15-16). Aux «fréquents extraits» des journaux dont la brièveté n'était pas «du goût de beaucoup de personnes» vont être désormais substitués «des articles plus étendus sur les livres nouveaux» publiés dans les langues les plus connues. Du Sauzet précise que ces articles, en ce qui concerne l'étranger, ne seront que des lettres de correspondants, qui, seuls, pourront être tenus responsables des critiques émises. Néanmoins, tout profit de la lecture des journaux n'est pas abandonné: des références seront faites en bas de page aux périodiques qui auront déjà parlé des livres évoqués; les «remarques importantes», «dissertations curieuses», etc. de ces périodiques seront résumées et un Indice général de leurs articles sera établi tous les six mois à la fin de chaque tome. C'est sur cette formule que se poursuivent les Nouvelles dont la régularité de parution ne se dément pas. S'il arrive que, telle semaine, la feuille ne soit pas publiée, c'est que Du Sauzet prépare les tables des auteurs et des matières des tomes semestriels correspondants (t. VI, p. 400; t. VIII, p. 416) ou bien qu'il déménage de La Haye à Amsterdam (t. VII, p. 272). Il n'hésite pas d'ailleurs, quand les pièces qui lui sont envoyées sont trop longues pour être insérées dans le cadre des feuilles ordinaires, à éditer, à partir du 1er août 1716, des Suppléments (jusqu'à deux en une semaine), lesquels finissent par être imprimés séparément, avec pagination distincte, afin que chacun soit libre de les prendre ou non. Témoignage du succès confirmé de ces Nouvelles qui, au dire d'un lecteur, deviennent tous les jours plus intéressantes (t. IX, p. 61). Mais, pour satisfaire encore davantage le public et répondre mieux à son goût de la diversité, Du Sauzet est conduit à modifier une nouvelle fois son plan. Le 13 mai 1719 (t. IX, p. 300), un Avertissement, reproduit dans les feuilles des 20 et 27 mai (ibid., p. 316 et p. 332), annonce qu'à partir de juillet une distribution trimestrielle remplacera la distribution hebdomadaire et que la substitution du volume plus large à la feuille aux «bornes étroites» permettra des extraits plus nombreux et plus détaillés et l'insertion de pièces entières et nouvelles. Du Sauzet, qui repousse à la fin de chaque volume les «nouvelles littéraires» et s'éloigne ainsi de son dessein initial, déclare se décharger de l'entreprise sur «un homme capable de l'exécuter avec succès», «de s'en acquitter d'une manière intéressante pour le public»: l'auteur du Journal littéraire de La Haye, Justus Van Effen. Mais, comme l'indique le rédacteur de l'«Eloge historique de M. Juste Van Effen» (Bibliothèque française, t. XXV, 1737, I, p. 138-154), «le prince de Hesse Philipsdhall ayant proposé» à celui-ci «de l'accompagner en Suède lui fit manquer à un engagement qui lui convenait». A l'occasion de cette modification de structure, une réflexion se développe sur la conception de l'article de journal, sur les conditions et les qualités qu'il requiert, bref sur le but du journal et les devoirs du journaliste (t. X, Avertissement). Il ne s'agit pas d'exercer son esprit ou sa «bile» aux dépens de l'auteur dont on parle, de «faire parade d'érudition» ni de «substituer» au contenu de l'ouvrage «ses propres pensées»: «un journaliste est un historien littéraire», appelé à «instruire le lecteur de ce qui se passe dans la République des Lettres dont il recueille les faits», à «donner une juste idée d'un livre par une analyse exacte et judicieuse», autrement dit à faire, selon l'expression retranscrite de Bayle (préface des Nouvelles de la République des Lettres, 1684), moins «l'office de juge que celui de rapporteur». Pour cela, il faut être apte à «saisir l'essentiel d'un livre», être compétent en la matière, savoir «se remplir du système d'un auteur», en somme montrer du «discernement», de l'«équité», de la «précision» et de la «justesse dans l'expression». Alors le journal devient «un tableau en raccourci» et vaut «seul toute une bibliothèque». Et le rédacteur de l'Avertissement de laisser entendre qu'il ne saurait y avoir trop de journaux de cette sorte, écrits d'une «manière juste et impartiale». A ces qualités de justice et d'impartialité, les Nouvelles littéraires vont s'efforcer d'atteindre (une Vie de Spinoza est, par exemple, publiée au t.X, p. 42-74, dont l'insertion est critiquée par «des personnes de mérite») (t. X, II, Avertissement), mais elles cessent de paraître un an après. Robert GRANDEROUTE
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